Un auteur chinois, l’avenir de la science-fiction
La Mort immortelle constitue la suite (et fin) du cycle inauguré par le chinois Liu Cixin dans Le Problème à trois corps et poursuivi dans La Forêt sombre. Il s’agit là d’un véritable phénomène éditorial : Le Problème à trois corps a remporté ainsi le prix Hugo du meilleur roman en 2015 et La Mort immortelle le prix Locus en 2017. Alors qu’est-ce que cache ce cycle ?
Résumé des épisodes précédents
Dans Le Problème à trois corps, on découvrait l’histoire de la scientifique Ye Wenjie dont le père a été assassiné durant la révolution culturelle en Chine. Affectée à la base de la Côte Rouge, Ye Wenjie travaille sur la radiotélescopie et, à un moment, elle reçoit le signal d’une civilisation extraterrestre, Trisolaris. Dégoûtée de l’humanité, Ye Wenjie accepte de fonder une cinquième colonne, l’OTT chargée de préparer l’arrivée sur Terre des Trisolariens. L’OTT sera cependant découverte et en partie neutralisée. Les Nations Unies décident alors de réagir et d’intensifier les recherches scientifiques pour combler le retard de l’humanité. Peine perdue, les Trisolariens envoient des particules spatiales intelligentes, les intellectrons, afin de bloquer la recherche fondamentale. La forêt sombre raconte les efforts des hommes avec le programme des « Colmateurs » dont le but est de trouver des parades contre les Trisolariens. Les hommes, à travers les siècles, iront de déconvenue en déconvenue, jusqu’au massacre de la flotte spatiale humaine. Seul un signal radio révélant l’existence de la forêt sombre, qui détruit les civilisations naissantes dans l’univers (la réponse au paradoxe de Fermi ?), réussit à ramener la paix entre la Terre et Trisolaris. Jusqu’à quand ?
L’amour et la mort
Au vingt et unième siècle, le chinois Yun Tianming est en train de mourir d’un cancer. Richissime, il décide d’acheter une étoile et de la donner à Cheng Xin, la seule femme qu’il a aimée. Celle-ci participe au programme des Nations Unis des Colmateurs et est hibernée tandis qu’on récupère le cerveau de Yun Tianming pour l’envoyer dans une sonde vers les Trisolariens.
A son réveil, Cheng Xin devient la « porte-épée », à la place de Luo Ji, l’homme de La Forêt sombre. La jeune femme échoue cependant lorsque les Trisolariens réussissent à reprendre la main. L’humanité est alors condamnée à émigrer en Australie (un milliard de personnes !) tandis que les Trisolariens arrivent… Sauf qu’un humain révèlent les coordonnées de leur monde natal, bientôt détruit par la forêt sombre. Fin de la menace donc… Sauf que la Terre, elle aussi, va devoir affronter la forêt sombre. Cheng Xin reçoit alors un message de son ancien camarade, Yun Tianming, devenu un membre de la flotte des survivants de Trisolaris. Cela sera-t-il suffisant pour sauver la Terre ? Et que cachent les actions de la « forêt sombre » sur la nature de notre univers ?
Un final ambigu
On ressort de La Mort immortelle avec des impressions contrastées. Nous sommes ici devant un cycle important, de l’envergure de Dune ou d’Hypérion, cela ne fait pas l’ombre d’un doute. Au fur et à mesure de la lecture, on est atteint par le vertige, tant les révélations « cosmiques » s’enchaînent. Au détriment de l’histoire ? On a du mal à comprendre le personnage de Cheng Xin (mais faut-il la comprendre ?). En tout cas, Liu Cixin est un auteur majeur, tant à cause de son ambition conceptuelle que des personnages qu’il fait vivre: lecteur, il faut lire ce cycle !
Sylvain Bonnet