“Les fantaisies victoriennes seront les prochains trucs à la mode”. Vraiment ?
Nous avions quitté, dans l’épisode précédent, le triumvirat à l’origine du Steampunk plus qu’enthousiaste à l'idée que leur invention soit “le prochain truc à la mode”. Mais à part quelques ouvrages, dont l’excellent “Machine à Différences” de Gibson et Sterling, les étals des libraires n’ont pas été submergés par un raz-de-marée de “fantaisies victoriennes”. Ce n’est d’ailleurs que bien plus tard, dans les années 2000, qu’une nouvelle vague d’auteurs viendront nous inonder de romans rétrofuturistes.
Et en France ?
Il fut un temps (que les moins de 20 ans…) où tout ce qui venait des États-Unis mettait 10 ans à arriver chez nous. Et le Steampunk ne fit pas exception à la règle. C’est donc autour de la fin des années 90 que l’on a vu apparaître les premiers textes emblématiques dans nos contrées.
Voici quelques ouvrages qui valent le détour !
“Futurs Antérieurs, 15 récits de littérature steampunk” Daniel Riche, Fleuve Noir 1999
Cette anthologie fondatrice rassemble ce qui s’approche, à l’époque, de près ou de loin au Steampunk dans la production littéraire française. Servie par une excellente préface de Daniel Riche, les nouvelles réunies ne sont cependant pas toutes d’un grand intérêt pour les vaporistes d’aujourd’hui. Attention, je parle ici du degré de Steampunk de certains textes, certainement pas de leur qualité littéraire. Mention spéciale pour l’excellent texte de Calvo qui narre la quête complètement folle de Stevenson parti à la recherche d’un batracien rarissime. Ce recueil a également le mérite de paver la voie à un Steampunk à la française et a su garder une fraîcheur incroyable hors des sentiers parfois rebattus de la production rétrofuturiste moderne.
“Les Confessions d’un automate mangeurs d’opium“ Fabrice Colin et Mathieu Gaborit, Bragelonne, 2014 (pour la dernière édition)
Colin et Gaborit, tous deux aujourd'hui grands noms de l’imaginaire français, font équipe pour ce classique du Steampunk à la française. Alors certes, de nombreux critiques pointent les faiblesses du texte, mais il n’empêche qu’outre certains aspects bancals (Il s’agit d’un roman de jeunesse ne l’oublions pas), “Les confessions” abordent de nombreuses thématiques chères à la littérature Steampunk notamment les automates, le transhumanisme, l’importance de la machine et la meta-textualité. La description de Paris et de l’Exposition Universelle vaut très largement le détour également !
“La Lune seule le sait” Johan Héliot, in La Trilogie de la Lune, Mnémos, 2019
J’ai promis de ne plus parler de ce superbe texte mais entre-nous, s’il n’y a qu’un seul roman Steampunk français à lire, c’est bien celui-là !
“Edward John Trelawney” Dieter, Herenguel, Delcourt (3 tomes, série terminée).
[Visuel : https://www.bedetheque.com/media/Couvertures/edwardjohntrelawnaycouv01.jpg]
Adaptation de l’univers des galions, des corsaires et de la Compagnie des Indes, version Steampunk, à coup de batailles de dirigeables en place et lieu des navires. Cette chouette série à le mérite de mettre en avant nombre concepts chers à la culture vaporiste ainsi qu’Herenguel, illustrateur et scénariste des Hauts-de-France, qui aime à explorer les univers décalés (Allez jeter un œil aux BD “Kong Crew” et “Lune d’Argent à Providence”).
Pour aller plus loin :
Je ne saurais que trop conseiller la lecture de “Bohème” de Mathieu Gaborit (Gallimard, 2010) qui se passe dans l’univers du jeu de rôle “Ecryme”. Suivez une avocate duelliste qui tente de récupérer la cargaison d’un zeppelin dans une Europe couverte d’une substance corrosive. Les gamers vintage ont la possibilité de se replonger dans l’univers du jeu vidéo “Arcanum : Engrenages et Sortilèges” qui préfigure l’heureuse contamination par le Steampunk de toutes les formes de création artistique et culturel. Mais nous en reparlerons très vite !
Bonus track :
Retrouvez mon interview de Benjamin Lupu, pour son roman Steampunk “Le Grand Jeu” aux éditions Bragelonne, 2021.
