Un auteur à succès
Richard Morgan s’est fait connaître comme l’auteur d’Altered Carbon en 2003, qui a ensuite été adapté en série sur Netflix. Adepte d’une science-fiction tourné vers l’action, il ne néglige pas pour autant l’aspect anticipation comme on va le voir avec Market Forces qui a obtenu le Prix John W. Campbell Memorial en 2005.
Réussir à tout prix ?
Milieu du XXIe siècle à Londres : le jeune Chris Faulkner intègre la société Shorn Associates, spécialisée dans la gestion des conflits dans le tiers monde. Pour lui qui a grandi dans une des zones les plus pauvres d’Angleterre, c’est une forme de consécration. Chris s’attire la sympathie de Mike Bryant, un cadre de haute volée et se bâtit bientôt une réputation de dur. Car, lorsqu’un conflit éclate entre cadres, il se règle dans un duel à mort sur la route. Chris a la chance de pouvoir compter sur sa femme Carla, une talentueuse mécanicienne qui s’occupe de sa voiture. Mais plus il travaille chez Shorn, plus la pression augmente et plus son couple se dégrade. Combien de temps Chris va-t-il tenir ? Est-il prêt à payer le prix ?
Une anticipation du néolibéralisme poussé à son paroxysme
Market Forces, derrière l’apparence d’une fiction testostéronée, est un roman politique. Morgan prend les ingrédients du néolibéralisme actuel (culte de la concurrence, recherche du profit à tout prix, individualisme paroxystique, démantèlement des politiques publiques) et les pousse jusqu’au bout. Dans ce roman, les cadres gèrent des comptes de dictateurs et de leaders de rébellions, leur vendent des armes sans aucun scrupule, sans gardes fous. Ils vivent dans des tours protégées par des polices privées, loin des zones les plus pauvres et règlent leurs problèmes dans des courses de voitures mortelles. Et sont manipulés bien sûr. Bienvenue dans le monde qui vient (et que rien n’arrête au fond).
Réussi et glaçant.
Sylvain Bonnet