On va vous la faire courte...
Pour vous la faire courte, et dans la mesure où si vous ne l'avez pas encore lu, il va vous falloir l'acheter dans les plus brefs délais, Les Chroniques Martiennes c'est un peu grandeur et décadence de la colonisation de Mars. Que dire de plus si ce n'est qu'elles restent une production atypique en cette année 1950. Bradbury ne paye pas tribu à la clique d'Astounding Stories et au "clan Campbell" (désolé, mais je ne pouvais pas le rater celui-là). En conséquence ses œuvres, dépourvues de la plus petite trace de rigueur scientifique, tendent délibérément vers la fable moderne, la parabole et la poésie. A l'heure où la science fiction sort tout juste d'un pandémonium de bug eyed monsters toujours partant pour génocider ses pauvres humains, Bradbury offre une vision tout autre de l'altérité. Pas de petits bonshommes verts chafouins, pas d'omniscients aliens, pas non plus de démons d'outre-espace, juste une fenêtre brièvement entr'ouverte sur une civilisation ancienne mais perfectible, sage et résignée, tout entière livrée à l'avidité des hommes.
Une balade onirique
Dès sa sortie, Les Chroniques Martiennes connurent un vif succès. Sans doute le public fut-il conquis par la profonde nostalgie et l'aspect atypique de cette collection de nouvelles que l'auteur lui-même définit comme "essayant de se faire passer pour un roman". Laissez-vous, vous aussi porter par l'originalité de cette œuvre majeure dans l'histoire de la S.F. Une ballade onirique sur les plaines de sable bleu, sabrée de loin en loin par des rivières vineuses. Plantez votre regard sur l'horizon déchiré par les chaînes de montagnes de Mars la Rouge, perdez-vous au cœur des cités séculaires – dentelles de pierres fragiles, éternelles –, pleurez enfin sur le triste sort des civilisations, celles qui meurent. Toutes celles qui meurent.