Christian
- le 27/09/2018
Le Village hanté
Excellente initiative de la part de Bamboo, la parution de la série Darkham Vale en France comble un manque après le succès étranger de la série et le couronnement de Jack Lawrence au Festival d’Angoulême 2007 pour Tigres et Nounours (Prix Jeunesse 7/8 ans). La réputation de la série a précédé sa traduction.
Avec Darkham Vale, série publiée initialement en Angleterre chez APComics et réalisée à partir de 2003 en solo, avant toute collaboration avec son compère Mike Bullock, Jack Lawrence laisse s’exprimer son côté sombre (« dark », « veil ») et gore (« ham ») pour le plus grand plaisir des adolescents et des autres.
Le prochain album de la série, La Caverne au dragon, paraît au mois de mars.
Maison hantée et nouvelle vie mouvementée
Après un divorce et un licenciement, le père de Ryan compte sur l’héritage d’une superbe maison à Darkham Vale, de sinistre réputation, pour refaire sa vie avec son fils. Mais, dès leur arrivée sur place, Ryan trouve le comportement des voisins étrange : une charmante jeune voisine qui l’espionne, des habitants qui semblent se transformer subitement en monstres et une présence si obsédante des corbeaux. Féru d’histoires fantastiques, Ryan devra peu à peu affronter une réalité qui dépassera ses pires anticipations…
Des monstres bien léchés
Premier épisode d’une série à succès déjà parue en langue anglaise, cet album séduira la génération Harry Potter. Les dialogues sont efficaces, le scénario, simple au premier abord, se complexifie en adoptant plusieurs points de vue dont Ryan devient le point de fixation. L’intérêt du récit n’est ni dans la situation (campagne et maison hantées), ni dans l’animalerie fantastique (galerie de monstres standards), ni dans la psychologie des personnages (père et enfant quasi-quelconques), mais plutôt dans le basculement progressif dans un univers de factions souterraines (ou supérieures) en lutte.
D’un point de vue graphique, Jack Lawrence reste sur un registre de style mi-manga, mi-Disney (version Tarzan), avec un cachet personnel qui se prête au fantastique (visages en V, corps filiformes et membres disproportionnés). On saluera au passage le dynamisme du trait et les séquences très cinématographiques sans effet de cadre.
Sur ce premier album, le dessin est maîtrisé ; les monstres, carnivores à souhait, sont très réussis, bien plus que les personnages secondaires. On notera également la qualité du jeu avec la lumière du jour, renforcée par le fond noir sur toutes les pages, et le jeu de couleurs vives qui renforcent l’aspect cartoon.
A ne pas lire dans une maison isolée à la campagne, a fortiori si elle est hantée…