Tenet (qu’on ne présente plus, mais qu’on va présenter tout de même) est le dernier long métrage de Christopher Nolan, sorti en 2020. John David Washington, Robert Pattinson, Elizabeth Debicki, Kenneth Branagh et Aaron Taylor-Johnson son notamment au casting, mais également Michael Caine, Dimple Kapadia ou encore la française Clémence Poésy.
Alors que le film se base sur une histoire d’espionnage assez classique pour le genre, twisté par un concept qui fait le film : certains objets ont vus leur entropie inversée : leur timeline va dans le sens inverse de la timeline « normale ».
Bon.
Si plusieurs fois au sein de film des explications sont données (d’abord une scientifique explique au protagoniste avec des démonstrations ce qui l'attend, puis Neil se lance dans des explications scientifiques avec son Master en physique), il est vraisemblablement impossible de saisir réellement ce que cela provoque et implique — ce n’est par ailleurs pas le but du film.
Christopher Nolan réussit à prétendre que cela pourrait potentiellement exister, qu’il s’agit d’une découverte scientifiquement défendable sans prétendre à de la magie ou à un univers inventé, et c'est à mon sens cela qui compte.
Le budget et les choix fait vont dans ce sens : c’est un réel avion qui a été détruit pour la scène dans l’aéroport par exemple. Moins de CGI pour plus de réalisme. Le film s'appuie également (sans grande surprise) sur beaucoup de détails — que l’on peut saisir, ou non, au premier visionnage. Je peux parler ici des locations (Danemark, Estonie, Inde, Italie, Angleterre, États-Unis) qui apportent une authenticité (qu’on retrouve tout autant dans la série Sense 8 des soeurs Wachowski) ; mais aussi du carré Sator, qui se décline dans le film — le nom du méchant, le nom du marchand d’art, le nom du concept. La richesse du film se lit un peu partout sur internet, avec de multiples théories qui fleurissent, par exemple sur le porte-bonheur accroché au sac de Neil.
(Thread) Je viens de sortir de #Tenet de Nolan. Et j'ai vu de nombreux liens avec le Carré magique Sator.
— Pauline Darley (@paulinedarley) August 30, 2020
Si vous n'avez pas vu le film, si vous ne voulez pas être spoilés ne lisez pas 🎬 pic.twitter.com/mAF8A5lGyX
Un petit "fil" spoiler consacré à un détail essentiel de #Tenet que je n'explique pas dans ma vidéo ⬇️ pic.twitter.com/M3NJRIPi9y
— Captain Popcorn (@CapPopcorn) August 30, 2020
Les avis également sont assez tranchés. Un avis très net pour Durendal1 qui n’a pas aimé, et découpe même sa vidéo « inutilement et artificiellement compliqué », « superficiel », « incohérences », « manque de grandiose », etc. Le Joueur du Grenier (dans le bazar du grenier) ? Pas convaincu non plus, et il conclut même sur la scène finale « c’est impressionnant mais on comprend rien ». Si vous voulez trouver une vidéo qui décortique tout le film (avec spoilers), vous pouvez vous tourner vers celle de Captain Popcorn, argumentée et complète.
Pour ma part, je trouve que Tenet est un bon film de divertissement. Ce n’est peut-être pas le meilleur de Nolan (en toute subjectivité bien entendu), mais il reste intelligent. Pour un retour au cinéma après des mois, malgré un avis en demi-teinte, ça restait plus de deux heures immersives et plaisantes.
Le casting fonctionne — notamment Robert Pattinson, sans trop de surprise après The Lost City of Z et Good Time. Si certaines scènes semblent être sorties de nulle part (la course de catamaran???), la précision du reste, avec un montage de qualité rendent justice à l'intrigue et au concept. Les plans souvent rapprochés des acteurs contribuent à cette sorte de course avant — qui entraine mais fatigue — qui laisse peu de place aux doutes.
Le personnage principal se lance dans l’aventure avec un étrange naturel, comme s’il n’avait pas de passé, pas d’attaches, à peine un nom.
Au milieu des explications du concept, pas étonnant que le spectateur puisse se sentir paumé, mais certains détails sont suffisamment peaufinés selon moi, pour nous rattraper dans les moments un peu flottants. La musique notamment (par le compositeur - Ludwig Göransson (Black Panther)), est renversée quand leur timeline l’est également. Les ellipses évitent les explications trop laborieuses, la crédulité des personnages permet (malgré le manque de crédibilité que cela provoque) de laisser le film avancer. Bien entendu, il est nécessaire pour regarder Tenet de ne pas trop s’accrocher sur certains éléments (manque d’explications sur les protagonistes parfois, de loooongues scènes en reverse avec les oiseaux dans le mauvais sens qui s’étirent un peu, une résolution finale du problème mais pas d’explications du contexte global).
Deuxième point très positif : le film m’est resté en tête plusieurs jours, que ça soit pour ses concepts ou pour certaines scènes qui se sont diluées pendant quelques temps. Lorsque Cooper attrape la balle inversée, c’est parce qu’il sait qu’il l’attrape. C’est comme ça que semble marcher le concept, c’est parce que le protagoniste sait, que ça arrive. C’est parce qu’il peut sauver le monde, qu’il le fait. C’est parce qu’il est le meilleur pour crocheter des serrures qu’il doit y retourner. Chaque personnage tire les ficelles d’avenir(s) qui le dépassent, lui-même imbriqué dans des timelines qu’il ne maîtrise pas toujours. Les dialogues rendent assez bien les émotions même si, par moment, aucun temps n’est laissé au spectateur pour réellement ressentir ce que les protagonistes traversent. Malgré tout, le rendu est très esthétique (Hoyte Van Hoytema en directeur de la photographie), fluide, divertissant. Parfois même touchant.
Pour un retour en salles, je conseille vraiment d’aller voir Tenet qui se laisse sans aucun doute bien mieux appréhender sur grand écran.
En vous laissant sur un fanart d'une de mes illustratrices préférées de tous les temps.
G.