Hoêl a écrit :C'est quand même bizarre de cracher dans la soupe qu'on essaye de servir !
Combien d'entre nous ont commencé dans la S.F. avec Vance ou Van Vogt ? et ont été happés par cette profonde originalité qui se dégageait de leurs oeuvres ?
Alors , après ça , les diatribes sur "j'aime..." ou "j'aime pas ..." , ça fait un peu querelle de bac à sable !
Il me paraîtrait autrement plus intéressant de réflèchir à ce qu'on trouve chez ces 2 auteurs qui pour tant de lecteurs représente l'essence-même de la S.F. et qui manque sans doute à trop d'auteurs actuels pour amener un nouveau lectorat .
Dans le cas de TD, il a toujours été parfaitement sincère et sûr de ses goûts: depuis que je le connais (ça fait... un petit bail, maintenant) il a toujours dit, en toute candeur, qu'il n'arrivait pas à lire van Vogt. Ce n'est pas une pose.
Mais il se passe avec van Vogt ce qui se passe avec un certain type de génie: ils sont incompréhensibles pour une part importante du public connaisseur, qui est déconcertée de voir une autre partie du public connaisseur apprécier quelque chose qui lui semble vraiment dénué de valeur. Et ça finit par être énervant, parce que ça mine la notion du"beau", du "réussi", de l'"art" que nous pensons avoir, même quand on se croit (et même quand on ne se croit pas) l'esprit large. "non, là c'est trop nul, comment peuvent-ils aimer?" ou "C'est pas croyable! Comment ne sentent-ils pas que c'est génial?!" de l'autre côté.
J'ai rencontré ce phénomène en musique classique aussi: des compositeurs comme Bruckner et Sibelius (que je considère comme des génies, et pour le premier, dans mon panthéon strictement personnel, le plus grand compositeur de tous les temps, et de loin) ont été littéralement éreintés par des critiques et des collègues de très grande valeur. Et pas juste au début, c'est un phénomène qui a duré très longtemps. Petit à petit, ça s'est tassé, mais pour Bruckner, il y a quelques années, certains musiciens refusaient de le jouer... C'est un phénomène curieux, qui rappelle à quel point certains critères du "beau", du "laid", du "bien fait", du "mal fichu", du "bon" et du "mauvais" ont du mal à être partagé, dans certains cas, et débouchent même sur une incompréhension féroce, chez des gens qui par ailleurs partagent très, très largement une même culture, et souvent de manière très approfondie.
C'est plutôt rassurant pour les théoriciens du goût, qui ont encore du pain sur la planche...
Oncle Joe
PS: je rappelle que AEVV a été tout récemment réédité chez J'ai Lu. Mais qu'importe, au niveau du débat sur la valeur de l'auteur? Je n'ai pas du tout compris l'argument de TD qui avait l'air de considérer que le fait qu'un auteur ne soit pas réédité pourrait laisser penser que l'auteur est mauvais! Cela ne prouve strictement rien, ni dans un sens, ni dans l'autre (à la rigueur, ça prouve qu'il n'est plus à la mode... très intéressant, vraiment! comme Bach, par exemple, qui a été moins joué à certaines époques...), et je m'étonne de ce fort bizarre argument!