On n’en finira jamais avec Anderson
Depuis que les éditions du Bélial ont publié la magnifique anthologie Le chant du Barde en 2010, l’œuvre de Poul Anderson est peu à peu rééditée par leurs soins. Le monde de Satan, autrefois publié dans la collection Présence du Futur chez Denoël, fait partie du cycle de la Hanse Galactique qui s’incarne dans le personnage de Nicholas van Rijn. Truculent, commerçant né, ce dernier plut au public au point que Campbell, le rédacteur en chef de la revue Analog, demanda à Anderson d’en faire un héros récurrent. Ainsi est né le Cycle de la Hanse, plein de rebondissements et toujours savoureux à lire. Van Rijn est rejoint au fil des histoires par le jeune aventurier David Falkayn et les aliens Chee Lan et Adzel. Que nous raconte Anderson dans Le monde de Satan ?
Une affaire en or ?
Le compagnon de van Rijn, Falkayn, a découvert une planète errante dans l’espace qui va être attirée dans l’orbite d’une étoile. Bourrée de minerais rares en tous genres, cette planète constitue pour le prince marchand une nouvelle occasion d’augmenter sa fortune. Au même moment, Falkayn prend contact avec une société, Serendipity… Qui lui fait un lavage de cerveau. Les humains de cette société travaillent en fait pour une espèce extraterrestre, les Shenn, bipèdes ressemblant à des minotaures, qui revendiquent également cette planète inhospitalière. Van Rijn et ses associés libèrent David qui part explorer cette planète qu’il baptise sur place le monde de Satan. Malheureusement, les Shenns arrivent…
Une recette très efficace
Il est évident qu’Anderson maîtrisait parfaitement l’art du récit, picaresque ou non. On ne s’ennuie jamais dans Le monde de Satan, roman très bien rythmé et plein de charmes malgré certaines hypothèses scientifiques qui ont été invalidées depuis (et c’est pas grave). Van Rijn s’en sort bien sûr et réussit in fine à s’entendre, de force, avec une espèce plutôt belliqueuse. La nouvelle L’étoile-guide, qui conclut le recueil, est dans la même veine. On sent aussi une coloration douce-amère, souvent présente chez Anderson (souvenons-nous du Chagrin d’Odin le goth) car le prince marchand vieillit. Définitivement, Anderson est un auteur important du genre et qui vieillit bien (coup de chapeau au travail du traducteur, Jean-Daniel Brèque). L’ensemble du cycle est à (re)découvrir ami lecteur.
Sylvain Bonnet