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Interview Mireille Rivalland
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Interview Mireille Rivalland

ActuSF : Petit bilan de santé pour commencer. Comment se portent les éditions de l'Atalante ?
Mireille Rivalland : Secouées par un changement de distributeur cet été. Nous avons quitté Harmonia mundi pour rejoindre le CDE-Sodis. Le mois et demi de transfert a été préjudiciable aux ventes du fonds en juin et juillet ; mais les libraires ont été stoïques et toujours fidèles à nos auteurs, puisque sur la période "juin-juillet-août" 2011 nous avons 25 % de retours en moins que l'année passée !

ActuSF : Peux-tu nous présenter les sorties de l’automne ? Qu'allons-nous pouvoir lire ?
Mireille Rivalland : De la variété, à l'image de notre catalogue. Nous ne défendons pas un style de science-fiction, mais le roman populaire de qualité.
L'événement est, sans nul doute, L'Entité 2047 de Patrick Lee, dont le sujet est une guerre pour la possession d’une redoutable technologie futuriste – un thriller époustouflant et des idées de SF jusqu’à la dernière page. Qui plus est traduit par Patrick Couton.
La grande nouvelle, c’est que Glen Cook sera aux Utopiales à la mi-novembre.

ActuSF : Il y a deux nouveaux auteurs français dans le catalogue de l'Atalante en cette rentrée, Camille Leboulanger et Anne Larue. Le premier signe son premier roman tandis que la seconde quitte le domaine des essais pour la fiction. Comment s'est fait la rencontre entre l'Atalante et ces deux auteurs ?
Mireille Rivalland : Nous avons reçu leurs manuscrits par la poste.
Camille Leboulanger habitait Nantes à l’époque, et nous avons rapidement pu nous rencontrer. Ce livre nous a envoûtés. C’est un auteur déterminé, pour qui chaque projet participe de l’hommage et de l’expérience d’écriture. Il m’a déjà remis son deuxième ouvrage – un space opera –,  et est en train d’écrire le 3ème.
Anne Larue, enseignante et parisienne, est passionnée de littérature de l’imaginaire et désirait depuis longtemps prendre le temps d’un roman. Elle nous raconte des histoires de femmes et de sociétés où les inégalités tombent. Pour cela, rien de mieux que les sauts dans le temps et les confrontations de civilisations. Le quiproquo et l’incompréhension peuvent tenir lieu de levier d’évolution. Les personnages sont mis à rude épreuve, la langue est châtiée et pleine d’humour, l’histoire éclairante sur notre humaine condition.  Je trouve cela jubilatoire.

ActuSF : Un petit mot sur Terry Pratchett, un auteur que l'Atalante suit depuis des années. Est-ce sa maladie et son déclin probable est un souci pour vous ? Quelles sont les dernières nouvelles le concernant ?
Mireille Rivalland : Pratchett dit publiquement ce qu’il a à dire sur sa maladie, et je doute qu’il nous raconte des histoires à ce sujet. Par contre, il a encore quelques histoires à raconter, et c’est tant mieux.  Un programme sans “nouveauté Pratchett”, oui, c’est préoccupant, mais nous avons été prévenus, et nous nous y préparons.

ActuSF : Vous publiez en novembre une nouvelle série d'Orson Scott Card, Westil, de quoi s'agit-il ?
Mireille Rivaland : Nous publions avec grand plaisir une nouvelle série de Card.
Westil, c’est le monde des dieux, des dieux qui se sont alliés au monde des hommes et ont modelé leur histoire, des dieux qui ont perdu leurs pouvoirs par la fermeture de portes magiques donnant sur Westil. Or, un adolescent, Danny North, s’avère être un portemage, un ouvreur de porte…
Le thème de l’apprentissage et de la découverte de soi est depuis toujours au cœur de l’œuvre de Card. Ce livre peut être classé en Jeunesse, comme nombre de parutions aujourd’hui. Mais Card a fait ses preuves, bien avant la mode du “young adult”, en matière d’histoires où le personnage principal est un enfant.

