Pierre PELOT - Foetus-party

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Nébal
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Pierre PELOT - Foetus-party

Message par Nébal » lun. déc. 24, 2012 9:18 am

C'est glauque, c'est bien.

Hop.

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MF
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Re: Pierre PELOT - Foetus-party

Message par MF » lun. déc. 24, 2012 11:03 am

Nébal a écrit :C'est glauque, c'est bien.
voilà !
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

Gérard Klein
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Message par Gérard Klein » lun. déc. 24, 2012 6:33 pm

Mais ça pose le problème bien circonscrit par Simon Bréan.
Pourquoi, en majorité si certes non en totalité, la sf française des années 1970 et 1980, voire après, est-elle si glauque?
Après 1962, pour la première fois depuis 1939, la France est en paix. Si l'on passe par pertes et profits le calamiteux intermède 1981-1984 à peu près, des erreurs à la rigueur et à ses conséquences, qui se traduit par une baisse du niveau de vie de 20 % au moins liée aux dévaluations, la France n'a jamais été aussi riche ni prospère. Les Français ont voulu mettre la gauche au pouvoir, ils l'ont. Bernard Tapie, le grand ami de Mitterrand, est une vedette à la télévision. Il y a certes le second choc pétrolier de 1984 à peu près et un niveau élevé de chômage, toutefois moindre qu'aujourd'hui.
La guerre froide a cessé de faire peur et elle cessera bientôt tout à fait. La guerre du Vietnam est un mauvais souvenir.On a atteint la Lune en 1969 et les sciences vont faire des bonds prodigieux au fil des trente années à venir. Les craintes climatiques n'ont pas encore frappé à la porte.
Bref, tout va mieux que jamais dans le monde et en particulier en France.

Mais les auteurs français de science-fiction ne savent imaginer qu'un avenir épouvantable.
Pourquoi?
Mon immortalité est provisoire.

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Nébal
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Message par Nébal » lun. déc. 24, 2012 8:09 pm

Ca doit être qu'ils avaient anticipé le calamiteux intermède de 1981-1984, puis qu'ils en ont tiré les leçons.

Les auteurs de SF savaient que la gabegie socialo-communiste reviendrait au pouvoir, et que ça serait désastreux.

Et regardez : aujourd'hui, on a plein de raisons de se réjouir...

Mais on a aussi François Hollande.

Si c'est pas un peu glauque.

Cassandre, l'autre nom de la science-fiction.

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Message par bormandg » lun. déc. 24, 2012 8:46 pm

C'est vrai qu'un président soi-disant socialiste qui poursuit la politique Sarkozyste de transfert de la richesse populaire vers les plus riches de telle sorte que les 1% de français les plus riches posséderont bientôt 95% de la richesse totale du pays (le reste appartenant aux étrangers, par exemple à l'émigré Depardieu), on peut trouver ça glauque. ceci étant la prétendue gabégie socialiste avait pour but de permettrre à d'autres que les patrons de l'UMP de posséder un peu; depuis 2002, il est certain que 150% de la reichesse produite va à Bolloré et Bouygues, et à leurs serviteurs et larbins politiques....
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."

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Nébal
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Message par Nébal » lun. déc. 24, 2012 8:47 pm

^^

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Message par MF » lun. déc. 24, 2012 9:44 pm

Gérard Klein a écrit :Mais ça pose le problème bien circonscrit par Simon Bréan.
Pourquoi, en majorité si certes non en totalité, la sf française des années 1970 et 1980, voire après, est-elle si glauque?
Après 1962, pour la première fois depuis 1939, la France est en paix. Si l'on passe par pertes et profits le calamiteux intermède 1981-1984 à peu près, des erreurs à la rigueur et à ses conséquences, qui se traduit par une baisse du niveau de vie de 20 % au moins liée aux dévaluations, la France n'a jamais été aussi riche ni prospère. Les Français ont voulu mettre la gauche au pouvoir, ils l'ont. Bernard Tapie, le grand ami de Mitterrand, est une vedette à la télévision. Il y a certes le second choc pétrolier de 1984 à peu près et un niveau élevé de chômage, toutefois moindre qu'aujourd'hui.
La guerre froide a cessé de faire peur et elle cessera bientôt tout à fait. La guerre du Vietnam est un mauvais souvenir.On a atteint la Lune en 1969 et les sciences vont faire des bonds prodigieux au fil des trente années à venir. Les craintes climatiques n'ont pas encore frappé à la porte.
Bref, tout va mieux que jamais dans le monde et en particulier en France.

