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Trois bonnes raisons de lire Le Passage de Justin Cronin
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Trois bonnes raisons de lire Le Passage de Justin Cronin

Le Passage fait partie de ces livres pavés qu'on a parfois du mal à commencer. Voici trois bonnes raisons de lire ce roman, le premier d'une trilogie de Justin Cronin.

« Chacun a son idée du « monde d’après » mais personne ne sait encore comment le faire devenir commun ». Interview d’Olivier Paquet sur Numerama.com du 25 avril 2020

Attaquer Le Passage de Justin Cronin, c’est demander à son esprit de s’ouvrir un passage particulier. Parce qu’il faudra des jours, et des nuits, et des semaines peut-être pour se confronter à SON « monde d’après ». Il est déraisonnable de penser qu’on pourra s’en sortir indemne.

 

Le Passage, c’est une histoire de survie. C’est une histoire d’humanité reconstruite. Le monde a sombré dans le chaos. Une épidémie, dont l’origine ne fut jamais identifiée, a transformé l’homme en mutant et réduit la population à néant. Alors les survivants se sont créé des zones de défense, d’autarcie, sans savoir ce qui se passe ailleurs. Un jour, il faut prendre les armes, avoir peur, marcher et se cacher, choisir de rejoindre les autres, risquer de devenir un « drac ». Il est question de regroupement inévitable pour se sentir plus fort, de sacrifices pour que vivent les enfants.

Ce livre, c‘est une addiction à ces survivants fabuleux.

Le Passage, c’est une histoire de sang. Celui qui va nourrir les créatures vampiresques que la faim pousse à laisser des hécatombes derrière eux. Il n’y a pas de malfaisance volontaire, c’est ce qui les rend si déroutants. La contamination presque totale est violente. Le road-movie des survivants est une guerre dont les ennemis, ces mutants assoiffés de sang, sont tellement nombreux qu’ils sont des nuées. Mais c’est aussi le sang comme une famille peut le ressentir, celui qui donne le pouvoir de la cohésion, l’impression de l’appartenance à quelqu’un/quelque chose de plus haut ou plus fort.

Ce livre c’est une addiction à cet appel, à l’âme humaine tourmentée derrière la cruauté.

Le Passage, c’est une histoire d’amours. C’est l’histoire de celui qu’Amy a pour les Hommes d’abord. Avec son âge improbable, ses visions du futur des humains, celles de son propre lendemain, sacrificiel, son empathie avec les monstres, elle a tout d’un personnage messianique. « Amy des Multitudes, la Fille avec les âmes en elle. » C’est aussi le récit de l’amour qu’Amy a pour Peter, celui qu’elle a choisi pour l’aider à lutter, celui qu’elle a laissé entrer dans son cauchemar et sa possible survie. C’est enfin celui que Peter a pour Alicia, la guerrière dont la lutte pour garder son humanité va nous déchirer les tripes. Et puis il y a cet amour, quasiment incompréhensible, que le plus monstrueux des Douze a pour ses créatures : une communauté effroyable, qui fait froid dans le dos, une intelligence collective dont on ne voit pas comment nos héros vont pouvoir se débarrasser. Il faut alors, à la toute fin, reconnaitre l’apogée de l’amour dans l’incroyable certitude, qui permet de tirer sur l’autre, le voisin, l’ami, l’étranger qui ne vous a rien fait. En effet, devenu bête sanguinaire, il a avant de vous démolir ou de vous transformer, un regard que vous reconnaissez. Il vous demande votre pitié. Il y a dans son œil un reste d’humanité qui vous demande de l’achever.

Ce livre, c’est une addiction à ces serments de durer, d’aimer, de vivre à nouveau, délivrés, après les terrifiantes ténèbres.

J’aime Le Passage pour ces trois raisons et aussi parce que cet ouvrage nous met face à nos envies, nos responsabilités, notre positionnement face aux défis de ces temps difficiles. Si notre monde moderne explose, aurons-nous le courage de revenir en arrière, plus proches des autres et de la nature ?

J’ai demandé leurs réactions à deux amies à qui j’ai parlé du livre.

« C’est angoissant mais je suis en train de lire la suite, Les douze. Je ne voulais lire que le matin pour ne pas avoir trop peur, mais c’est tellement addictif que je me suis mise à lire le soir. » Florence

« C’est déconcertant mais comme les personnages sont attachants, j’ai lu les trois livres à la suite. C’est hypnotisant, intelligent, troublant ». Marie-Claude

Et la fin du monde n'était qu'un début…

 

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