Vingt-six ans après sa mort, Philip K.Dick n'a toujours pas fini de fasciner dans le monde entier. Hollywood ne se prive d’ailleurs pas pour piocher dans ses récits. En France, et peut-être plus qu’ailleurs, il est devenu un auteur culte depuis bien longtemps, ses interrogations sur le réel et sur l’humain ayant su toucher le public et les auteurs de SF. Rien de vraiment étonnant donc à voir arriver dans le rayon des nouveautés une petite anthologie rendant hommage à ce géant de la science fiction. Ce qui l’est plus finalement c’est qu’elle ne sorte que maintenant alors que l’anthologiste Richard Comballot porte le projet depuis des années et que son sommaire est plutôt alléchant avec des textes de Philippe Curval, Xavier Mauméjean, Jacques Barbéri, Richard Canal, Pierre Stolze et Daniel Walther. Un joli sommaire qui démontre assez l’attachement de l'Imaginaire francophone à Dick.
Le syndrome de la chouette en plein jour.
Premier constat, les auteurs de cette anthologie s’en sont donnés à cœur joie, exploitant la paranoïa de l’auteur et ses thèmes favoris ou jouant carrément avec lui pour en faire le héros de leur fiction. Dans le premier cas, on lira notamment Parce que mon nom est légion de Jean-Pierre Vernay mettant en scène John Edgar Hoover. Une sorte de complot science fictionnesque mélangé à la politique, et qui rappelle bien évidemment les ouvrages et la paranoïa de Dick, notamment lorsqu'il vivait dans le comté d'Orange. Même chose avec Richard Canal et sa belle nouvelle qui évoque Le Maître du Haut Château ou bien encore avec Dankon-club de Xavier Mauméjean qui se place dès la première ligne dans l’ambiance dickienne (« Philip K.Dick était mort, mais il avait de quoi payer »). Des textes qui ont le mérite de nous replonger dans l’atmosphère de ses romans.
Mais les plus touchants sont ceux où les auteurs se sont un peu éloignés de l’univers de Dick pour mieux parler de l’homme. Pierre Stolze fait fort en se mettant en scène lui-même à la rencontre de son auteur favori (Glissement de temps sur Manhattan). Jacques Barbéri fait lui de Philip K.Dick un personnage haut en couleur débarquant un soir comme le messie dans un bar de banlieue abritant des paumés au moment de la fermeture. C’est drôle, assez irrévérencieux et finalement assez génial (Les Amants du paradis artificiel, qu'on retrouve d'ailleurs dans son recueil, L'Homme qui parait aux araignées). On donnera également une mention particulière à Ugo Bellagamba et Laurent Queyssi. Ils ont signé ensemble sans doute les deux meilleurs textes de cette anthologie. Le premier, 707 Hacienda Way, raconte comment un jeune homme se rend au domicile de Jane Dick pour rencontrer la sœur jumelle de Philip. S’ensuit une discussion passionnante puisque dans ce monde, c’est Philip qui est décédé à la naissance et non sa sœur comme dans notre réalité. Dans Le syndrome de la chouette en plein jour leur narrateur est carrément Philip K.Dick lui-même recevant un jeune homme bien décidé à lui faire écrire un dernier roman de science fiction alors qu’il s’était promis de ne plus jamais y toucher. On y sent toute la tendresse des deux auteurs pour l’écrivain d’Ubik ou de Substance mort. Et pour finir sur ce festival de bons points, on signalera La Déesse venue du froid, une nouvelle d’Alain Dartevelle qui est en fait une longue lettre de Dick à sa mère Dorothy. Celle-ci aussi est passionnante.
Indispensable.
La science-fiction aurait sans doute eu un autre visage si Philip K.Dick n’avait pas existé et on l’a dit, cette anthologie est une belle preuve de l’attachement des auteurs français à ce personnage indispensable. Une belle preuve d'amour de la part d'écrivains que l’on sent aussi fascinés par l’œuvre que par l’homme. Il y a du respect mais aussi de la tendresse, même lorsqu'ils croquent ses défauts pour mieux le mettre en scène. D'ailleurs certaines nouvelles sont étonnantes d’érudition sur sa vie personnelle.