Mais les auteurs français de science-fiction ne savent imaginer qu'un avenir épouvantable.
Pourquoi?
plusieurs raisons, en vrac
- constat de l'échec de 68 ;
- prise de conscience de l'étranglement énergétique, environnemental, économique et social à venir ;
- contrairement à tes souvenirs, peur du nucléaire (la crise des euromissiles, c'est 1977-1987) ;
- ...
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

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Message par Erion » lun. déc. 24, 2012 10:43 pm

Comme le rappelle William Gibson, quand il entame l'écriture de Neuromancien, l'idée d'un avenir sans guerre froide est très optimiste. A ses yeux, l'avenir qu'il décrit est optimiste. Ce qui, a contrario, montre à quel point même chez les américains, le refroidissement des années 80 n'annonçait pas un avenir radieux.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
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Message par Hoêl » mar. déc. 25, 2012 12:45 am

Nébal a écrit :Ca doit être qu'ils avaient anticipé le calamiteux intermède de 1981-1984, puis qu'ils en ont tiré les leçons.
Tiens , c'est marrant , ça , j'ai justement arrêté de voter après 1984 , va savoir pourquoi...
Et puis , j'ai voté en 2012 , y'a des moments où je ne sais plus pour quoi...
"Tout est relatif donc rien n'est relatif !"

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Message par Gérard Klein » mar. déc. 25, 2012 7:02 pm

MF a écrit :]plusieurs raisons, en vrac
- constat de l'échec de 68 ;
- prise de conscience de l'étranglement énergétique, environnemental, économique et social à venir ;
- contrairement à tes souvenirs, peur du nucléaire (la crise des euromissiles, c'est 1977-1987) ;
- ...
J'ai publié en 1985 dans le Monde Diplomatique (qui était encore un périodique sérieux) un très long article, une double page bien tassée, démontrant à quel point cette crise des missiles était bidon et combien les véritables enjeux étaient économiques. Cet article a mis fin à la guerre froide, du moins, c'est ce que je me plais à penser. Gorbatchev en a tiré les conclusions qui s'imposaient à lui.

Accessoirement, il n'y a pas eu d'échec de 1968 puisque au total il ne s'est rien passé, et j'étais aux premières loges, habitant le Quartier Latin, et comme économiste chargé de diverses réflexions sur des sujets connexes. Dès juin, c'était terminé, à l'inflation près.

Quant aux étranglements, le seul véritable problème, climatique, n'était pas posé, et même Brunner est passé à côté. Tout le reste était bidon. Le problème, c'est qu'il n'y a jamais eu de crise énergétique, ni de pic de consommation, et que cela laisse très mal augurer de l'avenir côté réchauffement.
En 1980, on avait pour trente ans (hélas) de ressources connues en pétrole et gaz, et pour plus de cent ans de ressources en charbon, même et surtout en tenant compte de la croissance estimée de la production et des besoins afférents. Les réserves se sont beaucoup accrues depuis.

Si on te suit, ce qu'on peut en déduire, c'est que les auteurs français de sf étaient des naïfs.
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Message par Gérard Klein » mar. déc. 25, 2012 7:18 pm

Il y a une autre possibilité:

La dépression post-prandiale.

Les Français en général et les auteurs de science-fiction en particulier n'ont plus de gros problèmes en vue et sont trop bien nourris, trop prospères (ça en fera rigoler quelques uns). Alors ils s'imaginent des avenirs épouvantables.

Il est frappant que le seul très gros problème qui se pose alors et se pose toujours à la société française est celui du chômage, et en amont de l'inadéquation de l'enseignement et des formations et de le la montée des compétences des machines. Or, et je ne demande qu'à être détrompé, on n'en trouve pas trace ou si peu, dans la sf française catastrophiste de l'époque.
En un sens, le roman de Pierre Christin, Les Prédateurs enjolivés (1976) préfigure ou confirme mon hypothèse.

