Al Simmons est un militaire, tué par ses supérieurs et revenu sur Terre après avoir passé un marché avec un démon, mais il a été transformé en suppôt des Enfers ! Cet ouvrage édité uniquement en VF comprend les 15 premiers épisodes de la série, et de nombreux inédits en VF !
Une série mythique
Voici la réédition des 15 premiers épisodes de Spawn, série qui remporta un grand succès dans les années 90 et dont l’année 2022 marque le trentième anniversaire (Dieu que le temps passe vite !). Rappelons ici que le personnage à été créé par Todd McFarlane, à l’époque dessinateur star de Marvel : son passage sur les séries Spiderman avaient permis des records de vente (2 millions de comics vendus pour le Spiderman n°1). MacFarlane fonde avec Jim Lee et Rob Liefield le label Image. Sa série sera la plus populaire et la plus durable, un film sera même tourné sur le personnage. Au fait qui est Spawn ?
Un ancien soldat revient sur Terre par amour
Derrière le personnage, on trouve Al Simmons, un soldat d’élite tué cinq ans plus tôt. Il se réveille avec une cape, des chaînes et un costume dans les rues de New York. Il a aussi d’énormes pouvoirs. Au début, on le voit errer dans les rues, amnésique. Le lecteur comprend vite qu’il a vendu son âme au diable pour… revoir son grand amour, Wanda. Le diable finit par lui apprendre que ses pouvoirs sont limités : plus il en utilise, plus il se rapproche de sa fin. Manipulé (le diable veut en faire un de ses champions en vue de la guerre qu’il y aura un jour avec le Paradis), trompé, Simmons broie du noir surtout qu’il retrouve sa femme remariée à son meilleur ami, Terry, et maman d’une petite fille. On connaît mieux comme retour à la vie…
D’où vient le personnage ?
Graphiquement, le personnage est un patchwork : sa cape rappelle celle de Batman que McFarlane avait dessiné, les chaînes rappellent la toile de Spiderman. Maudit, Simmons renvoie aussi au Silver Surfer qui lui aussi voulait revoir son grand amour. Mais on est à l’époque en 1992, on aime les héros violents. Spawn se bat, tue (un tueur pédophile par exemple) et sème la mort. Le dessin de McFarlane est dynamique, parfois caricatural, tape à l’œil (et c’est bien, Jack Kirby l’était aussi). L’auteur réutilise aussi le coup des écrans de télévision dans la narration, rappelant Frank Miller et son Dark Knight Returns. Pour autant, son histoire patauge un peu et il fait appel à des scénaristes chevronnés pour faire avancer le schmilblick.
Un univers qui se complexifie
Alan Moore récupère le tueur pédophile et le fait parvenir en enfer où… il devient un autre Spawn. Neil Gaiman reprend cette idée que Spawn n’est pas le seul de son espèce en lui créant une antagoniste qui les chasse, lui et ses « frères » : Angela, au service de Dieu et du Paradis. Frank Miller livre lui un récit hyperviolent où des gangs veulent s’approprier la ruelle où vit Spawn et ses amis sdf. Spawn organise leur règlement de comptes. C’est dur, outrancier, sans but précis. Moore et Gaiman ont en tout cas ouvert des pistes que McFarlane utilisera ensuite.
Quel héritage ?
Spawn, on l’a dit, est la seule série Image à avoir perduré. Les aventures du personnage sont toujours suivies par une communauté de fans transis. Relire ses premières histoires permet de se replonger dans une époque, le début des années 90, qui a vu les comics entrer en crise. La mode était à l’époque aux héros violents, dark and grifty comme on disait. Les ventes ont explosé dans un premier temps… puis ont implosé, le milieu du comics ne s’étant jamais remis de la faillite de Marvel puis du rétrécissement du lectorat, désormais âgé en moyenne de 35-40 ans. McFarlane n’en est pas responsable mais j’ose une question : son personnage fait-il rêver ? Les comics Marvel de l’âge d’argent le faisaient, eux. Ici, on se retrouve avec un antihéros maudit. Très bien pour une minisérie mais pas pour devenir une icône comme Batman ou les X-men, suivis pendant longtemps par les adolescents et c’est encore le cas aujourd’hui si on prend en compte les dessins animés, les films et les jeux videos. Spawn n’a pas et n’aura jamais leur aura.
Cette réédition fera donc le bonheur des fans, on a droit au director’s cut du premier épisode, à des commentaires de McFarlane, à des couvertures alternatives.
Sylvain Bonnet