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La Ville au plafond de verre

Aux éditions : 
Date de parution : 03/11/23  -  Livre
ISBN : 9782918541783
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MarieDemay   - le 13/11/2023

La ville au plafond de verre – sable, lumière et révolte dans le nouveau Romain Delplancq

En 2016, La duologie Le Sang des princes de Romain Delplancq et publiée aux éditions de l’Homme sans Nom était finaliste du prix des Imaginales. En 2023, l’auteur nous propose une nouvelle plongée vertigineuse dans son univers entre progrès industriel et révolte.

Korost bouillonne.

Dans la capitale économique de l'ancien empire des Trois-Terres déjà noircie par la fumée de ses verreries, on sent désormais la poudre des arquebuses. Ses rues regorgent de blessés de guerre et de réfugiés. La cité crépite de tension entre ses très nombreux et très pauvres verriers #et les riches et savants forgiers, propriétaires de l'arnoire –

le mystérieux métal capable de transformer les rayons du soleil en énergie. L'alliage de leurs sciences a bâti la renommée de Korost ; leur rivalité préfigure son explosion.

Dans ce chaudron vivent Enik l'institutrice, Istven le jeune orphelin, et Katlik, la sœur éplorée. Trois vies, trois destins emmêlés dans l’écheveau de fils tissés par les jeux de pouvoir de la ville. Trois mèches allumées qui, peut-être, transformeront la poudrière en bombe.

La Ville au plafond de verre se déroule donc dans l’univers de la première duologie de Romain Delplancq mais la révolte de Korost peut se lire de manière complètement indépendante.

« Le mouvement est lumière. La lumière est mouvement. »

Les pages résonnent du bruit des forges, des pages épaisses qui se tournent dans les bibliothèques de la Haute École, et des cris des enfants des rues réunis dans l’école clandestine d’Enik. L’intrigue elle s’engage à un rythme effréné qui nous attire toujours plus bas dans les secrets de la ville.

Un roman choral dans une ville infinie

Dans ce roman on rencontre d’abord Katlik, la jeune aristocrate qui cherche à faire le deuil de son frère, mort «pour rien» dans une guerre qui lui semble si éloignée. Viennent ensuite deux personnages issus des castes plus basses de la société de Korost : Enik, enseignante bornée prête à tout pour sa communauté, et Istven, son premier élève orphelin et pauvre à réussir l’examen d’entrée à la Haute École et destiné à un grand avenir de forgier.

Ces trois personnages n’ont, à première vue, rien d’autre en commun que leur détermination et leur intelligence. Comment vont-ils se croiser ? Quelle va être l’étincelle qui va permettre à cet alliage inattendu de jouer un rôle crucial dans la révolte qui gronde dans les rues de la cité ?

« (...) il y avait deux sortes d’immigrants dans la ville : ceux qui rejoignaient leur famille et ceux qui fuyaient leur famille. »

Ce qui est certain c’est que tous trois sont, sans le savoir, des personnages remarquables parmi les visages noircis de charbine qui peuplent leur cité. Katlik, est comme nous lecteur : incapable d’envisager que sa simple quête de vérité va engendrer le plus gros changement sociétal qu’ait jamais vécu Korost. Les pulsions de justice, d’amour et de connaissance sont plus fortes que tout et guident nous protagonistes vers leur destin :

« — Je t’en supplie, je ne peux pas m’arrêter. (…) C’était mon frère, Noba. À quoi serais-je bonne, si je ne fais même pas ça ? »

On ressent à chaque ligne l’effervescence de la ville prête à exploser d’une manière ou d’une autre, ce qui ne manquera pas de rappeler d’autres romans de fantasy politique comme les deux trilogies jumelles Capitale de Nord et Capitale du Sud de Claire Duvivier de Guillaume Chamanadjian (Forges de Vulcain).

« (…) la ville a cherché à m’avertir – et je ne l’ai pas entendue. »

Un texte exigeant plein d’intrigues et d’émotions

Quand L’Homme Sans Nom publie de la fantasy, il n’y va pas de main morte !

Comme avec des textes comme Journal intime d’un Dieu Omniscient d’Adrien Mangold ou encore Le Chant des Géants de David Bry, La Ville au Plafond de Verre est un roman dense et exigeant qui dévoile toute sa profondeur si on se laisse entraîner dans les méandres des ruelles de Korost.

« Vous êtes perdus car vous êtes encore à vouloir faire le tour du monde alors que vos ennemis ont arrêté de faire des ronds dans l’eau il y a un siècle. Ils vous ont lu, ils vous ont visités. Ils vous connaissent bien et surtout, ils savent que la réciproque n’est pas vraie. »

Le roman débute sur l’évocation d’une guerre et de personnages qui nous paraissent lointains, incertains, jusqu’à ce que l’on s’autorise à rentrer dans leur quotidien pour laisser les contours de la ville nous avaler. Les enjeux sociétaux et personnels de chacun se font alors plus clairs et plus intimes. Les combats qui tuent dans d’autres pays se muent peu à peu en guerre civile directement sous nos fenêtres, autant pour les protagonistes que pour nous, lecteur. Les événements s’enchaînent alors accompagnés de trahisons et révélations bouleversantes.

« À Korost, tous les forgiers n’étaient pas riches ; mais tous les riches étaient forgiers. »

Vous l’aurez compris, La Ville au plafond de Verre est, en plus d’être une fantasy complexe et complète, une tragédie sociale violente. Le plafond de verre est une expression bien connue de sciences humaines qui qualifie les systèmes hiérarchiques qui interdisent l’élévation à certains individus qui ne peuvent se contenter que d’observer leurs supérieurs par en dessous. Mais si l’on frappe dessus assez fort ou qu’on le fait fondre, le verre casse. Consciemment ou inconsciemment, Katlik, Istven et Enik vont le faire voler en éclat.

Notes, lettres ou projets avortés et secrets familiaux honteux : l’intrigue avance au fil de ces découvertes. Le passé se reconstruit lentement et on comprend avec les protagonistes que l’ambition maintenant fantômes de certains peut continuer à faire tourner les rouages de l’injustice pendant très longtemps, surtout quand les intentions sont mauvaises. On vit avec eux les trahisons et attaques violentes des citoyens sur leur propre ville tout en sachant que la victoire ou la défaite se résument parfois à quelques grains de sable dans une forge.

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Envie de finir l’année en beauté avec un roman de fantasy aux personnages complexes ? La Ville au plafond de verre est disponible dans toutes les librairies dès à présent et vous pouvez en découvrir les dix premières pages sur le site de l’Homme Sans Nom pour vous faire votre propre avis si la magnifique couverture signée François-Xavier Pavion ne vous a pas déjà convaincu.

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