Entendons-nous bien. L'optimisme béat ne fait pas de bons livres. Je ne connais aucune utopie qui ne soit pas ennuyeuse. Les écrivains anglo-saxons savent donc faire une place à la tragédie, mais y compris avec Gibson et les quelques rares cyberpunks, ils ne s'enferrent pas dans des avenirs glauques comme les Français. Vous pouvez relire tout ce qui est paru entre 1970 et 2000 pour découper une tranche temporelle, la différence est manifeste. Anglais et américains sont des optimistes prudents, avec entre eux des différences notables, mais ils ne sombrent pas en masse dans le pessimisme franchouillard justement pointé par Simon Bréan.
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Message par MF » mer. déc. 26, 2012 10:06 am

Gérard Klein a écrit :Si on te suit, ce qu'on peut en déduire, c'est que les auteurs français de sf étaient des naïfs.
si on me suit, on peut aussi en déduire que les auteurs français étaient réalistes

et je n'ai pas mis dans la liste le fait qu'ils étaient d'une génération -ou les héritiers d'une génération- qui venait de se faire virer à coup de pompes de zones d'expansion nommées Asie et Afrique, pour laquelle l'avenir avait le goût amer d'un retour en arrière...
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

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Message par Lensman » mer. déc. 26, 2012 10:10 am

MF a écrit :
Gérard Klein a écrit :Si on te suit, ce qu'on peut en déduire, c'est que les auteurs français de sf étaient des naïfs.
si on me suit, on peut aussi en déduire que les auteurs français étaient réalistes

et je n'ai pas mis dans la liste le fait qu'ils étaient d'une génération -ou les héritiers d'une génération- qui venait de se faire virer à coup de pompes de zones d'expansion nommées Asie et Afrique, pour laquelle l'avenir avait le goût amer d'un retour en arrière...
La France était un pays dominant, qui a perdu sa position prépondérante. La SF anglaise n'est pas si "optimiste" que cela non plus, si on regarde bien, et c'est aussi un pays qui perd son empire.
Je me demande si la bonne question n'est pas plutôt: Pourquoi la SF américaine semble "optimiste"?

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Message par MF » mer. déc. 26, 2012 11:13 am

Lensman a écrit :Je me demande si la bonne question n'est pas plutôt: Pourquoi la SF américaine semble "optimiste"?
E pluribus unum + In God We Trust ?
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

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Message par JDB » mer. déc. 26, 2012 11:49 am

MF a écrit :
Lensman a écrit :Je me demande si la bonne question n'est pas plutôt: Pourquoi la SF américaine semble "optimiste"?
E pluribus unum + In God We Trust ?
Peut-être faudrait-il recentrer le débat. A l'origine, il était question des années 70. Et je trouve l'essai de Simon Bréan très lucide et très fouillé sur cette décennie (sur les autres aussi, mais ce n'est pas le sujet).
Mes souvenirs de lecteur me disent ceci : la SF anglo-saxonne de l'époque, que des décideurs comme Dorémieux et Demuth introduisaient à forte dose ETAIT pessimiste, même si elle n'était pas toujours nihiliste. Replongez-vous dans la liste des publications de l'époque, relisez des vieux Fiction, sondez le courrier des lecteurs, etc.
Et l'attitude de certains décideurs était si hargneuse que certains lecteurs ont cessé de lire leurs publications. Quand on lit dans sa revue préférée des assertions du genre : "il y a désormais deux SF, une SF de contestation et une SF de consommation" ou encore "si vous préférez Asimov à Lafferty, allez vous faire foutre" (je cite de mémoire et les termes employés n'étaient sûrement pas aussi violents, mais dans l'esprit, c'était ça), eh bien on allait voir ailleurs.
C'est ce que j'ai fait, mais il faut dire que je lisais l'anglais.
Tout cela pour dire que, durant ces années 70, la tendance lourde (comme on ne disait pas encore) était bien au pessimisme, autant du côté des écrivains français que du côté de la plupart des éditeurs, qui sélectionnaient leurs traductions dans cette optique.
Ou, quand ils publiaient de la SF qu'ils jugeaient "réactionnaire" (ou de consommation), c'était en se bouchant le nez et en démolissant eux-mêmes leurs propres bouquins. Si.
Il aurait été parfaitement possible, si les positions de pouvoir avaient été détenues par des "campbelliens", de publier à fortes doses ces fameux auteurs réacs. Le bilan en fin de décennie aurait été intéressant à évaluer.
Et par la suite, quand à la fin des années 70/début des années 80, est arrivée la "nouvelle SF américaine" (Varley, Spider Robinson, Card, Joan Vinge, Cherryh, etc), qui ont assez vite été abondamment traduits, il s'est trouvé pas mal de gens pour crier à la SF réac et de consommation, encore.
JDB
“Miss Judith Lee, vous êtes l’une des choses les plus étranges de ce monde très étrange.”

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