La ville est un thème récurrent et central des récits de l’imaginaire, que ce soit les mégalopoles futuristes des romans de science-fiction, les cités désertées ou ravagées des textes d’anticipation, les mondes virtuels construits de toutes pièces ou encore les villes merveilleuses et oniriques de la fantasy. La littérature générale est elle aussi riche de récits qui mettent la ville au centre du roman, dont certains ne sont pas loin d’être fantastiques.
La ville regroupe donc des notions très larges, et que l’on peut rapporter à un grand nombre de textes. Voici quelques titres qui mettent en avant la cité en tant que rouage central de l’univers présenté, que ce soit la ville tentaculaire et monstrueuse pour laquelle l’homme n’est qu’un insecte sans défense, la ville en tant que terrain de jeux pour ceux qui arpentent ses chemins, la ville en tant qu’abri ou repli sur soi, la cité virtuelle qu’on peut modeler à loisirs ou enfin la ville en tant que monde merveilleux et enchanteur.
La ville regroupe donc des notions très larges, et que l’on peut rapporter à un grand nombre de textes. Voici quelques titres qui mettent en avant la cité en tant que rouage central de l’univers présenté, que ce soit la ville tentaculaire et monstrueuse pour laquelle l’homme n’est qu’un insecte sans défense, la ville en tant que terrain de jeux pour ceux qui arpentent ses chemins, la ville en tant qu’abri ou repli sur soi, la cité virtuelle qu’on peut modeler à loisirs ou enfin la ville en tant que monde merveilleux et enchanteur.
« Les studios de Radio-300 étaient installés au 96e étage de la Ville Radieuse, une des quatre Villes Hautes construites par Le Cornemusier pour décongestionner Paris. La Ville Radieuse se dressait sur l’emplacement de l’ancien quartier du Haut-Vaugirard, la Ville Rouge sur l’ancien Bois de Boulogne, la ville Azur sur l’ancien Bois de Vincennes, et la Ville d’Or sur la Butte-Montmartre. »
En l’an 2052, siècle 1er de l’ère de raison, le progrès technologique est sans précédent. Dans un Paris futuriste et défiguré, aux gratte-ciel gigantesques et aux couloirs automobiles automatiques, l’électricité cesse tout bonnement de fonctionner du jour au lendemain. Toute la technologie qui jusqu’ici permettait de vivre confortablement devient totalement inutile. La situation déclenche une folie générale parmi la population, entièrement démunie et sans ressources. François Deschamps, Jérôme Seita et Blanche Rouget vont tenter d’échapper à la ville et à ses dangers, pour rejoindre la campagne environnante. René Barjavel présente dans son roman les risques du progrès technologique démesuré, et oppose technologie et forces naturelles, progrès et mode de vie plus simple. La ville de Paris devient le monstre dangereux car hors de contrôle auquel il faut échapper à tout prix.
Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, de Philip K. Dick (1968)
« Le silence était total, hormis l’écho de ses pas […] »
Janvier 1976, Los Angeles : Robert Neville est le dernier survivant d’une épidémie qui a transformé tous ses congénères en vampires. Seul occupant « humain » de la ville, il se calfeutre la nuit et tente d’organiser sa survie le jour en recherchant de la nourriture et réparant les dégâts subis par sa maison, tout en essayant de tuer un maximum de vampires, plongés dans le coma jusqu’à ce que la nuit se lève. Dans ce texte de Richard Matheson, la ville tient lieu de décor figé et irréel, comme ultime vestige d’une civilisation à jamais disparue, comme refuge pour le personnage principal, en même temps qu’un piège duquel il ne peut s’échapper.
L’emploi du temps, de Michel Butor (1956)
Dans ce roman, Michel Butor nous conte, à travers l’enquête de Jacques Revel dans la ville anglaise de Bleston – ville imaginaire - , le cheminement à la fois physique et mental du narrateur dans une ville oppressante à la structure labyrinthique, qui l’attire et le déstabilise en même temps, le faisant finalement se confronter à lui-même. Ce roman publié en littérature classique est pourtant développé autour d’une intrigue fantastique, où la ville semble animée et influer sur le comportement du narrateur, qui suit finalement sa propre piste dans l’espace et le temps.
Neverwhere, de Neil Gaiman (1996)
Richard Mayhew, jeune homme ordinaire, quitte sa province natale pour s’installer à Londres. Il y mène une vie des plus rangées avec sa fiancée Jessica, qui a tout prévu pour leur mariage et leur avenir. Mais cette vie convient-elle vraiment à Richard ? Le destin frappe à sa porte en la personne de… « Porte », qu’il rencontre un soir allongée sur un trottoir de la ville, ensanglantée. En tentant de lui venir en aide, il est plongé dans un univers dont il ne soupçonnait pas l’existence, le Londres « d’en Dessous », celui des bas-fonds et du métro londonien, habité par toute une foule d’individus étranges et magiques, et qui n’a rien à voir avec le Londres « d’en Haut ». Il va y vivre des aventures extraordinaires qui vont changer à jamais sa perception de Londres. Neil Gaiman oppose dans son roman deux aspects de la ville qui se côtoient sans jamais se croiser, et qui ignorent tout de l’existence l’un de l’autre, en opposant modernité et histoire ancienne, rationalité et magie, avec l’humour et la poésie qu’on lui connaît.