Il y un vrai plaisir à se plonger dans les jolies perles qui composent le sommaire. Un bel objet pour une belle anthologie sans doute aussi indispensable pour les fans de Dick que ses romans. Ne serait-ce que pour encore une fois se demander si ce monde et cette réalité sont vraiment les nôtres.
Le syndrome de la chouette en plein jour.
Premier constat, les auteurs de cette anthologie s’en sont donnés à cœur joie, exploitant la paranoïa de l’auteur et ses thèmes favoris ou jouant carrément avec lui pour en faire le héros de leur fiction. Dans le premier cas, on lira notamment Parce que mon nom est légion de Jean-Pierre Vernay mettant en scène John Edgar Hoover. Une sorte de complot science fictionnesque mélangé à la politique, et qui rappelle bien évidemment les ouvrages et la paranoïa de Dick, notamment lorsqu'il vivait dans le comté d'Orange. Même chose avec Richard Canal et sa belle nouvelle qui évoque Le Maître du Haut Château ou bien encore avec Dankon-club de Xavier Mauméjean qui se place dès la première ligne dans l’ambiance dickienne (« Philip K.Dick était mort, mais il avait de quoi payer »). Des textes qui ont le mérite de nous replonger dans l’atmosphère de ses romans.
Mais les plus touchants sont ceux où les auteurs se sont un peu éloignés de l’univers de Dick pour mieux parler de l’homme. Pierre Stolze fait fort en se mettant en scène lui-même à la rencontre de son auteur favori (Glissement de temps sur Manhattan). Jacques Barbéri fait lui de Philip K.Dick un personnage haut en couleur débarquant un soir comme le messie dans un bar de banlieue abritant des paumés au moment de la fermeture. C’est drôle, assez irrévérencieux et finalement assez génial (Les Amants du paradis artificiel, qu'on retrouve d'ailleurs dans son recueil, L'Homme qui parait aux araignées). On donnera également une mention particulière à Ugo Bellagamba et Laurent Queyssi. Ils ont signé ensemble sans doute les deux meilleurs textes de cette anthologie. Le premier, 707 Hacienda Way, raconte comment un jeune homme se rend au domicile de Jane Dick pour rencontrer la sœur jumelle de Philip. S’ensuit une discussion passionnante puisque dans ce monde, c’est Philip qui est décédé à la naissance et non sa sœur comme dans notre réalité. Dans Le syndrome de la chouette en plein jour leur narrateur est carrément Philip K.Dick lui-même recevant un jeune homme bien décidé à lui faire écrire un dernier roman de science fiction alors qu’il s’était promis de ne plus jamais y toucher. On y sent toute la tendresse des deux auteurs pour l’écrivain d’Ubik ou de Substance mort. Et pour finir sur ce festival de bons points, on signalera La Déesse venue du froid, une nouvelle d’Alain Dartevelle qui est en fait une longue lettre de Dick à sa mère Dorothy. Celle-ci aussi est passionnante.
Indispensable.
La science-fiction aurait sans doute eu un autre visage si Philip K.Dick n’avait pas existé et on l’a dit, cette anthologie est une belle preuve de l’attachement des auteurs français à ce personnage indispensable. Une belle preuve d'amour de la part d'écrivains que l’on sent aussi fascinés par l’œuvre que par l’homme. Il y a du respect mais aussi de la tendresse, même lorsqu'ils croquent ses défauts pour mieux le mettre en scène. D'ailleurs certaines nouvelles sont étonnantes d’érudition sur sa vie personnelle.
Il y un vrai plaisir à se plonger dans les jolies perles qui composent le sommaire. Un bel objet pour une belle anthologie sans doute aussi indispensable pour les fans de Dick que ses romans. Ne serait-ce que pour encore une fois se demander si ce monde et cette réalité sont vraiment les nôtres.