Un auteur ambitieux
Né en 1964, Charles Stross est un ancien rôliste qui a commencé par publier par des critiques. Sa première nouvelle a été publiée dans Interzone en 1987 puis il s’est fait connaître par deux cycles : celui des Princes marchands et celui de la Laverie, lancé par Le Bureau des atrocités. En 2006, Accelerando, un roman portant entre autres sur le concept de singularité technologique, le transhumanisme et l’intelligence artificielle lui ont permis d’obtenir le prix Locus décerné par les lecteurs du magazine du même nom. Enfin, Charles Stross a aussi reçu deux prix Hugo pour des courts romans : Equoid et Palimpseste, déjà publié par J’ai lu en 2011 et maintenant ressorti en poche.
Complots temporels
La Stase est une institution vouée à la préservation de l'espèce humaine. Pour ce faire, elle n’hésite pas à modifier la trame temporelle afin d’éviter des catastrophes susceptibles de mener à l’extinction et, si besoin, elle refaçonne la Terre afin de la « réensemencer ». Pour ce faire, elle recrute des agents qu’elle fait voyager à travers le temps. Pierce est un de ses agents. Il a dû tuer son grand-père afin de prouver sa loyauté à la Stase. Pierce effectue différentes missions, manque de se faire tuer plusieurs fois, fonde une famille. Il apprend l’existence de l'Opposition, une organisation qui semble lutter contre la Stase. À son corps défendant, il semble que Pierce y soit plus ou moins lié…
Chemin de croix pour le héros
Drôle de héros que ce Pierce, balloté par les événements sur lesquels il n’a pas de prise : il va même être confronté in fine à son double : normal de créer des paradoxes à force, non ? Palimpseste, par son titre, montre bien l’ambition de Stross (le palimpseste médiéval était, rappelons-le, un manuscrit constitué de parchemin déjà utilisé, dont on avait disparaître les inscriptions afin de pouvoir à nouveau écrire dessus) , qui ne nous offre pas un simple décalque de la Patrouille du Temps de Poul Anderson. Pierce est un témoin, il découvre l’histoire en même temps que le lecteur qui est souvent pris de vertiges face aux événements brassés dans ce court roman souvent drôle et très bien rythmé. On aime chez Stross un ton iconoclaste et souvent drôle, qui contraste avec le caractère dramatique de certaines situations, et qui permet à Palimpseste d’emporter la mise.