L'auteur canadien Guy Gavriel Kay est surtout connu pour sa trilogie La Tapisserie de Fionavar mais on a pu aussi lire de lui en français les romans indépendants, situés dans des mondes très semblables au nôtre, Tigane, Le Chant d'Arbonne, Les Lions d'Al-Rassan et, dans le même monde que ce dernier (mais à une autre époque, et en un autre lieu), les deux volumes de La Mosaïque de Sarance. Son dernier roman (qui n'est pas encore traduit en français), The Last Light of The Sun, se situe dans une Angleterre (également alternative) au VIIIe siècle.
Crispin travaille avec passion à la coupole du sanctuaire de Jad, inconscient de l'agitation autour de lui, tandis que l'Empereur Sarantin hésite entre déclarer la guerre à la Bassanie et aller conquérir la Batiare sous prétexte de la libérer, que la reine Gisèle attend son assassin, que ses amis se préparent à se marier, que les bleus et les verts préparent fébrilement le début de la saison de courses, et qu'un étrange médecin bassanide fait une entrée remarquée à Sarance. Le monde tel qu'ils le connaissent va changer, mais ils ne le savent pas encore...
Une fin réussie
Guy Gavriel Kay sait en général comment surprendre le lecteur. C'est particulièrement vrai de cette seconde partie de La Mosaïque de Sarance, où l'inattendu succède à l'imprévu, sans toutefois sacrifier la profondeur et la poésie à laquelle il nous a également accoutumés. S'il continue sur la lancée du premier volume, il accélère cependant le mouvement, et les événements se précipitent en seulement quelques jours, les nombreux personnages entrant en collision, souvent violemment, les uns avec les autres, et en ressortant à jamais changés. Le choix comme toile de fond de cette copie de l'Empire byzantin, oscillant entre grandeur et décadence, ajoute une dimension supplémentaire et originale aux personnages, et ramène tous les bouleversements, fussent-ils radicaux, à leur toute petite place dans une histoire plus vaste...
Il est sage pour un auteur de savoir où s'arrêter, laissant le lecteur sur sa faim plutôt que de ressasser des personnages, même aussi bons que ceux-ci. C'est ce que fait ici Guy Gavriel Kay, en laissant ce second et dernier volume s'achever de manière ouverte, poussant ses personnages vers un avenir inconnu.
Un livre dont on ressort avec une envie irrésistible d'aller voir les mosaïques encore en place à Istanbul et sur le pourtour méditerranéen...
Prix Actusf de l'Uchronie