
Oswald Bastable est un jeune capitaine britannique propulsé à travers le temps grâce à une étrange machine de son invention. Sept décennies plus tard, il débarque en 1973, dans un monde qui n'est pas tout à fait le notre... Les deux guerres mondiales n'ont pas eu lieu, les Empires coloniaux sont encore en place et de fiers dirigeables aux allures futuristes traversent le ciel. Mais il va vite découvrir que tout n'est pas parfait. Le dépaysement est à l'honneur avec ce roman précurseur. Un cycle à redécouvrir d'urgence ! L'un des meilleurs de Moorcock en tout cas.

James Blaylock est un auteur rare en France et la dernière édition dans notre langue d’Homunculus date de 1996. C’est pourtant l’un des romans fondateur pour le Steampunk. Publié en 1986, il raconte une enquête à la fin du XIXe siècle pour retrouver l’homuncule, une étrange créature qui ne dépasse pas les vingt centimètre et qui auraient des connaissances fantastique, capable d'abolir les frontières de la vie, de la mort et du temps. Un roman passionnant et percutant. Indispensable.

Après avoir été aux origines du cyberpunk, William Gibson et Bruce Sterling se sont associés pour donner au Steampunk un de ses romans les plus emblématiques : La machine à différences. Ils imaginent un XIXème siècle dans lequel la technologie à la vapeur a explosé, produisant toutes sortes de machines et notamment de drôles d’ordinateurs… Dans ce monde délirant mais également soumis à une forte pollution, un homme va se retrouver au centre des enjeux entre la France et l’Angleterre. Avec ses multiples personnages et ses rebondissements en pagaille, La Machine à différence est un roman qui peut parfois laisser le lecteur insensible. Il est pourtant clef dans l’histoire du Steampunk et possède un charme certain.

Lors de sa sortie en France en 2000, la Trilogie Steampunk avait été un petit événement. Paul Di Filippo montrait dans les trois nouvelles de ce recueil à quel point il maîtrisait le genre. Dans la première des trois, la Reine Victoria a été enlevée et remplacée par une femme-triton à l’insu du peuple. Une course contre la montre s’engage alors pour le héros pour retrouver la souveraine avant que la vérité éclate… Dans le deuxième récit, un naturaliste créationiste et raciste part à la recherche du sexe des femmes Hottentotes. Et dans le troisième deux jeunes poètes tombent amoureux l’un de l’autre dans une autre dimension temporelle. Brillant recueil, cette Trilogie Steampunk est devenu un incontournable du genre même si son auteur n’a ensuite plus guère été traduit en français…

Parfois cité comme étant le meilleur roman de Michel Pagel, L’Equilibre des paradoxes met en scène un groupe de héros tentant d’empêcher les manipulations temporelles d’un savant. Ses expériences lui ayant échappé, des êtres issus de différents siècles se retrouvent en Bretagne en 1904 et affolent la population par leur violence. On y trouve un soldat de l'armée d'Attila, une femme avec un bras d’acier ou bien encore un mystérieux extraterrestre... Ecrit avec un mélange de journaux intimes, de mémoires et coupures de journaux, L’Equilibre des paradoxes est un excellent roman Steampunk qui joue merveilleusement avec l’Histoire.

En écrivant ce roman, K.W.Jeter pris le risque de déconcerter ses lecteurs habituels et les critiques. Un risque calculé et finalement réussi avec une intrigue steampunk dans laquelle un commerçant passionné d’automates découvre un monde où la technologie ne ressemble en rien à ce qu’il a déjà connu. Il se retrouve mêlé à une histoire de machine mécanique appartenant à un Homme de Cuir Noir mais que d’autres désirent furieusement… Sous-titré « Une Fantaisie Baroque des Temps Victoriens », Machines Infernales a le mérite d’ajouter une bonne dose d’humour à son Steampunk.

1899. Alors que l’Exposition Universelle bat son plein dans un Paris de rêve, tout droit sortis de l’imagination de Jules Verne, Margaret, une jeune actrice, et son frère psychanalyste vont essayer de comprendre comment une de leur amies a bien pu tomber d’un aéroscaphe sur les marches de l’opéra Garnier. Est-ce un suicide ou meurtre ? Voici un bon livre de deux auteurs français talentueux. Une récréation agréable et imaginative dans Paris.

Le Steampunk a séduit de nombreux auteurs français dont Johan Heliot qui s’y est frotté dès son premier roman : La Lune seule le sait. En 1889, alors que l’Exposition Universelle se termine, un vaisseau extra-terrestre se pose à Paris, changeant radicalement le cours de l’histoire. Ces êtres venus d’ailleurs offrent aux terriens leurs sciences en échange de notre technologie et de notre acier, renforçant le pouvoir de Napoléon III qui règne encore sur la France. Jules Verne de son côté embarque pour la Lune pour rejoindre la résistance… Roman passionnant, la Lune Seule le sait joue avec l’Histoire et multiplie les références. L’une des plus belles réussites françaises en Steampunk.

Attention, revoilà Sherlock Holmes ! Vivant dans un monde parallèle avec son ami Watson, la version Thomas Day du détective est brutale. Sherlock aime autant tuer que résoudre les énigmes, au grand désespoir d’Arthur Conan Doyle choisi pour relater ses aventures. Ensemble ils doivent retrouver Jack l’Eventreur puis déjouer un complot de Moriarty. Ici la dimension Steampunk est provoquée par l’association de l’humanité avec les Worsh, des créatures d'origine inconnue qui ont apporté avec eux des avancées technologiques. Si le monde de L’instinct de l’équarisseur est plutôt original, il se distingue également par la grande violence de son personnage principal. Un des meilleurs romans de son auteur…

Genre prisé des auteurs français, le Steampunk n’avait pas encore son anthologie hexagonale. Dans la veine des grandes anthos du Fleuve Noir de la fin des années 90, après Escale sur l’Horizon ou Fantasy, Futurs Antérieurs rassemblait un très beau panel d’auteurs nationaux et se voulait une sorte de manifeste français du genre, voir un acte de naissance. Un objectif plus ou moins raté, Futurs Antérieurs restant encore aujourd’hui comme l’une des seules anthologies steampunk en France. Dommage car la qualité était pourtant au rendez-vous du sommaire. On retiendra notamment le western fantastico-rigolo de Roland C.Wagner (Celui qui bave et qui glougloute, réédité chez Actusf ici), L’Assassinat de la Maison du Peuple de Sylve Denis ou Muchamor de Christian Vilà sur les traces de Raspoutine. Jean-Claude Dunyach y signait un texte plein de poésie L'Orchidée de la nuit, influencée par Conan Doyle, David Calvo, un texte complètement délirant qui laissant entrevoir sa folie et son talent (Davy Jones' Locker) et Laurent Genefort un hommage à Jules Verne et H. G. Wells (Le Véritable Voyage de Barbicane).