Flesh Empire

Flesh Empire

Un graphiste-illustrateur mondialement reconnu

Yann Legendre est illustrateur, graphiste et designer. Français d'origine, sa passion du voyage l'a vite poussé à franchir l'Atlantique jusqu'aux Etats-Unis, où il a fini par se fixer. Ses créations sont désormais internationalement reconnues, ayant été publiées dans de très nombreux journaux et magazines à travers le monde (Wall Street Journal, New York Times, GQ, Creative Review, Libération, …). Il a aussi collaboré, pour l'industrie du cinéma, avec Lucasfilm et Disney, est directeur artistique pour les éditions Inculte et enseigne le design à l'université d'Illinois. Si « Flesh Empire » est sa première BD, ce n'est donc pas un novice dans le monde de l'illustration...

La chair, invention de génie dans le monde du tout-virtuel

Singularity est le monde du tout virtuel. Les consciences de ses habitants sont sauvegardées dans des immenses data centers pour être téléchargées à l'envi dans des corps synthétiques. Plutôt pratique... surtout pour le Sénat qui gouverne ce monde en s'assurant la mainmise sur toutes ces identités numériques : à tout moment, un résident peut être déconnecté du réseau, effaçant au passage tous ses souvenirs, sa personnalité, son existence en somme. Jusqu'à ce que le docteur Ray Zimov parvienne à développer en secret une invention extraordinaire qui risque de tout bouleverser : la chair, et ses multiples plaisirs et sensations. Le Sénat, qui se sent bien sûr menacé, ne l'entend pas de cette oreille...

Un kaléidoscope psychédélique visionnaire

« Flesh Empire » n'est pas révolutionnaire sur le plan du scénario, même si le récit tient bien la route et que le point de vue adopté n'est pas sans intérêt : ici, c'est l'humain qui 'envahit' le virtuel, plutôt que l'inverse.

Mais cet album est surtout un ovni visuel totalement dépaysant, manière de manifeste d'une nouvelle esthétique originale que Yann Legendre appelle « design life ». Elle joue sur les formes géométriques (angulaires ou arrondies), les effets de symétrie, les jeux de miroirs, d'ombres et de lumière, avec un travail assez dingue sur les contrastes et les textures grâce aux noirs et aux blancs. De quoi vous prendre aux tripes et vous transporter dans un autre monde. Une expérience graphique à part entière donc, avec une vraie puissance vectorielle psychédélique, un peu comme du Marc-Antoine Mathieu, sous acide, qui aurait croisé le manga « Ultra Heaven ». On pense aussi à Philippe Druillet ou Frank Miller (Sin City). Pas étonnant quand on connaît le parcours professionnel de Legendre.
C'est à se perdre avec plaisir dans les kaléidoscopes de planches peut-être un peu statiques, mais franchement impressionnantes, avec des ambiances cyberpunk à souhait. Si vous connaissez, c'est un peu comme entrer pour la 1ère fois et par hasard chez Cyberdog, à Londres, sans savoir où l'on met les pieds.

Un trip hallucinant, un peu bizarre, mais qui vaut le détour !