- le  
Un mois de lecture, Anne Besson - septembre 2016
Commenter

Un mois de lecture, Anne Besson - septembre 2016

Brandon Sanderson, Les Légions de poussière, Fleuve Editions (trad. Mélanie Fazi) : campus novel et enquête policière chez les magiciens.
 
Youpi, revoilà Brandon Sanderson, et il chasse sur les terres de Harry Potter ! Les œuvres du talentueux et prolifique auteur du cycle Fils-des-Brumes (Prix Elbakin 2010) ou de L’Alliage de la justice (Prix Imaginales 2013) s’étaient faites moins présentes en France après la mise en sommeil du label Orbit, et j’ai eu grand plaisir à le retrouver avec ce réjouissant roman young adult dans la nouvelle collection d’imaginaire « Outrefleuve » (Fleuve Editions). Fidèle à lui-même et fort de ses précédentes incursions dans la littérature de jeunesse (la série des Alcatraz), Sanderson combine la reprise d’éléments « classiques », familiers et chers aux lecteurs de fantasy, avec l’invention complète d’un système de magie original. Ainsi, Joel est un jeune héros comme on les aime, un « enfant du placard », fils d’une femme de ménage hébergé dans une prestigieuse académie de magie, humble, malin et déterminé. Alors que son initiation manquée ne lui a pas permis de rejoindre les rangs des Rithmaticiens, qui défendent le monde humain contre la menace des « crayolins » à coup de dessins à la craie que leur pouvoir anime, il n’en reste pas moins passionné par cette matière à laquelle son père avait dédié sa vie. Lorsque des événements mystérieux bouleversent le quotidien de l’académie Armedius, que des élèves magiciens se font enlever et que le distrait professeur Fitch perd son poste, Joel a enfin une chance de faire reconnaitre ses talents en assistant Fitch sur l’enquête, aux côtés de l’agaçante Melody. Bourré de clins d’œil à Harry Potter (le détestable professeur Nalizar dont Joel est seul à se méfier, le soutien complice du principal York, la fratrie de Rithmaticiens où Melody peine à trouver sa place, les duels et matchs palpitants), le roman assume ses influences sans en être écrasé, tant le monde secondaire mis en place dans ce roman apparait riche de possibilités. A l’évidence, il s’agit du début d’un nouveau cycle, et j’espère très fort que la traduction, ici signée Mélanie Fazi, en sera poursuivie pour de prochains volumes.
 
Lady Helen, le club des mauvais jours, tome 1, d’Alison Goodman, Gallimard Jeunesse (trad. Philippe Giraudon)
 
Alison Goodman s’est fait connaitre avec le succès d’Eon et Eona, dyptique où une jeune héroïne travestie réinvestissait sa féminité pour dompter son dragon. Lady Helen, premier volume de sa nouvelle trilogie traduit par Philippe Giraudon, reprend dans une certaine mesure ce schéma de l’héroïne qui va confronter ses pouvoirs féminins aux limitations d’une société patriarcale, à ceci près que le contexte spatio-temporel est emprunté cette fois à l’histoire anglaise – la Régence, soit la période qui précède le règne victorien et ne lui cède en rien sur les fêtes fastueuses et les carcans sociaux. Or lady Helen, riche héritière qui fait cette année-là son entrée dans le monde (présentation à la reine mère, bals et chasse au bon parti), doit faire très attention à sa conduite, car ses parents, et notamment sa mère, ont pâti jusqu’à leur mort, dans sa petite enfance, d’une réputation sulfureuse avec laquelle elle doit prendre ses distances. Mais Helen sent bouillir en elle une énergie qui va se révéler fort concrète, et d’essence surnaturelle… L’émergence de ses nouveaux pouvoirs va lui faire découvrir une société secrète, le Club des Mauvais Jours, des démons cachés parmi les hommes (particulièrement peu ragoûtants…), et pas mal bouleverser ses plans d’avenir et de mariage ! De la dark fantasy donc, sur fond historique et avec une bonne dose de romance : personnellement, j’ai préféré les détails d’époque, bien documentés, à l’intrigue paranormale (le grand écart est parfois un peu violent entre bals et ruelles sombres) et surtout à un triangle amoureux avec beau ténébreux qui m’a semblé assez convenu - mais il est vrai que j’ai sans doute lu plus de livres que le public-cible, ado-jeune adulte, qui pourra y prendre plaisir. Un peu Buffy, un peu Jane Austen, un peu (trop ?) Twilight, ce roman a de beaux atouts à faire valoir !
 
Anne Besson 
 

à lire aussi

Genres / Mots-clés

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?