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Trois bonnes raisons de lire La Passe-miroir de Christelle Dabos
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Trois bonnes raisons de lire La Passe-miroir de Christelle Dabos

Aujourd'hui, découvrez trois bonnes raisons de lire La Passe-Miroir de Christelle Dabos !

« Comment clôturer en beauté une saga qui passionne des centaines de milliers de lecteurs ? C'était le défi complexe de Christelle Dabos, l'auteure d'une histoire en quatre tomes dont l'héroïne, Ophélie, traverse les miroirs... En novembre 2019, Christelle Dabos publiait La Tempête des échos, l'ultime volume venant conclure sa tétralogie aux 500 000 exemplaires vendus, La Passe-miroir. Dans ce dernier tome, une terrible tempête, celle de mystérieux échos, menace de détruire tout ce qu'Ophélie a jamais connu... »

Babelio

Au mois d’octobre 2020, paraissait cette incroyable histoire dans un très beau coffret avec les 4 tomes chez Gallimard jeunesse. Comment chroniquer cette somme de destins foisonnants sans risquer de tomber dans les paraphrases et de « presque forcément » décevoir les centaines de milliers de lecteurs passionnés ?

D’abord en racontant la queue gigantesque des jeunes se serrant les uns contre les autres pour apercevoir, discuter quelques instants et se faire dédicacer leur(s) précieux ouvrages par une autrice ravie et souriante aux Oniriques à Meyzieu, près de Lyon, en 2019. Une première découverte pour moi de cette autrice française, belge d’adoption.

Ensuite, parce que passer à côté n’était tout simplement pas envisageable, surtout une fois que la boucle est bouclée après un travail phénoménal de l’autrice. Décrire en quelques mots le monde façonné par celle-ci et évoquer la quantité de personnages crées relève d’un vrai défi. Mon idée est donc de juste donner envie de se plonger sans retenue dans l’histoire d’Ophélie et Thorn, des villes flottantes et de leur presque fin, de la folie des esprits de famille et de leurs descendants, de la magie qui enivre les acteurs de cette histoire complexe, quitte à se prendre pour Dieu.

Un univers et une imagination débridés

Évitez de regarder les couvertures des livres que vous avez en mains. Bizarre non ! Je crois que c’est la première fois que je suggère une telle chose. Il faut entrer dans La Passe miroir avec l’esprit ouvert à tous les dessins et desseins, à entrer dans la sarabande de la magie et à découvrir des arches de survie subsistant après la Déchirure et la quasi fin du monde. Vingt arches et autant de mondes différents.

Quatre tomes pour établir avec l’héroïne, Ophélie, des liens qui vont manger vos nuits. Dans ces mondes suspendus, résidus de pouvoir donnés à des chefs de famille à la limite de la démence, elle, la binoclarde qui n’a pas confiance en elle, va déjouer les pires complots, avec l’aide de personnages secondaires savamment croqués. Ophélie peut « lire » le passé des objets et traverser les miroirs. Tour à tour fiancée de force et obligée de quitter le cocon familial, enquêtrice sans peurs, vice-conteuse d’une cour aux multiples secrets, elle ne se donne rien moins comme objectif que de sauver le monde d’un effondrement total et l’homme qu’elle se surprend à aimer.

Quoi de plus envoutant pour quelqu’un qui aime lire que de découvrir que toutes ces coulisses apparemment hermétiques, ces secrets inavoués, cette folie de survie, trouvent leur origine dans un livre. LE LIVRE. Pas n’importe lequel. A vous de démasquer l’originel.

Une histoire d’amour hors frontières

« Ecoute-moi bien, fille… Tu es la personnalité la plus forte de la famille. Je te prédis que la volonté de ton mari se brisera sur la tienne ».

Rarement les premières pages de la rencontre entre les deux personnages principaux d’une histoire n’auront autant poussé le lecteur à espérer un renversement de situation. Ophélie et Thorn ou le duo improbable de deux forces apparemment opposées et qui vont se frotter, ensemble, à l’impensable. Ou comment l’apparente fragilité de l’une va entrer en cohésion avec le redoutable aspect et l’immense complexité de l’autre, ouvrant les frontières de l’esprit et des mondes traversés.

« Le personnage de Thorn m’est venu immédiatement après l’émergence du personnage d’Ophélie : il est le contrepoint qui va la bousculer, et la réciproque est vraie. Il était important pour moi de voir ces personnages évoluer l’un avec l’autre, mais aussi l’un sans l’autre. De l’incompréhension à l’absence, en passant par des moments de grâce où la notion même de séparation ne veut plus rien dire. » nous dit l’autrice.

Mais l’ode à la différence touche aussi aux amours singulières de deux mères pour leurs enfants, qu’il s’agisse de celui qu’on attend ou de ceux qu’on crée. Finalement, le principal est là : l’héritage, y compris pour cette quasi divinité que l’autrice met très longtemps à nous faire découvrir et qui est le sel, empoisonné peut-être, de cette tragédie. Ou une allégorie de « l’écriture comme acte de création » avoue l’autrice.

« Ça me revient, Dieu a été puni. Ce jour-là j’ai compris que Dieu n’était pas tout-puissant. Je ne l’ai plus jamais revu depuis».

Une écriture ciselée

Il y a peu de livres de cette envergure en France qui m’ont autant passionnée notamment par une écriture nerveuse, très visuelle, recherchée mais sans tomber dans l’excès. L’autrice sait mêler les illusions et les lieux réels comme personne.

Elle n’hésite pas à créer des néologismes qui vous restent en tête parce qu’ils ont été mangés et digérés : la « passe-miroir » bien sûr, la « Citacielle », le « Clairdelune », la « liseuse », le « tac-si »…

Ou à faire de mots ou objets connus, des outils de destruction massive : les griffes ou la mémoire de Thorn, les sabliers, l’écharpe magique de la jeune fille, les Mirages… Alors Horreur ? Humour ? Pouvoirs ? Dons ? Dieu créateur et destructeur des mondes ? On découvre que cette autrice pas comme les autres a amassé une quantité étonnante de savoirs-écrire.

Il y a une forme de déception qui s’est emparée d’une partie du lectorat assidu à la sortie du 4e tome. Les effondrements se multiplient, de plus en plus impressionnants : Babel, le Pôle, Anima... aucune arche n'est épargnée. Pour éviter l'anéantissement total il faut trouver le responsable. Trouver l'Autre. Mais comment faire sans même savoir à quoi il ressemble ?

Plus unis que jamais, Ophélie et Thorn s'engagent sur des chemins inconnus où les échos du passé et du présent les mèneront vers la clef de toutes les énigmes. Mais ce dernier tome est sans doute le plus difficile à lire et à comprendre. Non seulement, Christelle Dabos arrive à résoudre tous les mystères en suspens, mais elle creuse encore davantage son histoire quitte à perdre ses lecteurs, parfois, dans de nouveaux puzzles.

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