Pierre Pevel est un excellent créateur d’univers qu’il a décliné en romans. Parmi eux figure Le Paris des Merveilles qui a fait l’objet d’une trilogie, puis d’un jeu de carte numériques, d’une série en bande dessinée dérivée avec Les Artilleuses, et d’un jeu de rôle solo. Cette fois, c’est le premier de ses romans dans cet univers qui fait l’objet d’une adaptation en bande dessinée. Le dessinateur Etienne Willem, déjà à l’œuvre dans Les Artilleuses, signe dessins et scénario, Pierre Pevel les dialogues, et Tanja Wenisch les couleurs. Ce premier opus s’intitule Le Paris des merveilles, tome 1 : Les enchantements d'Ambremer et vient de paraitre en novembre chez Drakoo. Chaque roman de la trilogie devrait être adapté et sera divisé en 2 tomes.
L’univers et les personnages.
Ce premier tome présente l’univers et les personnages. Il est une bonne introduction au Paris des Merveilles. Mais pour ceux qui le connaissent, c’est un plaisir de mettre en images des personnages connus ou des paysages urbains. Paris en 1909 ressemble à celui que l’on connait dans les livres d’histoire, mais est aussi très différent. La découverte de l’Outremonde, un monde magique et féérique dirigé par une reine fée, depuis sa capitale d’Ambremer un siècle plus tôt, a changé la donne. Les êtres féériques sont connus, et on trouve dans les rues de la capitale des gnomes, des gobelins ou même des dragons et des fées. Ambremer est reliée à Paris par une ligne de métro, et la tour Eiffel est en bois blanc. La magie interfère dans la vie quotidienne des Parisiens. Les cercles de mages sont très courus, et le personnage principal est un mage, Louis Denizart Hippolyte Griffont. C’est un dandy et un gentleman qui a pour compagnon un chat ailé au nom étrange d’Azincourt. L’histoire suit aussi la baronne Isabel de Saint Gil, dont on sait assez peu de choses dans ce premier tome, mais qui se révèle pleine de surprises.
L’histoire
Le directeur d’un cercle de jeu privé vient quérir les services de Griffont pour enquêter sur un joueur qu’il soupçonne de tricher grâce à la magie, tant sa chance est insolente. Cette investigation simple au premier abord va l’entrainer dans des affaires plus sombres et compliquées où il est question de trafic d’objets magiques et d’une affaire d’État complexe, entre empire russe et diplomates français. Au milieu de tout cela, une mystérieuse cambrioleuse refait surface dans la vie de Griffont. L’intrigue de ce premier tome est prenante et se termine sur un suspens qui donne envie de lire la suite rapidement. Les protagonistes sont assez nombreux et l’univers riche. Il faut un peu de temps pour se familiariser avec tous ces personnages, mais le dessin de Étienne Willem permet de facilement les reconnaitre.
Le mélange de féerie, de magie, d’enquêtes, d’actions et de la belle époque fonctionne à merveille. Chaque planche fourmille de détails, avec des clins d’œil à la pop culture ou à la période historique. Les personnages sont bien campés et très expressifs avec des dialogues pétillants. Dès les premières pages, le décor est planté avec un dessin fluide et dynamique où les diverses actions sont très bien rendues. Les couleurs de Tanja Wenisch finissent d’apporter un aspect visuel très réussi en créant de belles ambiances.
Ce premier tome des Enchantements d’Ambremer est donc une réussite, avec un univers de fantasy dans le Paris de la belle époque. Il allie humour, action, magie, espionnage dans des décors soignés et nous emmène avec plaisir dans cet autre monde qu’on quitte à regret avec la hâte d’y retourner rapidement pour se promener au milieu des créatures féériques dans les rues de ce Paris si merveilleux.