jlavadou a écrit :Que penses-tu du rôle, voire de l'influence, de publications de type fanzine (en papier ou sur le web) dans le monde de la SF, et plus généralement de l'interaction entre le monde amateur et le monde professionnel ?
Historiquement, les productions « faniques » (les guillemets sont dédiés à tous les Cafards cosmiques persuadés qu'ils n'appartiennent pas au fandom) sont l'un des vecteurs de la subculture. Comme le phénomène subculturel a avorté chez nous, fanzines et éditeurs amateurs ne publient que peu d'études et d'essais et privilégient les nouvelles, voire les romans. En outre, l'informatique, en réduisant les coûts, a gommé la frontière déjà floue entre amateurs et professionnels.
L'existence d'un fandom est essentiel à la survie d'une culture de groupe. Celui d'aujourd'hui n'a rien à voir avec, par exemple, celui des années 70, et il n'existe quasiment aucune passerelle entre eux. Pourtant, ils jouent un rôle à peu près identique en permettant à des amateurs de SF d'en croiser d'autres et d'échanger des idées avec eux. C'est ainsi que se crée un continuum culturel. Les forums sont les dignes successeurs des APA du temps des stencils et du « red corflu ». L'échange est juste beaucoup plus rapide.
Le fandom français n'a constitué à aucun moment un tout cohérent, mais je crois qu'il n'a jamais été aussi divers qu'aujourd'hui. Et je pense que le wèbe y est pour beaucoup, puisque n'importe qui peut s'y exprimer, jusques et y compris pour dire les pires conneries. C'était déjà le cas avec les bons vieux fanzines, mais ça se limitait alors à quelques dizaines ou centaines de personnes. Tandis que de nos jours…
Les gens se regroupent par affinités. Ensuite, parfois, ils font des choses ensemble. En cela, le fandom SF est identique au milieu des pêcheurs à la ligne ou des collectionneurs de ce que vous voudrez. Tout ça, c'est un phénomène tribal.
jlavadou a écrit :Par exemple tu as publié une nouvelle dans le premier numéro d'Univers et Chimères, Distorse, Gloire et Chouchen, j'imagine à titre gracieux, et tu donnes cette interview par forum interposé. Quelle importance cela a-t-il pour toi, qui es un auteur reconnu et publié ?
Le texte d'
Univers et Chimères n'est pas vraiment une nouvelle, plutôt un fragment préparatoire à l'uchronie que j'ai évoquée ci-dessus. Si j'avais eu le temps, j'aurais écrit un « vrai » texte, avec une histoire, un début, un milieu et une fin ; je ne l'avais pas.
Pour répondre à ta question, j'éprouve plus de plaisir à répondre à cet interview qu'à réécrire une mauvaise traduction. Ce n'est pas toujours le cas, note bien. D'habitude, je suis très lent à répondre — par écrit, ça peut prendre des mois s'il y a des questions qui ne m'inspirent pas. Mais, là, il y a un certain nombre de choses auxquelles je réfléchis depuis pas mal de temps qui se sont emboîtées avec la parution de
L.G.M. — c'est toujours agaçant qu'un livre terminé ne paraisse pas.
Cela dit, est-ce important ? Je n'en sais rien.
Mais je m'amuse bien.