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Les Ailes de la nuit

Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/10/1993  -  livre
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Les Ailes de la nuit

Ce roman qui n'en est pas un, est paru pour la première fois en 1969. Il s'agit en fait d'une série de trois nouvelles, rassemblées ici autour d'une thématique commune, et reliée par une trame dramaturgique assez lâche. Finalement plus un prétexte qu'une authentique intrigue.

Robert Silverberg prend une fois encore pour matériau de base, deux thèmes récurrents de son œuvre : l'invasion, et la route. Il les a déjà exploités, et les remettra sur l'ouvrage de nombreuses fois, mais rarement il les façonnera avec cette élégance.

Comme toujours chez lui, l'invasion est brutale, et inéluctable. Elle est le déclencheur. La route, c'est le changement. Le voyage initiatique, le mouvement après l'immobilité. La route est le moteur. L'ensemble devient une mécanique à la puissance d'évocation sans pareille.

Le lent déclin de la Terre


C'est le personnage du Guetteur qui sera le fil d'Ariane de cette promenade nostalgique, le long des trois novellas rassemblées sous le titre des Ailes de la nuit. La Terre est depuis longtemps entrée dans son troisième cycle. Un cycle de déclin, lent et irrémédiable. Ses habitants sont répartis en castes inamovibles, et réduits à l'état de simple fonction sociale. Ainsi les Défenseurs défendent, les Maîtres dirigent, les neutres et les Elfons sont les récipiendaires de la haine ordinaire, et les Guetteurs guettent. Ils guettent par delà les étoiles l'arrivée de cette force d'invasion dont la venue a été prophétisée il y a bien longtemps.

Le Guetteur lui, est à Roum lorsque sa vie bascule pour toujours. Quand, enfin, la menace d'outre espace se matérialise, il réalise que sa vie n'a pas été vaine, mais qu'il ne sert désormais plus à rien : il n'y a plus rien à guetter.

Un tournant !

Si Les Ailes de la nuit distille cette étrange mélancolie et ce vif espoir des belles choses à venir, c'est qu'il trouve une résonance toute particulière dans la vie de Robert Silverberg. Lorsqu'une nuit de 1968, sa maison des environs de New York disparaît dans les flammes, il vit, ce qu'il décrit aujourd'hui encore, comme "l'expérience la plus traumatisante de sa vie". L'impression d'être dépossédé de sa raison d'être qui habite le Guetteur quand survient l'invasion n'est, à l'évidence, pas étrangère Silverberg, et parmi les premiers textes sur lesquels il va travailler se trouvent ses trois novellas. Le guetteur de son époque, l'écrivain, va suivre lui aussi cette route du mouvement, du changement, puisque quelques années plus tard il entamera une profonde remise en question professionnelle et personnelle.

En émergera un auteur qui n'aura rien à voir avec le mercenaire éditorial de ses débuts. Les ailes de la nuit, est en quelque sorte la préface des œuvres majeures que Robert Silverberg va livrer dans les cinq années qui vont suivre. Empruntes de gravité, d'espoir, d'une vision du monde forte et parfois terrifiante de lucidité, elles feront de lui l'un des maîtres du genre. Il serait réducteur et un peu idiot de dire que tout Silverberg est dans Les ailes de la nuit, mais assurément il y a mis le meilleur de lui-même, et toute sa foi en l'écriture. C'est certainement son œuvre la plus personnelle, et la plus touchante. Rédemptrice et rigoureusement indispensable.

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