Joseph Denize, à l’origine scénariste, a publié en 2020 Quand on parle du diable, déjà chez Julliard et déjà ancré dans le fantastique. Son deuxième roman, Je suis les ténèbres, on va le voir, ne manque pas d’ambition.
Au cœur de l’Afrique
Jan Kurtz, jeune agent de commerce belge, part pour le Congo en espérant faire fortune grâce au commerce de l’ivoire et ainsi pouvoir épouser son grand amour, Virginia. Il fait connaissance à Léopoldville de Moreau, qui embarque comme lui sur le fleuve Congo. Tandis que Moreau part explorer le pays, Kurtz occupe un poste avec trois associés. Il découvre les coutumes des indigènes, qui lui répugnent, et la vraie nature de ses associés, des soudards violents. Kurtz tombe malade et commence à délirer. Pris de folie, il tue ses associés et gagne le respect des indigènes qui se mettent à le vénérer comme un Dieu. Kurtz se prend au jeu… Jusqu’au jour où deux hommes à l’allure étrange viennent le chercher. Là, il rencontre une créature, Akkâ, et couche avec elle. Puis il retrouve Moreau. Ce dernier lui révèle qu’ils sont les hôtes des Profonds, des créatures non-humaines, et qu’un mystère très ancien se cache au cœur de la forêt…
Un roman ambitieux
Avec Je suis les ténèbres, Joseph Denize a voulu marier Joseph Conrad (le nom de Kurtz, la remontée du fleuve) et Lovecraft (les Profonds) : chapeau bas, il fallait le faire ! Le récit est celui de Kurtz, on sent la transe qui l’habite et le vernis de la civilisation qui le quitte petit à petit. On comprend aussi que petit à petit, Kurtz s’adresse à quelqu’un d’autre, un second narrateur dont on découvrira l’identité à la fin. Bon roman fantastique, Je suis les ténèbres suscite le malaise et l’effroi chez le lecteur.
Sylvain Bonnet