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Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, un agréable fil de vampire dans l'air du temps...
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Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, un agréable fil de vampire dans l'air du temps...

Premier film de la québécoise Ariane Louis-Seize, Vampire humaniste cherche suicidaire consentant arrive en salle aujourd'hui, mercredi 20 mars. Adrien Party, l'auteur de Vampirologie, l'a vu pour nous. Cette histoire de deux ados, une vampire et un garçon suicidaire regroupe les acteurs Sara Montpetit, Félix-Antoine Bénard et Steve Laplante...

Alors qu’elle n’est encore qu’une enfant, la famille de Sasha invite un clown pour son anniversaire. Ce dernier ignore qu’il est tombé chez des vampires et la famille à tôt fait d’en faire son repas. Sauf Sasha qui, traumatisée par la scène, va développer à partir de là une aversion pour les pratiques violentes inhérente à sa condition de buveuse de sang. Pendant des années, ses parents veillent ainsi à lui fournir les poches de sang nécessaires à sa survie. Les médecins consultés sont formels : Sasha éprouve pour ses victimes une compassion qui prend le pas sur ses instincts, et empêche ses crocs de sortir. Jusqu’à ce que la jeune fille assiste à la tentative de suicide avorté d’un adolescent désœuvré. Constant que les dents de leur fille ont fait leur apparition, ses parents décident de lui couper l’approvisionnement en poche de sang.

 

Vampire humaniste cherche suicidaire consentant est un film de la québécoise Ariane Louis-Seize. Si c’est son premier long, la réalisatrice a déjà une petite dizaine de courts à son actif. Le long métrage a pour le moment eu les honneurs de plusieurs festivals, notamment Mumbai (2023), Venise (2023), Toronto (2023), Sitges (2023), PIFFF (2023). La sortie dans les salles françaises est programmée pour le 20 mars 2024. Il ne s’agit pas du premier film de vampire québécois : il est précédé par Karmina (1996) et Karmina 2 (2001) de Gabriel Pelletier. Deux films difficilement trouvables chez nous et qui ont acquis un statut culte dans la province canadienne.

Au croisement entre le Morse (2008) de Thomas Alfredson, le Vampires (2010) de Vincent Lannoo ou encore le Vampire (2011) de Shunji Iwai, Ariane Louis-Seize nous offre à suivre les pérégrinations d’une jeune vampire en lutte contre ses instincts. Née dans une famille de buveurs de sang, Sasha (Sara Montpetit) en est le mouton noir, encore accrochée à ses poches de sang à plus de 60 ans. Les médecins suspectent un traumatisme, qui a déclenché chez la vampire une aversion pour la violence.

Comme on peut s’y attendre au vu du pitch du film, Vampire humaniste cherche suicidaire consentant est un film d’apprentissage, centré sur un personnage désireux de rompre avec les obligations de son état. Mais le film traite également du consentement, Sasha paraissant surtout révulsée par l’absence de choix proposés par les siens à leurs victimes. La thématique des pulsions morbides chez les adolescents apparaît également en filigrane, avec les personnages de Paul (Félix-Antoine Bénard) et de Sasha. C’est d’ailleurs à l’occasion d’un groupe de parole de dépressifs que les deux jeunes gens finissent par faire connaissance. Lui est décidé d’en finir avec la vie, elle a compris que seule une victime consentante lui permettrait d’assurer sa survie.

"Une vision juste de la figure du vampire, qui ne sombre jamais dans le gore et s’intéresse avant tout aux personnages"

L’humour grinçant du film renvoie davantage à Vampires de Vincent Lannoo qu’au Vampires en toute intimité de Jemaine Clement et Taika Waititi. Le film propose une galerie de personnages attachants, dont Sasha et Paul sont indubitablement le cœur. Mais les personnages secondaires ne sont pas en reste, à commencer par les différents membres de la famille de vampires. Il y a notamment le père (incarné par Steve Laplante), le seul réel allié de Sasha. Sa personnalité paraît écrasée par celle de sa femme (jouée par Sophie Cadieux), prête à tout pour que sa fille soit une vampire à part entière. La sœur de celle-ci (Marie Brassard) incarne une matriarche vampire aux saillies acides. Mention spéciale pour Noémie O'Farrell, la cousine Denise, à l’opposée même de Sasha.

Avec Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, Ariane Louis-Seize nous propose un film de vampire dans l’air du temps, au croisement entre comédie noire et fiction coming-of-age. Une vision juste de la figure du vampire, qui ne sombre jamais dans le gore et s’intéresse avant tout aux déboires de ses personnages principaux.

Adrien Party.

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