ActuSF : Même question pour Andreas Eschbach et Black*Out ?
Mireille Rivalland : Premier volume d’une trilogie, Black*Out est dans la veine d’En panne sèche, à ceci près que les héros ont 20 ans.
Nous suivons Christopher Kidd, le « hacker » le plus célèbre de son temps, dans sa fuite à travers les Etats-Unis. Lui qui est l’un des premiers humains à porter une puce directement implantée sur le nerf olfactif cherche désespérément à rejoindre l’un des opposants à l’omniprésence de la technologie dans la société. C’est un roman d’action d’autant plus oppressant que les technologies qu’il décrit sont déjà à portée de main.

ActuSF : S'il n'y a pas de rentrée littéraire à proprement parler en Imaginaire, le phénomène qui occupe de l'espace dans les médias et les libraires impactent-ils vos ventes ? Est-ce que cela a des conséquences sur vos choix de publication ?
Mireille Rivalland : Non aux deux questions. Par contre, nous publions plus de titres par mois au second semestre car il y a deux mois de moins de publication.

ActuSF : Comment avez-vous choisi les mois de parution des titres à venir ? Est-ce que cela change quelque chose de sortir un livre en septembre ou en novembre ? Y'a-t-il une "stratégie" dans le choix des mois de parution ?
Mireille Rivalland : Oui, car il y a une “course vers Noël” des libraires, et ils n’ont guère le temps de se faire une idée du potentiel de vente d’un livre qui sort en novembre. Nous privilégions donc les suites et les séries les deux derniers mois de parution, en octobre et en novembre.

ActuSF : Et y'a-t-il finalement une rentrée littéraire en SF et en fantasy ?
Mireille Rivalland : Pas en Bretagne.

ActuSF : On parle d'une crise en librairie depuis le début de l'année avec une baisse de leur fréquentation et des ventes. Avez-vous ressenti le phénomène sur vos ventes ? Est-ce que cela vous a incité à changer des choses dans votre programme de parution ? Etes-vous inquiets pour l'avenir ?
Mireille Rivalland : Oui, les librairies ont vu leur chiffre baisser. Et, nous sommes bien placés pour le savoir, car nous sommes aussi libraires. Côté édition les ventes sont restées stables ; mais la part de nos ventes par le biais d’Internet ne cesse d’augmenter, ce qui explique peut-être cette stabilité. Oui, nous sommes inquiets pour la librairie, compte tenu aussi de l’arrivée du livre numérique. Du coup, il faut d’autant plus être vigilants à la préservation de la loi Lang, qu’une suprématie d’Amazon et consorts pourrait bien mettre en péril, et Bruxelles n’attend que cela .

ActuSF : Quels sont les titres à venir en 2012 ? Que peux-tu déjà nous dire sur le programme ?
Mireille Rivalland : Vincent Gessler livre Mimosa d’ici la fin du mois : suspens. Gess vient de commencer cette semaine, sous la houlette de Serge Lehman, les premières planches d’un nouvel épisode de La Brigade chimérique : mystère. Patrick Couton traduit la suite de L’Entité 2047, avant le prochain Disque-Monde au second semestre.  Il y aura beaucoup de David Weber, et une nouvelle série de Jack Campbell est en train sortir aux U.S.A. – nous espérons en commencer la publication avant l’été. Jean-Marc Ligny finit Exodes d’ici fin 2011.
Olivier Paquet a fini d’écrire son space opera, Melkine, mais cet été passé à compter les camions et les palettes m’a mise en retard dans mes lectures. Anne Fakhouri,  Jeanne-A Debats, Sylvie Denis (la suite de La Saison de singes), Johan Heliot, Carina Rozenfeld et Ange sont à leurs papyrus.
Il y aura aussi des nouveaux, Matt Forbeck, Douglas Hulick, et une nouvelle, venue de Suisse, Laurence Suhner, nous fera rêver avec une exoplanète, nommée Gemma.
Roland Wagner n’est pas sorti indemne de Rêves de Gloire et égrène des nouvelles qui pourraient donner lieu à une publication.
Pour les esprits chagrins, j’annonce que nous n’avons pas renoncé à publier Zonghuo de David Wingrove. Pour les âmes sensibles, j’omets les publications de théâtre et de sciences humaines, pourtant…

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