
Diaspora
Greg Egan - Diaspora
Un maître de la hard science
Greg Egan s’est fait connaître grâce à des romans comme la cité des permutants (Robert Laffont, 1996) ou Isolation (Denoël, 2000), basés sur des extrapolations scientifiques solides et proches du courant transhumaniste. Il est aussi capable de creuser une veine plus humaniste, comme dans Zendegi (Le Bélial, 2012), un roman qui se déroule en Iran (et où le régime des mollahs doit affronter une opposition résolue) où il peint une relation père/fils sous un jour très émouvant (sans verser dans la sensiblerie). Signalons aussi que ses meilleures nouvelles ont été rassemblées par Le Bélial dans les recueils Axiomatique, Radieux ou Océanique. Avec Diaspora, il revient dans une veine très « Hard science », comme on va le voir.
Vertiges
L’humanité au trentième siècle est divisée entre trois rameaux : les « enchairés » qui continuent de vivre dans des corps physiques de leurs ancêtres quoique modifiés ; les « gleisners », retranchés sur la Lune et les astéroïdes vivant dans des corps d’androïdes ; et puis il y a les citoyens des « polis » constitués de personnalités numérisées, quasi-immortelles et vivant tous leurs fantasmes, certaines assoiffées de connaissances. Les liens entre les trois rameaux sont distendus à cause des choix faits par les ancêtres. À Atlanta vit une communauté d’« enchairés » : Yatima et Inoshiro, deux citoyens des « polis » viennent les visiter et sympathisent avec Orlando et Liana, contre toute attente. Quelques années plus tard, la Terre est menacée par des rayons gammas qui risquent de stériliser la Terre. Faut-il prévenir les « enchairés » ? Les sauver en les numérisant ? Yatima est déchiré par cette question… Avant que l’humanité quitte son berceau dévasté, pour aller où ? Et que va-t-elle trouver ?
Un roman stimulant et abscons
Diaspora enchaîne les thèmes et les questions qui traversent le genre depuis une quarantaine d’années : destin de l’humanité, recherche d’autres vies, distinction homme/machine, manipulation génétiques et/où de l’environnement, réalité virtuelle… on notera aussi que ce roman reprend la nouvelle Les tapis de Wang, déjà connu des lecteurs. Sur le plan des idées, Diaspora s’avère passionnant. Et aussi très ennuyeux : on s’intéresse peu à une histoire noyée par des concepts très pointus: on est là en pleine « Hard science », un « littéraire » craque rapidement. C’est dommage car Greg Egan a déjà largement démontré son talent. Il nous doit un match retour !
Sylvain Bonnet