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par Eric » mer. févr. 22, 2012 11:49 pm
OK, alors allons-y !
Ce ne sont pas les chiffres exacts à 100%, parce que je ne les ai pas, mais disons qu'en fonction de ce que je sais et de ce que je devine de ma propre expérience d'éditeur, on peut se dire que c'est exact à 85%
Dépenses :
A valoir : 1 200 €
Edition : 1 200 €
Couverture : 500 €
Maquette : 500 €
Fabrication : 5 000€
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Total : 8 400 €
Côté recettes :
- Une fois distribution, diffusion payée, grosso modo, sur un prix public de 19 €, il revient quelque chose comme 8 € à l'éditeur.
- Pas de reprises poche, donc 0 €
- Ventes estimées : 800
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Total : 6 400 €
Dans les faits, c'est un peu plus compliqué que ça, parce que tu touches de l'argent sur ta mise en place et que tu ne rembourses qu'avec les retours, au bout de six mois (parfois moins, c'est même une tendance de plus en plus marquée). Cette avance de trésorerie te permets d'assumer des frais fixes liés à ta structure, et à publier d'autres livres. Mais au final, le résultat est peu ou prou le même : sur un bouquin comme le mien, mon éditeur perd de l'argent.
C'est le cas pour une proportion non négligeable de toute la production éditoriale. Que tu sois Mnémos ou Flammarion. La seule différence est l'économie d'échelle. En clair, plus tu es petit, plus tu dépends pour ta survie d'une ou deux locomotives qui vendent assez pour maintenir le navire à flot.
Je ne sais pas toi, mais moi, en ce qui me concerne, j'appelle ça un business risqué. N'importe quel banquier aussi, d'ailleurs. Essaie, juste pour rire, d'aller en voir un et de lui dire que tu voudrais monter une maison d'édition de genre et que tu aurais besoin de... mettons 20 000 €, histoire d'amorcer la pompe.
Alors, certes, un éditeur n'est rien sans auteurs, mais l'inverse est tout aussi vrai (dans les faits, tu es un peu moins rien, car en temps qu'auteur de tiroir, il te reste la satisfaction secrète, mais néanmoins bien réelle d'avoir couché sur papier un produit de ton imagination, ce qui n'est pas négligeable Sauf que... dommage ! tu es le seul à savoir combien tu es génial).
C'est peut-être toi qui écrit le livre, qui a la partie la plus noble du travail, mais c'est l'éditeur qui le fait vivre. Travail d'équipe.
Bien-sûr, il te reste l'édition à compte d'auteurs, comme tu le fais remarquer. Après tout, si ça a été assez bon pour Proust, ça peut l'être pour n'importe qui, hein ? Là, c'est sûr, tu ne lui devras rien. Excepté bien-sûr les frais d'édition (parfois fort élevés) qu'il te demandera. Tu n'auras même pas à lui refuser de menus efforts promotionnels, puisqu'il ne t'en proposera aucun (ils ne sont pas invités dans les salons). Bien entendu, c'est toi qui devras payer tes exemplaires pour le service de presse, mais au moins, tu ne devras rien à personne. Quant à la diffusion, là encore, pas de risque de devoir parcourir la France pour signer trois malheureux exemplaires dans une librairie pleine de courants d'air, puisqu'aujourd'hui ces escrocs, heu... pardon.... ces confrères dont le mode de fonctionnement diffère sensiblement du nôtre se contentent simplement de te distribuer sur les enseignes de librairies en ligne.
Maintenant, je veux bien admettre que je suis plutôt du genre qui dit "merci" au début et à la fin du mail, mais si ton éditeur te soutient (financièrement, mais pas que), il ne me semble pas incongru de le soutenir un peu en retour pour l'aider à donner une chance à ton bouquin.