Lensman a écrit : Cela dit, la description que tu fais du libertarien ne se distingue guère
de celle d'un égoïste ordinaire...
Lensman a écrit : Mais est-ce si théorisé que cela, à part des formules à l'emporte-pièce
qui ne mangent pas de pain, du genre "moins d'état" (où les naïfs comprennent
surtout "moins d'impôt"...)?
Il y a en tout cas un corpus théorique conséquent, principalement économique mais
également en philosophie politique, dans la tradition anarchiste (quoique de droite).
A partir de là, le libertarien moyen ne l'a pas forcément plus lu que le communiste de
base n'a lu Marx... et la corrélation avec le "moins d'impôt" (ou en tout cas moins de
redistribution : payer pour la Défense ou des prisons est moins problématique) semble
essentielle pour la plupart.
Lensman a écrit : Ce qui me semblerait fondamental à théoriser, c'est clairement ce que l'on entend
par "moins d'état". Un "moins" quantitatif? un "moins" qualitatif ?
Pour ce que j'en comprends, un principe explicite (largement admis aux USA, mais
avec une emphase toute particulière chez les libertariens) est que l'Etat n'est fondé
à intervenir que dans les domaines de compétence qui lui sont explicitement
reconnus (par la Constitution), à l'exclusion de tous les autres. C'est un peu le
contraire de la tradition française...
A partir de là, la question devient : quelles compétences reconnaître à l'Etat. Pour
les minarchistes, comme les libertariens, ça se limite strictement aux fonctions
régaliennes.
Lensman a écrit : Précisément, en ce qui concerne la politique étrangère des USA (...) je suppose
que c'est un des points forts de la théorie (ou alors, on ne voit pas trop l'intérêt de tout ça...).
Ben non. C'est, justement, une fonction régalienne. L'Etat est fondé à intervenir comme
il le juge nécessaire, au moins pour autant que la souveraineté nationale est en cause,
et j'imagine que les libertariens se répartissent comme les autres, décision par
décision, entre partisans et opposants. En revanche, ils crieront très fort si l'Etat
— horreur ! — se met à distribuer leurs sous à des étrangers sans prétexte de sécurité
nationale.
Lensman a écrit : Jusqu'où va la "solidarité", la "fidélité" (je cherche le bon terme) vis à vis des USA,
en tant qu'état constitué ? Est-ce théorisé ?
Pour moi, on sort là du champ de la théorie — qui peut s'appliquer partout, mais en
tenant compte des conditions locales. Un libertarien accepte
a priori l'existence
d'un Etat minimal, et lui est loyal exactement dans la même mesure que le tenant de
n'importe quelle autre idéologie politique, me semble-t-il. Je ne vois d'incompatibilité
ni avec un nationalisme fervent, ni avec un parfait cosmopolitisme.
Si différence il y a, c'est qu'un libertarien aura peut-être plus tendance qu'un autre
à considérer que, l'Etat outrepassant ses prérogatives, il est l'agressé, ne lui doit
plus rien et est fondé à s'en défendre par tous les moyens (il me semble par exemple
qu'on en a vu quelques-uns tirer sur les forces de l'ordre qui prétendaient leur
confisquer des armes "légales").