The City & the City, de China Miéville (2009)
Hollywood Blues, de Kim Newman (1989)
La Ville est un lieu virtuel créé de toutes pièces par Truro Daine, un gangster qui, une fois arrêté et jeté en prison, a trouvé une échappatoire à son enfermement : un lieu qu’il maîtrise puisqu’il l’a lui-même généré, et où personne ne peut l’atteindre. Cette ville, qui fonctionne à l’image d’un film policier des années 1950, est sombre et tortueuse comme l’esprit du truand qui l’a imaginée : il pleut sans cesse et il y fait toujours nuit, le crime y règne et on peut y croiser Nat King Cole et Judy Garland. Tom Tunney et Susan Bishopric, deux créateurs de rêves, ont une mission : infiltrer la Ville et retrouver Truro Daine pour le descendre. Hollywood Blues est un exemple d’univers totalement virtuel, construit sur des archétypes existants et issus de l’esprit d’une seule personne qui contrôle toutes ses apparences.
La Cité des permutants, de Greg Egan (1994)
Paul Durham, à l’image de nombre de ses contemporains, a créé des copies virtuelles de lui-même, numérisées, qui lui permettront de vivre éternellement. Mais ces copies, même si elles contiennent le même schéma de sa personnalité et reçoivent tous ses souvenirs, sont-elles vraiment Paul Durham ? Et que penser d’une cité virtuelle modulable selon les besoins et se développant de façon indépendante, qui peut accueillir les avatars virtuels souhaitant vivre leur propre devenir ? Greg Egan traite ici du thème de la ville virtuelle en tant qu’entité indépendante et autonome, qui développe une existence propre. A travers l’image cette ville-univers, l’auteur s’interroge sur la réalité et notre perception de cette dernière.
Le Château, de Franz Kafka (1926)
Dans ce roman posthume et inachevé, que l’on peut qualifier de fantastique, K. arrive dans un village en tant qu’arpenteur. Mais dès son arrivée les choses se présentent étrangement. Afin de pouvoir exercer son métier il doit être présenté aux fonctionnaires officiels qui habitent le « château », ce qui semble au premier abord plutôt simple. Mais K. ne parvient pas à entrer en contact avec les habitants du château. Les situations absurdes se succèdent sans que K. ne parvienne à faire valoir son statut. Cette pièce centrale de l’œuvre de Kafka nous plonge dans un univers clos sur lui-même, un village dont les règles absconses isolent le narrateur.
Manhattan Transfer, de John Dos Passos (1925)
John Dos Passos prend la ville de New York pour sujet et propose un roman d’une grande modernité pour son époque. A travers le destin de plusieurs individus, qui ne restent finalement que des personnages secondaires, il retrace le développement de la ville de New York, dévoilant ses mystères et mettant l’accent sur l’anonymat qu’apporte cette grande ville à tous ses citoyens. Ce roman est l’incarnation d’une époque où l’on est passé du monde intimiste des héros romanesques à un univers plus collectif, où l’individu s’est fondu dans la masse. John Dos Passos joue notamment avec le langage et l’argot parlé, comme reflets des différents aspects de la ville. Les personnages s’apparentent aux notes de musique d’une partition plus vaste, celle de la ville. Même si ce roman n’est pas directement science-fictif, ni même fantastique à proprement parlé, il est un exemple intéressant de la ville comme personnage principal.
Et voici une liste complémentaire de quelques autres ouvrages traitant de la ville comme d’un élément central du propos :
- Ulysse, de James Joyce (1922)
- Le Meilleur des mondes, d’Aldous Huxley (1932)
- 1984, de George Orwell (1949)
- Le cycle des épées, de Fritz Leiber (1970)
- Le Monde inverti, de Christopher Priest (1974)
- La huitième couleur, de Terry Pratchett (1983)
- Le Fleuve des dieux, de Ian McDonald (2004)
- Le Goût de l’immortalité, de Catherine Dufour (2005)
- Les tours de Samarante, de Norbert Merjagnan (2008)
- Petits arrangements avec l’éternité, d’Eric Holstein (2009
- Zen City, de Grégoire Hervier (2009)
- Abyme : le Guide de la Cité des Ombres, de Raphaël Granier de Cassagnac et Muriel Algayre (2009)
- Kadath, de Mélanie Fazi et Raphaël Granier de Cassagnac (2010)
- Eternity Incorporated, de Raphaël Granier de Cassagnac (2011)
- Les loups de Prague, d'Olivier Paquet (2011)