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Ivoire, une légende du passé et du futur

Mike Resnick ( Auteur), Luc Carissimo (Traducteur), Johann Bodin (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 02/09/2010  -  livre
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Ivoire, une légende du passé et du futur

Mike Resnick est un auteur américain prolifique, qui a exercé parallèlement la profession d’éleveur de chiens – de colleys plus précisément.
Passionné par l’Afrique, il s’est souvent inspiré de ce continent pour écrire ses textes (Kirinyaga notamment) comme c’est le cas avec Ivoire, une légende du passé et du futur, qui a été publié en français pour la première fois en 1991.

Malima Temboz, la Montagne qui marche

En l’an 6303 de l’Ère Galactique, Duncan Rojas, chef du service de la Documentation de la compagnie Braxton, mène une vie des plus casanières, consacrant tout son temps à ses recherches qui consistent à authentifier toutes sortes de trophées de chasse. Son quotidien va être bouleversé par la venue de Bukoba Mandaka, le dernier des Masaï, qui lui confie une mission : retrouver les défenses de l’Eléphant du Kilimandjaro, perdues depuis des millénaires. Il est prêt à tout pour en prendre possession, car l’histoire de son peuple est étroitement liée au destin du roi des éléphants.

Les vertes collines d’Afrique

Cet éléphant du Kilimandjaro, c’est l’éléphant absolu et magistral dans toute sa grandeur. Chaque tribu d’Afrique le vénère à sa façon, et lui a donné un nom  : Malima Temboz, la Montagne qui marche ; Mrefu Kulika Twiga, Plus grand que les girafes ; Bwana Murato, Maître sillon ; Fezi Nyupi, Or blanc. L’objectif de Bukoba Mandaka, le dernier représentant de son ethnie, est de pouvoir récupérer les défenses de ce monstre sacré, afin de procéder à un rituel de la plus haute importance.
Duncan Rojas, qui voyage sans quitter le fauteuil de son bureau grâce à l’ordinateur central qui effectue les recherches à sa demande, se plonge avidement dans l’histoire de ces défenses et de ses propriétaires successifs, humains ou extraterrestres, pour tenter de les localiser. Le lecteur est donc entraîné à travers le temps, de 1885 après Jésus-Christ à l’an 6304 de l’Ère Galactique, de la Terre aux planètes les plus lointaines de la Frange galactique, dans une succession pas toujours chronologique, mais au gré des découvertes du documentaliste. La construction du roman, bien rythmée, alterne incursions dans le passé et retours au moment présent, entre les récits relatant l’histoire de l’ivoire et les interrogations de Duncan au sujet des motivations du Bukoba Mandaka.
Mike Resnick a élaboré son intrigue autour des traditions et des coutumes africaines mais navigue également entre les différentes planètes, pour construire par petites touches l’architecture de son univers, et les personnages secondaires trouvent toute leur importance pour en dessiner les contours. En fin de compte, le roman ressemble à un enchaînement de nouvelles, reliées entre elles par le récit principal, à chaque retour au présent.

Une SF désabusée

La Terre est pratiquement abandonnée depuis que les Hommes se sont envolés pour les étoiles. Sur fond de space-opera classique, Ivoire raconte la folie humaine et ses rêves de grandeur, comment l’honneur et l’orgueil peuvent perdre ou construire tout un peuple. C’est l’histoire d’une quête tout autant qu’une réflexion sur le poids des responsabilités.
Mike Resnick s’intéresse au courage et à la faiblesse humaine, avec des personnages des plus antagoniques : Bukoba Mandaka, le dernier des Masaï et Esther Kamau, la conservatrice du musée du Nouveau Kenya, tout entiers dédiés à leur devoir ; l'archéologue Euphrates Pym ou le tyran Gengis Marcus Alexandre Augustus Rex, imbus de leur personnes et profondément égoïstes ; Tahiti Benoit, la voleuse, et Matthew Kibo, le politicien, toujours prêts à saisir une opportunité et se jouer de la faiblesse des autres… Duncan Rojas et Bukoba Mandaka quant à eux se ressemblent, ayant tous deux choisi de se retirer du monde, de vivre en solitaires, par inclination pour l’un, par obligation pour l’autre, mais pareillement retranchés dans leur tour d’ivoire et qui vont, le temps de cette recherche commune, échanger pour la première et la dernière fois de façon profonde avec « l’autre ». Enfin, les passages consacrés au périple de l’Éléphant du Kilimandjaro sont empreints de nostalgie pour les jours anciens, quand les Hommes croyaient encore aux légendes et leur donnaient vie.
Ce roman, bien que datant de la fin des années 1980 n’est pas dépassé. Derrière la trame principale, qui ne réserve pas de surprises étonnantes, il met en scène des valeurs et des symboles forts, qui conservent encore aujourd’hui leur impact. Seules certaines innovations technologiques utilisées par Duncan Rojas peuvent paraître de nos jours moins futuristes, tels les trottoirs roulants à grande vitesse ou la chaise chauffante et volante, mais cela reste anecdotique et n’a aucune incidence sur la lecture.

À savourer


Ivoire est un roman intemporel et mélancolique, qu’il faut prendre le temps d’apprécier. Même si l’on est tenté de le lire d’une traite, il gagne en force si on se laisse tranquillement conduire par les différentes séquences chronologiques.

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