Fondation est un cycle d'Isaac Asimov bien connu de la littérature de science-fiction, si ce n'est le plus connu. Mais il est assez abrupte, abordant le sujet sous l'angle des maths, et finalement, il a pu en rebuter beaucoup par sa complexité de lecture. Car pour lire Fondation, il faut s'accrocher. Si vous avez peur que la série Foundation vous fasse le même effet, voici les 3 raisons qui vous convaincront de la regarder !
Quand l'éminent professeur Hari Seldon prédit la chute imminente de l’Empire galactique, les Cleons - une longue lignée de clones d’empereur au pouvoir - craignent que leur règne jusqu'ici inégalé soit compromis. Ils sont forcés dès lors de prendre en compte la potentielle réalité de la perte de leur puissant héritage pour toujours et prennent leurs dispositions pour limiter les dégâts. Le Dr. Seldon et quelques-uns de ses fidèles sont envoyés aux confins de la galaxie pour bâtir la Fondation, un lieu spécial destiné à préserver le savoir de la civilisation, dans l'espoir de sa reconstruction.
Sortie à l'automne 2021 sur Apple TV+, la série a beaucoup divisé, pour une raison simple : le rejet des puristes.
Une différence majeure avec l'œuvre originale (oui c'est positif)
Si vous avez regardé des critiques avant de vous plonger dans la série, oubliez-les. Oui, cette adaptation a pris beaucoup de libertés par rapport au matériau d'origine. Et c'est pour une raison ! Les livres d'Asimov ont été rédigés pendant les années 1940, on peut dire sans craindre d'avoir tort qu'ils ont vieilli, et qu'ils ne sont peut-être pas dans l'ère du temps culturellement parlant. Ils sont également d'une telle complexité que ça en est tout bonnement inadaptable, en tout cas tel quel, et c'est aussi pour ça que la série s'est alliée à Robyn Asimov, la fille d'Issus, afin de s'assurer de respecter le matériau d'origine.
Donc, si vous n'êtes pas un puriste rigide, vous apprécierez cette découverte de l'univers de Fondation, dans une adaptation moderne et actualisée. Et heureusement, d'ailleurs ! Car il est compliqué de s'attacher à des personnages lorsqu'on saute constamment d'époques, surtout dans un récit s'étendant sur des siècles voire des millénaires. Ainsi, des personnages ont été féminisés, racisés aussi, et on ne saute pas de centaines d'années en centaines d'années constamment, comme dans les écrits d'Asimov, on peut suivre ces personnages, et s'y attacher, car les scénaristes les ont choisis, creusés et rendus humains, portés aussi par un casting très talentueux.
Un casting de RÊVE
On l'a déjà un peu évoqué, on a la chance de voir de la diversité dans ce casting, comparé aux personnages de l'œuvre originale. C'est un changement assez logique dans une fiction de sf qui évoque un empire où l'on a même oublié de quelle planète venait l'humanité. Il faut dire que cela se passe 22000 ans après notre époque, et que l'Empire prend place après une grande guerre contre l'espèce robotique.
Jared Harris y incarne l'antipathique psychohistorien Hari Seldon, le "prophétiseur" de la fin de l'Empire, et d'une période de barbarie de plusieurs milliers d'années. Lou Llobell livre une belle performance dans le rôle de la narratrice de l'histoire, Gaal Dornick, jeune femme un poil manipulée par Seldon, afin de déclencher tous les événements prévus dans son théorème. C'est Leah Harvey qui campe le personnage de Salvor Hardin, sans doute le personnage le plus différent par rapport à ce qu'en avait fait Asimov, mais qui est promis à une certaine évolution dans la prochaine saison.
Tout le casting est d'une très grande justesse, et personnellement, si Lee Pace m'impressionne toujours dans ses interprétations, cette fois, il est carrément envoûtant dans ce rôle de Brother Day, la tête de l'Empire de la Galaxie.
Des décors à la hauteur du cinéma
"Envoûtant" c'est globalement aussi le cas de la photographie de la série, servie notamment par ses décors. Les effets spéciaux sont tout simplement splendides, surtout le ciel de la planète natale de Gaal, située proche de l'horizon des événements d'un trou noir, qui est absolument magnifique. Les costumes ne dénotent pas, et s'adaptent parfaitement au futurisme d'une armée intergalactique, ou au dépouillement religieux de pèlerins en quête de nature.
La réalisation de Foundation est globalement superbe, qu'il s'agisse des vaisseaux, de la technologie actualisée par rapport à ce qu'avait anticipé Asimov (qui n'a pas connu internet ou les écrans plus fins qu'un aquarium de 40L), des costumes, ou des designs des différentes cultures présentes dans cet univers, tout est travaillé. Et il en va de même pour la bande-son, jamais trop imposante. On y apprécie aussi des jeux de lumière, qui soulignent des visages, des éléments symboliques, etc.
Bref, si vous n'avez pas peur des prises de liberté des adaptations (car après tout, pourquoi tout refaire l'identique si cela existe déjà au lieu de partir d'une base pour créer quelque chose de nouveau ?), cette série de SF est faite pour vous ! Et vous apprécierez le travail de réalisation de Josh Friedman, David S. Goyer, autant grâce à ses personnages brillamment incarnés, à son intrigue complexe, ou tout simplement sa beauté visuelle, car il s'agit d'une bonne série de science-fiction, certes remaniée pour cadrer dans les codes actuels, mais qui parvient tout de même à rendre le message de fond des livres.
Pour un petit aperçu, voici la bande-annonce de la série Foundation, disponible sur Apple TV+ et dont la saison 2 est en route :