Alexandre le Grand et les Aigles de Rome
Né en 1964, c'est un passionné de sa période de prédilection : l'Antiquité (élément transparent à la lecture de ce roman tant il regorge de données historiques et folkloriques précises).
C'est aussi un touche-à-tout de la littérature qui a écrit des ouvrages de science-fiction, des romans historiques, des essais, un techno-thriller.
Il est toujours professeur de grec en lycée.
En quelques mots...
Alexandre le Grand a été empoisonné...
Alors que les intrigues de palais bruissent pour déterminer qui cueillera les fruits du plus vaste empire du monde, un médecin se présente au palais et, d'une décoction, sauve le puissant empereur.
Ici s'arrête l'histoire et commence l'uchronie.
Car la soif de conquête d'Alexandre n'a pas été éteinte par les eaux du Gange et de l'Indus. Il lorgne maintenant vers l'ouest et vers la riche et puissante Rome. Mais les signes des dieux contre lui s'accumulent : la perte d'un vaisseau fabuleux, l'apparition d'une comète rouge dans le ciel le soir de son empoisonnement, ce médecin dont l'origine est des plus floues... Autour de lui, les hommes s'interrogent sur les possibilités de victoire.
Pendant ce temps Nestor, le médecin qui a sauvé Alexandre, a été fait prisonnier par les Romains, l'occasion pour lui d'apprendre à connaître l'ennemi...
Les plaisirs du : "Et si..."
Javier Negrete manie avec bonheur le pouvoir de l'uchronie.
Le plaisir jouissif du "Et si..." est ici porté par une plume efficace et poétique d'une part et une véritable maîtrise du sujet d'autre part. Le plaisir de lire les aventures de ces personnages est renforcé par la multitude d'anecdotes, de références littéraires et mythologiques, tirées des nombreuses civilisations antiques réunies sous la bannière d'Alexandre.
Le roman, relativement volumineux mais qui se dévore sans peine, est porté par un cocktail de personnages réels ou fictifs qui permettent de découvrir les sciences, les mœurs, les histoires, l'art de la guerre et de la politique dans la Grèce hellénistique et la République romaine déclinante.
À travers leurs histoires croisées, Javier Negrete reconstitue la geste passionnante et tragique d'une guerre qui aurait opposé Alexandre le Grand et un aïeul de Caius Julius César.
Javier Negrete joue aussi avec les codes du genre : conte prophétique et roman historique, il flirte aussi avec le fantastique sans jamais laisser échapper son souci de la vraisemblance.
Aussi reste-t-on un peu sur sa faim lorsque l'histoire se termine : sans rien dévoiler de l'intrigue, passionnante, je dirais que Javier Negrete laisse en suspens plusieurs questions qui paraissent essentielles.
Peut-être s'est-il laissé l'occasion d'écrire un second tome (que j'attends alors avec impatience) ou bien a-t-il choisi de laisser le lecteur juge du destin de ses personnages.
Dans tous les cas, on referme ce roman en ayant vécu une belle et grande histoire, en ayant appris des mythes et légendes passionnants, et en ayant dans la tête des envies d'encore.