Découvrez les origines de Daredevil, l'Homme Sans Peur. Le duo Frank Miller et John Romita Jr vous révèlent toutes les facettes de Matt Murdock, de son enfance à ses premiers affrontements avec le Caïd, en passant par sa rencontre avec Elektra, Lorsqu'en 1981 Frank Miller reprend l'écriture de la série Daredevil en plus des dessins, il fait du titre l'un des joyaux de Marvel. Il entraîne le super-héros dans les bas-fonds criminels et crée le personnage d'Elektra. Bien que sa prestation prenne fin en 1983, il revient régulièrement durant une décennie sur les deux personnages. Sa dernière histoire datant de 1993, Daredevil : L'Homme sans peur, avec John Romita Jr (Avengers, Amazing Spider-Man, Uncanny X-Men) aux dessins, est considérée comme l'un de ses chefs-d'oeuvre.
Les débuts de Frank Miller
On a tout dit sur Frank Miller. Qu’il était un surdoué. Qu’il était une légende. Qu’il est tombé dans l’extrémisme. Qu’il a pris la grosse tête. Il faut revenir pour mieux le comprendre à ses origines. Miller a commencé à la fin des années 70 à travailler pour DC et surtout chez Marvel. Affectionnant les ambiances sombres et urbaines, le jeune artiste est affecté sur Daredevil plutôt que sur Spiderman : une façon de lui donner sa chance sans prendre trop de risques, le personnage étant alors peu populaire (on rêvera longtemps de ce qu’aurait donné une reprise du tisseur par Miller). Miller transforme le personnage, revoit ses origines, créée le personnage d’Elektra, son grand amour devenu tueuse à gages et livre sa première grande œuvre. Mais Miller délaisse son personnage fétiche, dessine Ronin pour DC et redynamise Batman avec The Dark Knight Returns. Il va pourtant revenir sur Daredevil plusieurs fois : citons la saga Born Again avec Mazzuchelli, Guerre et amour avec Bill Sienkiewicz. L’homme sans peur, réédité en octobre par Panini, est tiré d’un projet de film qui a avorté, ce qui va avoir du sens…
Un récit violent
Aidé au dessin par John Romita Jr, Miller revoit son personnage. On le découvre enfant avec son père boxeur, malchanceux, pleurant après sa femme (devenue religieuse, un point de scénario montré dans Born Again). Son père travaille aussi pour la mafia, ce qui n’était pas dans la série originelle. Le jeune Matt étudie, prenant les coups (son père ne veut pas qu’il se batte). On le découvre ensuite sauvant un aveugle d’un camion transportant des déchets radioactifs et devenant aveugle à son tour. Il est pris en charge par Stick, un aveugle lui aussi mais athlète de très haut niveau. Il entraîne Matt, lui apprend la discipline mais l’élève se rebelle : il tue les meurtriers de son père, qui refuse de se coucher lors d’un match de boxe (Miller avait introduit cet élément dès le début de son run), Stick le renie… Plus tard, Matt étudie le droit à l’université avec son ami Foggy et rencontre Elektra. C’est le grand amour mais Matt ignore qu’elle a aussi été l’élève de Stick (membre d’une organisation mystérieuse) et surtout qu’elle est… Folle. Elle tue ainsi dans les bas quartiers, en proie à des voix (?). Elektra finit par le quitter, infligeant une profonde blessure à Matt. Devenu avocat, il revient à New York pour une affaire. Il revient dans l’ancien gymnase de son père à Hell’s Kitchen. Il s’attache à une gamine, Mickey, qui vit dans le gymnase. Lorsqu’elle est enlevée par des membres de l’organisation du Caïd, Matt bascule et fait tout pour la retrouver.
Une version radicale
Par rapport à la vision du personnage développée antérieurement par Miller, L’homme sans peur propose une version radicale. Ici, l’histoire est plus sombre, plus violente, sans fioriture. Le traitement du personnage d’Elektra avait à l’époque déçu, surtout quand on avait en tête le travail de Miller : il avait proposé une anti-héroïne forte, déjà très dure, dans une relation compliquée avec Murdock/Daredevil mais aussi avec beaucoup d’émotions. Nous sommes nombreux à nous souvenir des planches (sans texte) où, blessée mortellement par le Tireur, Elektra se traînait dans la rue pour venir mourir dans les bras de Murdock… Ici, on a affaire à une schizophrène un peu nymphomane, soit. Miller aime l’excès. Bonne prestation en tout cas de Romita Jr aidé à l’encrage par le vétéran Al Williamson, duo formé à l’époque pour la série régulière Daredevil scénarisé par Ann Nocenti.
L’album est réussi mais on vous recommande, si vous ne l’avez pas lu, de lire le run de Frank Miller sur la série, son premier chef d’œuvre.
Sylvain Bonnet