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Comme un poison dans l'eau

Zariel (Illustrateur de couverture), Yan Marchand ( Auteur)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/03/2010  -  livre
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Comme un poison dans l'eau

Yan Marchand a fait ses premières armes d'écrivain en 2007 avec Metropolitain, paru chez Griffe d'Encre. Ce diplômé en philosophie est, depuis, resté fidèle à la petite maison d'édition, chez qui sont également sortis Les Prophétiques et maintenant Comme un poison dans l'eau.


L'aquariophilie peut-elle sauver de la fin du monde ?

Walter est un jeune homme replié sur lui-même, qui communique le moins possible avec les autres et que ses parents ont envoyé loin d'eux pour faire ses études. À l'Université, cet aquariophile partage sa chambre avec Meizi, un poisson rouge. La vie s'écoule tranquillement pour Walter, dans cette pseudo solitude, jusqu'à l'apparition d'une jeune femme, qui précède celle d'un empoisonnement général de l'eau...

Personnage atypique pour situation insolite

La dernière novella de Yan Marchand débute par la présentation de son curieux personnage principal et de sa passion pour un loisir dont la finalité est particulièrement contemplative. Walter apparaît d'abord comme peu sympathique et on se demande bien quel type d'histoire l'auteur a bien pu écrire en mettant en scène un tel individu. C'est lorsque la novella prend la direction d'une histoire catastrophe que la passion de Walter pour les poissons et notamment les carassins dorés – les poissons rouges – va prendre toute son importance. Car lorsqu'une ville entière se retrouve soudainement privée d'eau potable, disposer d'un aquarium rempli de cent cinquante litres d'eau n'est pas un désavantage... Quant à Meizi, l'affectation que lui porte Walter aura une incidence certaine sur une partie de ses réactions pendant les quelques jours infernaux qui sont retracés dans Comme un poison dans l'eau.
Yan Marchand, en fait, s'attache surtout, en confrontant son personnage atypique à une catastrophe, à mettre en avant ses bouleversements psychologiques conséquents. Car, malgré son caractère particulier, Walter démontre, au fil des pages, qu'il n'est pas si différent de ses compatriotes : égoïste, lâche, prompt à s'attacher à des choses sans importance tandis qu'autour de lui le monde s'écroule, et cætera. Son manque d'amour pour son prochain lui permettra seulement de survivre un peu plus longtemps, en écartant le danger – les autres – sans trop d'état d'âme. L'auteur se moque également – car un léger humour pointe par-ci ou par-là – des réactions idiotes des gens face à une catastrophe, ruinant dès le départ leurs chances de survie par des attitudes irréfléchies, puis, plus tard, en succombant au désespoir.
Yan Marchand, avec le peu d'espace qu'offre le format de la novella, réussit habilement à nous décrire la psychologie de son personnage principal. Sans doute Walter aurait-il gagné en profondeur dans un texte plus long, mais le format d'environ soixante-dix pages permet à l'auteur de ramasser son histoire, lui évitant peut-être de se perdre dans des détails ennuyeux. Toutefois, on sent que l'auteur aurait pu en dire plus, développer l'idée troublante sur laquelle se conclut son histoire, en faire sans doute un texte plus travaillé, plus puissant.

Comme un poison dans l'eau réussit donc sans difficulté à accrocher le lecteur. Distillant avec suspense un discours légèrement satirique sur la psychologie humaine, Yan Marchand convainc.

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