Tyr (Runbørn, Tome 1)

Runbørn – les suites du Ragnarök par Ariel Holzl

Si l’on vous parle de mythologie nordique, vous saurez probablement nous citer quelques noms de dieux, de séries ou de livres, mais également la notion de Ragnarök, la fin des dieux nordiques. Mais avez-vous déjà pensé à ce qu’il se passe après ? Après la mort de ces divinités toutes puissantes et le déclin de la civilisation viking ?

C’est ce qu’Ariel Holzl vous raconte dans une histoire sombre, sanglante et immersive avec sa nouvelle trilogie Runbørn dont le premier tome intitulé Tyr du nom de son protagoniste principal, vient de paraître aux éditions Gulfstream :

« Né marqué d'une rune, Tyr est un Runbørn. Mais deux siècles après le Ragnarök, les dieux nordiques ont été oubliés et le jeune homme ignore tout de son héritage. Lors d'un rite de passage organisé par la prêtresse de son village, Tyr découvre qu'il est, comme ses amis Hel et Bragi, le maillon d'une chaîne forgée bien avant sa naissance : porteurs des pouvoirs d'une divinité, ils doivent réunir les 24 runes dispersées dans le monde pour redonner vie aux dieux. Il leur faudra pour cela convaincre les autres Runbørn... ou s'approprier leurs runes par la force. Face au chemin pavé de sang qui s'impose à eux, Tyr et ses compagnons sacrifieront-ils ce qu'ils sont pour accomplir leur mission sacrée ? »

La mythologie nordique réinventée

Tyr, Hel et Bragi sont nés dans un village dont le décor nordique nous est familier. Dans les premières pages du roman, rien ne nous laisse présager que le monde a évolué autour d’eux. Pourtant de petits détails nous font tiquer et notamment les statues autrefois religieuses maintenant oubliées et l’absence totale de mention des dieux nordiques dans tout le village. En dehors de leur prénom, les trois protagonistes ne connaissent cette religion qui fait pourtant partie de leur culture que par les légendes de l’étrange volvà qui garde ses secrets le plus éloignés possible des villageois.

« Je suppose que notre volvà dit parfois des choses vraies. »

Rune gravée sur le corps, visions et souvenirs étranges qui transparaissent dans leur personnalité : les trois jeunes adultes sont donc en réalité des porteurs de l’essence des anciens dieux, Odin ayant réussi à mettre en place un stratagème pour sauvegarder leurs pouvoirs avant le Ragnarök. Runbørn n’est donc pas une simple série inspirée de mythologie et de culture nordique mais bien un récit qui cherche à aller plus loin et à donner une nouvelle vie aux légendes et à la magie.

« Les runes sont des mots. Les mots sont des légendes. Et les légendes ne meurent jamais tant qu’il existe des hommes pour les conter. »

Ce nouveau morceau de légende nous est donc conté dans le style maîtrisé de l’auteur qui passe d’une voix à l’autre pour nous faire nous retransmettre les caractères si différents de ses personnages.

Des dieux sombres et cruels

Vous le savez si vous connaissez un peu la mythologie nordique ou toute autre mythologie en dehors de ce qu’en a fait la pop culture : les dieux ne sont pas tendres. Ici, ce n’est pas le cas non plus et dès qu’il découvre sa véritable identité et le destin qui lui a été dicté, Tyr se retrouve confronté à la mort, le sang, la solitude et la cruauté.

Lui a de bonnes intentions et veut – en tout cas au début – suivre le chemin tracé pour lui, c’est-à-dire retrouver les autres runbørn afin de faire revenir les dieux. Mais tous les descendants des dieux marqués d’une rune ne sont pas aussi volontaires. Car la rune en question, en plus de les identifié en tant que réceptacle d’une divinité en particulier, leur confère des caractéristiques communes à Tyr, Hel, Thor ou Syf, ainsi que des pouvoirs. De quoi attiser la convoitise de dieux les plus calculateurs et donc leur violence et mensonges.

« Mort ou vivant, ici tout le monde se dévore… »

Entre destinée et volonté

Les personnages d’Ariel Holzl, comme dans la plupart de ses romans d’ailleurs, sont donc complexes et tiraillés entre leurs pulsions les plus sombres. Le personnage de Tyr, dont le rôle principal est celui de l’élu, n’est donc pas en reste dans toute cette violente. Coincé dans les préceptes inculqués par sa culture et par la volvà qui lui a appris sa véritable nature et la quête qui lui a été imposée, il va apprendre au fur et à mesure que le monde n’est pas si simple. Arraché à sa petite vie ostracisée au milieu de la forêt dans ce village préservé, il se retrouve face à la réalité extérieure entre évolutions sociale, technologique, mais surtout, idéologique puisque les civilisations qui ont pris la place des Vikings sont avant tout avides de pouvoir et cherchent à imposer leur vision monothéiste du monde.

« — Pour en savoir plus sur soi-même, il faut comme toujours remonter à la source. »

Que veut apporter Tyr dans tout ça ? Le garçon est déterminé bien que plutôt sage et mesuré… Mais c’était sans compter sur l’influence du dieu dont il porte le nom, dieu de la guerre et de l’honneur, qui le fait questionner ses pulsions et sa volonté propre.

« Tu es plus Tyr que tu ne le croies. Les runes contiennent l’essence des dieux. Crois-tu qu’un simple humain puisse porter une telle divinité en lui sans qu’elle ne finisse par déteindre sur son âme ? Ou par l’écraser sous son poids ? »

Entre destinée et volonté, Tyr devra choisir avant que la chance ou la malchance décide à sa place. Ballotté d’une situation violente à l’autre avec lui, on découvre toute la profondeur de ce nouveau monde auquel il va devoir s’adapter.

En résumé : un roman incroyablement immersif et bien mené qui nous fait plonger dans une version nouvelle de la mythologie nordique sous la plume toujours maîtrisée d’Ariel Holzl.

Disponible depuis le 7 mars 2024 en grand format relié dans toutes les librairies, à partir de quinze ans.