En 1979, Hajime Yatate et Yoshiyuki Tomino créent la série animée Mobile Suit Gundam. Elle met en scène un univers futuriste dans lequel l’humanité s’est étendue dans des colonies spatiales pour lutter contre la surpopulation. Les mobile suits, armures gigantesques pilotées de l’intérieur par des humains, sont les instruments principaux de guerres intestines qui déciment les populations. La série originale de 43 épisodes, malgré des débuts difficiles, donne vite naissance à des dizaines de séries dérivées, films et mangas, constituant un véritable phénomène pour les fans du genre.
Mobile Suit Gundam The Origin est la version manga de la série originale. Sa parution ne date pourtant que de 2002 au Japon (2006 en France), alors que d’autres mangas s’inscrivant dans l’univers de Gundam sont déjà sortis. Elle est scénarisée et dessinée par Yoshikazu Yasuhiko, qui s’occupa du design des personnages et de la direction de l’animation sur la série animée.
U.C. 79
En l’an 79 U.C. (Universal Century), cela fait cinquante ans que l’humanité a essaimé dans l’espace. Des colonies cylindriques accueillent des millions d’habitants qui y retrouvent les mêmes conditions de vie que sur la Terre. Mais quelques mois plus tôt, une guerre a éclaté entre les Forces Fédérales Terriennes et le duché de Zeon, colonie ayant déclaré son indépendance. Le conflit meurtrier s’est enlisé et des accords fragiles maintiennent le statu quo. Lors d’une mission d’espionnage, un commando de Zeon tombe nez à nez avec la nouvelle arme de l’alliance terrienne, le Gundam. Cette nouvelle génération de mobile suit, armure robotique démesurée pilotée par un humain, semble indestructible. Amuro, fils du créateur du Gundam, se retrouve par hasard aux commandes.
Un graphisme rétro séduisant
L’originalité de ce manga par rapport à la production actuelle est sans conteste son graphisme, volontairement rétro pour évoquer l’époque de la création de la série. Alors que la plupart des mangas SF présente un trait acéré, donnant aux visages et aux décors un aspect pointu, en lame de couteau, celui de Mobile Suit Gundam The Origin est plus arrondi, plus volumineux et n’est pas sans rappeler les séries des années 80 comme Jeanne et Serge. A cela s’ajoute une bonne utilisation des ombres qui donnent du relief au dessin, ainsi que quelques planches en couleurs pâles qui renforcent l’aspect kitsch du graphisme. L’ensemble est très agréable à l’œil. Seuls les dialogues, trop souvent entrecoupés de points de suspension, gênent la fluidité de la lecture.
Un scénario simpliste et banal
Dommage que le scénario ne soit pas à la hauteur. Il s’appuie pourtant sur une base assez réaliste en s’inspirant directement des colonies spatiales cylindriques imaginées par le physicien O’Neill en 1974, ce qui donne une assise crédible à l’univers des séries Gundam. Mais au-delà de ça, l’histoire est d’une banalité presque ennuyeuse pour qui n’est pas fan des mechas (les mangas mettant en scène des armures robotisées). Le message de fond sur les horreurs de la guerre est plutôt bien illustré, en particulier dans les scènes où les civils sont touchés. Mais on en revient systématiquement à la course à l’armement entre deux camps adverses, qui donne lieu à des combats dénués d’originalité. Les personnages sont stéréotypés et n’ont aucune psychologie. Et la façon dont Amuro prend les commandes du Gundam, sans entraînement ni connaissance du système, manque profondément de crédibilité. Le fait que son père soit le créateur du Gundam n’est pas exploité (peut-être le sera-t-il dans les prochains tomes ?), faisant souffrir ce manga, sur ce point précis, de la comparaison avec une autre série plus récente et plus réussie, Evangelion.
Un premier tome peu convaincant
Malgré un graphisme original et séduisant, Mobile Suit Gundam The Origin ne semble pas devoir s’écarter d’un scénario très classique et banalisé, voire formaté. Ce premier tome ne suffit certes pas à se faire un avis définitif sur la série, et les grands lecteurs de mechas y trouveront sans doute leur compte, mais il aura du mal à capter un public non averti.