Lounis Chabane commence à avoir en tant que dessinateur une sacrée bibliographie. Il a officié sur les séries Golden Cup, Carmen, Ligue Zéro, Mesrine, Ruden et Voleur de poules. Quant à Rodolphe, ce raconteur d'histoires à qui l'on doit plusieurs romans et livres pour enfants, est un scénariste bien connu des amateurs de bande dessinée. Il a travaillé sur Kenya et Trent avec Léo, Les Écluses du Ciel, Gothic, Les Abîmes du Temps, L'Autre Monde, La Maison-Dieu ou bien encore Le Village.
Les hasards de la vie
Alors qu'il travaille à la rénovation de sa nouvelle maison, l'auteur Joe Horton est interviewé par un journaliste à qui il explique comment sa vie a basculé le jour où il a voulu défendre une jeune fille attaquée par un chien. Défiguré par l'animal, Joe avait dû passer de longues semaines à l'hôpital et abandonner ses rêves de musicien et de gloire. C'est à partir de cet événement qu'il était devenu écrivain.
Une fois l'interview terminée et le journaliste parti, il explore les sous-sols de sa nouvelle demeure et découvre une étrange pièce ronde avec plusieurs portes. En ouvrant une au hasard, il se retrouve dans un monde où il est bien devenu la rock star qu'il espérait.
Pas totalement satisfaisant
Rodolphe explore avec cet album ces moments de la vie où un destin peut basculer vers un chemin ou un autre. L'idée n'est pas neuve mais toujours intéressante tant elle touche chacun d'entre nous. Son héros va découvrir des vies qui ne sont pas la sienne, des sortes de mondes parallèles, sans pour autant réussir à retrouver son univers initial. La faute à cette étrange pièce et ses multiples portes qui symbolisent les choix qu'il a pu faire dans son passé.
On est pour l'instant au début seulement de son aventure. Sans surprise, on le voit refuser la vie qui s'offre à lui et essayer de revenir sur ses pas. Une réaction plutôt classique qui pour l'heure n'offre pas l'originalité que l'on pouvait espérer d'un scénariste du calibre de Rodolphe. Sur le thème, on préfèrera largement la poésie douce-amer de l'album L'Âge des corbeaux, publié il y a quelques mois, et mettant lui aussi en scène un écrivain (rêvant lui d'être célèbre grâce à ses romans alors que le héros de Si Seulement... l'est déjà). Point positif toutefois : un héros plutôt attachant, avouant volontiers ses excès et ses faiblesses au début du récit au journaliste venu l'interroger.
Le dessin est, lui, plutôt agréable, rendant bien l'ambiance des années 50-60 aux États-Unis, avec en prime un joli travail autour des visages. Un trait agréable donc, mais qui ne suffit pas à sauver un album un peu fade. En espérant que la suite nous propose un peu plus de surprises...