L'Ecole de la nuit
Deborah Harkness, historienne de profession, est spécialisée dans l'histoire des sciences et de la magie en Europe du XVIe au XVIIe siècle. Son premier roman Le
Le Livre perdu des sortilèges, tome introductif d'une trilogie éponyme, a rencontré un franc succès dans le monde entier en 2011. La suite des aventures de Diana Bishop est dévoilée avec ce second opus,
L'Ecole de la Nuit.
"Au commencement étaient la peur et le désir. Puis vinrent la fuite et le passé."
Diana Bishop, universitaire et accessoirement sorcière refoulée, a eu le malheur d'ouvrir un manuscrit, Ashmole 782, convoité par l'ensemble des espèces surnaturelles (démons, vampires et sorciers). Surveillée voire traquée pour lui faire avouer ce qu'elle est supposée avoir découvert en lisant ce parchemin, Diana doit fuir dans un endroit sûr. Aidée du vampire Matthew Clairmont dont elle s'est éprise, elle parvient à se cacher dans l'Angleterre élisabéthaine. Elle espère y trouver d'une part un mentor capable de lui apprendre à maîtriser sa magie et le fameux Ashmole 782 d'autre part.
Une auteure passionnée par l'histoire, et ça se sent !
L'Ecole de la nuit commence directement après les évènements du Livre perdu des sortilèges. Grâce à cette absence de coupure entre les deux tomes, le lecteur découvre l'Angleterre élisabéthaine à travers les yeux de Diana. C'est avec une excitation difficilement dissimulée que le personnage principal tente d'évoluer dans un monde de convenances et d'intrigues qu'elle ne connait que par ses études.
Le lecteur ressent le plaisir de Diana à voir de ses propres yeux l'Histoire mais il peut deviner celui de Deborah Harkness à écrire sur le sujet. L'auteure est passionnée par l'Histoire, et ça se sent. On pourrait presque avancer qu'elle voudrait bien être à la place de Diana !
On ne peut pas douter de la qualité de la mise en situation des personnages du fait du métier de l'auteur (historienne). Elle se permet même d'inclure des personnages historiques très connus : Elisabeth I, Sir Walter Raleigh, Rodolphe II ou William Shakespeare... Elle parvient par ailleurs à positionner Matthew dans la peau d'un homme ayant existé mais dont on connait bien peu de chose (Matthew - ou Mathew - Roydon).
Enfin, le lecteur un peu curieux et qui ne possède pas les connaissances de Deborah Harkness peut facilement se documenter en se basant sur les évènements mentionnés ou même sur la fameuse "école de la nuit".
Cette plongée dans l'histoire est très réussie et est le plus gros point fort de ce livre !
Une première partie un peu longue.
Si la description du monde des années 1590 est fouillée et documentée, on regrette que l'intrigue n'avance pas plus vite. Les évènements de la première moitié du roman ont leur importance car ils permettent de présenter au lecteur le passé de Matthew ainsi que d'autres personnages tels que Philippe de Clermont. Néanmoins, les deux cents premières pages peuvent donner l'impression de traîner en longueur.
La seconde moitié du roman permet quant à elle une accélération considérable au récit. Diana, d'abord effacée dans les premières pages à cause de ses manières modernes et de son "étrange accent" qui l'empêchent de passer inaperçue, reprend les rennes de sa vie. Un coup de fraîcheur et d'indépendance que certains lecteurs attendaient depuis le premier tome !
Certaines réponses sont enfin apportées sur le fameux Asmole 782 (qui a ce moment n'avait pas été acquis par Ashmole) et Diana apprend progressivement à se servir de la magie. Par ailleurs, la relation entre Diana et Matthew évolue et permet de mettre en scène les aléas de la vie de couple.
La fin du livre esquisse ce qu'il s'est passé dans le présent pendant que Diana et Matthew visitaient le passé et offre une belle ouverture pour le troisième tome dont la date de sortie n'est pas encore prévue.
En résumé, l'Ecole de la nuit est un roman qui allie habillement Histoire et fantastique, grâce à de solides connaissances de l'auteur sur le monde du XVIe siècle. L'ensemble est plus prenant et mouvementé que le Livre perdu des sortilèges. On regrette néanmoins que la narration soit à deux vitesses.
Ce livre fait partie des coups de coeur de Jean Luc Rivera d'octobre 2012, lire l'article pour un second avis.