Un auteur inconnu
On a oublié la figure singulière de Gustav Meyrink, auteur allemand qui a longtemps vécu à Prague. Influencé par l’ésotérisme et la théosophie, passionné par la Kabbale, Meyrink a publié des romans qui ont marqué leur temps comme La nuit de Walpurgis, Le visage vert et bien sûr Le Golem, inspiré par le folklore juif de Prague, adapté plusieurs fois au cinéma. Il vient d’être réédité dans la collection Le rayon imaginaire d’Hachette.
Une quête dans Prague
Et voici donc l’histoire d’Athanasius Pernath, un goy qui vit dans le ghetto juif de Prague, aristocrate devenu ciseleur de gemmes. Amnésique, un peu reclus, Pernath reçoit un étrange visiteur qui lui demande de restaurer un livre: il découvrira plus tard qu’il s’agir du Golem, une étrange créature qui a pris vie grâce à la magie d’un rabbin. Cette visite remue Pernath, plus habitué à la vision du brocanteur Wassertrum, qu’il méprise, où aux apparitions de Rosina. Commence pour Pernath un voyage où il va explorer sa mémoire mais aussi le ghetto, ses personnages. Et ce recoin obscur au fond d’une chambre d’une vieille maison que tous évitent… Le Golem, lui, est là quelque part.
Un texte ardu et prenant
Ce roman, écrit à la première personne, est parfois difficile à suivre tant il emprunte plein de méandres où le personnage, en quête de ses souvenirs, se perd. On finit aussi rapidement par se demander si le narrateur n’est pas Pernath lui-même. Le Golem, né du Verbe, est ici une figure singulière, rôdant à travers les pages, en quête lui aussi de quelque chose… On sait, la préface le rappelle, que le Golem est un ancêtre des robots et des androïdes. On sait aussi que le texte de Meyrink a influencé Lovecraft lui-même, en partie pour cette ambiance hésitant entre quotidien et fantastique ésotérique. Le Golem est un roman essentiel pour les littératures de l’imaginaire. C’est aussi un lien vers la part juive de notre culture.
Sylvain Bonnet