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Quand les ténèbres viendront

Isaac Asimov ( Auteur), Simone Hilling (Traducteur)
Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 01/08/2017  -  livre
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Quand les ténèbres viendront

On ne présente plus Isaac Asimov, ce maître de la SF disparu en 1992, Américain d'origine russe juive. Connu essentiellement pour ses nouvelles et romans sur les robots et son cycle Fondation, il a aussi écrit tout un panel de nouvelles variées dont certaines des plus célèbres sont réunies dans le recueil Quand les ténèbres viendront, souvent considéré comme son meilleur.

Quelques nouvelles fantastiques

Les nouvelles qui composent ce recueil relèvent de la SF à l'exception notable de « Jusqu'à la quatrième génération », étrange "histoire juive" fantastique où un jeune ambitieux reçoit de l'aide de son aïeul, du « Sorcier à la page » qui mêle filtres d'amour et style ampoulé, et de « Et si... » qui revisite inutilement l'histoire d'un jeune couple d'amoureux.

Les extraterrestres

On a un certain nombre de nouvelles sur le thème des extraterrestres, qui avait l'air d'intéresser Asimov avant qu'il se consacre aux robots dans son cycle Fondation. «   Taches vertes, Hôtesse », « Y a-t-il un homme en incubation ? », « Vide-C », « En une juste cause »: toutes ces nouvelles montrent bien la fascination-répulsion qu'on éprouve face à des créatures radicalement autres, bovines, vers, ou indescriptibles. Et pour Asimov, la rencontre avec eux est nocive pour l'humanité, que les extraterrestres soient bienveillants ou hostiles... Les nouvelles mettent l'accent sur les réactions des personnages humains face à cette altérité qu'ils ne peuvent tout à fait comprendre, et leurs questionnements face à ce qu'ils doivent faire - entraînant le lecteur dans les mêmes dilemmes.

Un peu d'humour

Quelques autres nouvelles sont humoristiques, notamment « Les Mouches », « Introduisez la tête A dans le logement B », « Mon fils, le physicien » et «   L'amour, vous connaissez ? » Certaines ont été écrites pour relever un défi, pour s'amuser, et cela se sent, même si cela reste des lectures sympathiques. « Quelle belle journée ! » est aussi assez amusante, même si la dérive hygiéniste et technologique des classes sociales élevées est clairement dénoncée.

 

 

Les cerveaux positroniques

Et il y a « Sally », une des premières nouvelles qu'Asimov a écrites sur le thème des cerveaux positroniques, ces ordinateurs d'IA inventés par Asimov qui préfigurent le thème SF de la singularité technologique : la prise de conscience et l'autonomie de l'intelligence artificielle - avec toutefois un traitement beaucoup plus optimiste dans Fondation que dans Terminator, L'Odyssée de l'espace ou Matrix, pour ne citer qu'eux. On se prend à aimer Sally, alors qu'on se demande... est-elle dangereuse ? De pair avec Sally, c'est Multivac qu'on retrouve ici, dans « La machine qui gagna la guerre », anecdote comique sur les capacités réelles ou supposées d'un ordinateur et les décisions souveraines des hommes qui s'en servent.

Des nouvelles fortes

Parmi les nouvelles tragiques, « Quand les ténèbres viendront », « Briseur de grève », « Les yeux ne servent pas qu'à voir » et « Ségrégationniste » font mouche. Les ténèbres, c'est la peur du noir, de l'inconnu, de la folie, de la fin de la civilisation, prédite par les scientifiques - mais qui écoute les Cassandre, scientifiques et écrivains de SF, quand leurs propos n'arrangent personne ? Le briseur de grève, c'est le sociologue étranger qui s'engage dans la vie de la société qu'il étudie, et découvre à ses dépens qu'il aurait dû garder ses distances. Les yeux, c'est le corps que les humains ont abandonné il y a des milliards d'années au profit de l'esprit, et qui sert à aimer et à pleurer. Le ségrégationniste, c'est celui, homme ou machine ?, qui aimerait qu'on conserve une différence entre le biologique et l'artificiel. Ces nouvelles nous montrent certains possibles qui attendent l'humanité dans les siècles et les millénaires à venir, et cela laisse songeur...

 

Enfin, une mention spéciale pour les héros, modestes, lucides et courageux mais pas toujours très lucides, qui se sacrifient pour la bonne cause : Mullen dans « Vide-C », Dick Altmayer dans « En une juste cause » et Lamorak dans « Briseur de grève » .

 

Un recueil commenté par Asimov en personne

Le gros plus de ce recueil, c'est l'introduction de chaque nouvelle, où Asimov en personne explique les circonstances de l'écriture et de la publication de chacune. L'auteur prolifique détaille avec tendresse et nostalgie les époques de sa vie professionnelle et personnelle qui éclairent considérablement certaines nouvelles étranges. On découvre autant l'histoire de la SF des années 1950 que les goûts et façons de faire personnelles de cet auteur très accessible et attachant.

C'est toujours un plaisir de redécouvrir Asimov.

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