Un critique n'est pas un lecteur.jlavadou a écrit : Est-ce *toujours* la faute du lecteur si celui-ci ne capte pas les intentions de l'auteur ? J'ai tendance à penser que quand un lecteur passe à côté d'un livre, c'est aussi l'auteur qui est passé à côté de *ce* lecteur. Ce n'est pas grave en soi. Et ça ne doit pas empêcher, selon moi, ce lecteur de parler de sa lecture.
Je m'explique. Un lecteur a tous les droits, il peut ne pas aimer, il peut trouver que l'auteur est à chier, il peut mal lire, il peut lire à contresens, c'est son droit absolu.
Un critique va RENDRE COMPTE de sa lecture, il va servir d'intermédiaire, de passeur. Cela lui confère des droits, mais aussi des responsabilités. Et donc de s'interroger, quand il lit un ouvrage qu'il doit critiquer sur la pertinence de ce qu'il va en dire. Il y a mille moyens de faire une critique moyenne d'un livre qu'on a pas aimé, on a le choix.
C'est pour ça qu'être critique, c'est difficile, on est pas un lecteur de base, on a moins de libertés.
Pour reprendre l'exemple d'Heinlein, quand on lit une oeuvre réputée, avec une histoire, et qu'on arrive pas à lire, alors faut s'interroger sur soi, pas sur l'auteur. Ca peut, précisément, être une approche passionnante, de se demander pourquoi on est pas arrivé à lire tel ou tel livre. En tout cas, c'est beaucoup plus intéressant que de dire "l'auteur là, il sait pas bien écrire" (je schématise volontairement, cette phrase n'est pas celle de Stéphane, je généralise).
Comme je l'ai dit précédemment, face à un auteur reconnu, on part du principe qu'il sait ce qu'il fait. Une fois qu'on a ce principe en tête, on peut très bien déclarer que le livre est nul. Et il y a des Heinlein nuls, ceux de la fin. Mais on ne dit pas "tel personnage, c'est un artifice". On se pose la question de l'utilité du personnage, comment il s'intègre, et selon le principe que j'ai évoqué, on regarde son rôle dans le texte. Une fois qu'on a fait le tour, on peut faire toutes les déductions qu'on veut.Un auteur reconnu ne peut donc plus écrire de mauvais livre ? Il est condamné à la réussite systématique ? Ou alors, si un livre est perçu comme mauvais, alors c'est forcément que l'auteur l'a voulu ainsi ? C'est un peu facile (et bien pratique).
Oui, les auteurs reconnus, ça prend un peu plus de temps à critiquer que les jeunes auteurs. C'est le privilège de l'âge ou du talent, peu importe, mais ça demande un minimum de respect ou de culture.