- le  
Trois bonnes raisons de lire La Machine de Katia Lanero Zamora
Commenter

Trois bonnes raisons de lire La Machine de Katia Lanero Zamora

Avec Katia nous avons eu de la chance, celle d'avoir notre première rencontre immortalisée en photo. La scène se déroule aux Imaginales, et sur la recommandation de Damien Snyers, on nous y voit discuter de part et d'autre du stand, des Ombres d'Esver, un roman qu'elle compte nous envoyer chez Actusf. A la lecture du manuscrit, je découvre un univers, une plume, des personnages et dans l'intrigue un drame qui me remue. Aussitôt je la recontacte pour le publier. Ainsi commence notre histoire éditeur / autrice et une longue conversation ininterrompue. Rapidement elle évoque son projet d'écrire « la Machine », un diptyque en écho à son histoire familiale sur fond d'immigration en Belgique. Là encore je suis séduit par son récit. Pourquoi ? En voici les trois raisons principales...

D'abord pour son arrière plan.

La Machine se déroule dans un pays imaginaire en des temps difficiles. La royauté vient d'être écartée par une toute jeune République mais rêve de revenir aux affaires. Dans le même temps, au cœur du pays, les travailleurs s'organisent pour revendiquer un peu plus de droits, un peu plus de terres à cultiver par eux mêmes pour sortir de la misère. Leur parti semble en bonne position pour les élections à venir, ce qui évidemment irrite au plus haut point les riches propriétaires agricoles et industriels qui les exploitent. Voilà le contexte brûlant qui s'impose dès les premières pages de ce roman, tel une cocotte minute sous pression. Personne ne semble vouloir conserver le fragile équilibre qui existe. Le monde va assurément basculer... On lit les premières flammes de l'incendie à venir.



Ensuite pour ses personnages.

On suit une riche famille qui a été anoblit quelques décennies plus tôt. En son sein deux frères, Vian et Andrès, qui ont perdu leur mère, grandissent tiraillés entre les envies de rejoindre les petits paysans du coin et celles de faire plaisir et honneur à leur père et leur grand père. Et les années passant, les tensions deviendront encore plus fortes, leurs changements intimes croiseront les grandes idéologies qui traversent leur temps. Andrès veut rejoindre la cause des révolutionnaires de La Machine. Vian est lui plus posé, se pliant plus volontiers aux obligations de son rang avant de rejoindre l'armée et la gloire qui lui est promise. Ils s'aiment, ils grandissent, ils se questionnent, ils s'opposent... Leurs tourments sont ceux de leur monde, leur histoire celle d'un pays, leurs hésitations celles de tout un peuple. La grande et la petite histoire se font échos brutalement. On pourrait croire tout cela facile, il n'en est rien. Le doute ne cessera l'un et l'autre de les habiter. Et nous, quelle cause aurions nous embrassé ?


Pour son contexte historique enfin.

On l'a dit, ce roman fait écho à l'histoire de l'Espagne dans les années 30, juste avant la guerre civile et l'arrivée au pouvoir de Franco. Katia a choisi l'allégorie et placer tout cela dans un pays imaginaire. Elle l'a écrit dans cette interview : « Je voulais quelque part traverser cette époque grâce à des personnages fictifs parce que c'était plus facile pour moi d'écrire sans avoir peur de ne pas coller à la réalité. » Cela nous donne une bonne excuse pour publier ce livre au sein des éditions Actusf. Au-delà de l'argument, le contexte est passionnant. Katia nous fait vraiment toucher du doigt le déchirement que fut sans doute cette période pour de nombreuses personnes et de nombreuses familles. C'est ce qu'elle écrit dans le même entretien « Ce n'est pas la réalité, et même temps, des Andrès et des Vian, il y en a certainement eu dans toutes les guerres civiles: les familles se déchirent, les frères et sœurs se séparent, les voisins se dénoncent. C'est ce qui est arrivé à ma famille. » C'est le grand pouvoir de la fiction sur le réel, nous permettre d'habiter quelques temps les personnages qui ont traversé l'Histoire dans des moments franchement compliquées. Et chez Katia, il n'y a que peu de manichéisme. Évidemment, l'idéal révolutionnaire raisonne, mais elle le questionne aussi. Ce qui peut sembler enviable n'est pas exempt de doutes et de critiques.

Lisez ce livre ! C'est un excellent roman, avec des passages vraiment forts, d'autres totalement passionnants. Les premières chroniques me rassurent, elles partagent mon avis. Et je partage le leur : j'ai hâte de lire le deuxième tome de ce diptyque !

à lire aussi

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?