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Eragon

Bertrand Ferrier (Traducteur), Christopher Paolini ( Auteur), John Jude Palencar (Illustrateur de couverture)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/10/2006  -  jeunesse
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Eragon

Le livre en lui-même a une histoire assez étrange. Christopher Paolini a passé toute sa scolarité à la maison: sa mère une ancienne institutrice d'école Montessori (une méthode d'éducation fondée sur le développement de l'enfant par l'expérimentation) et auteur de plusieurs livres "jeunesse" a assuré l'enseignement de ses deux enfants, avec succès puisque Christopher a obtenu son bac à 15 ans. Elle les a sensibilisés à la créativité et Christopher a commencé très jeune d'écrire des poèmes et des nouvelles. Puis, il a suivi des cours d'écriture par correspondance et une fois la technique assimilée, s'est lancé dans l'aventure.

Il a couché ses visions de dragon par écrit, puis a retouché le premier jet et a élaboré un livre publié pour la première fois dans la maison d'édition fondée et dirigée par ses parents. Ceux-ci ont mis sur pied une vaste campagne de promotion en programmant des centaines de signatures dans des écoles, bibliothèques et librairies. Cette opération a attiré l’attention d’une éditrice qui a décidé de republier le livre chez Knopf books Jeunesse. S'en sont suivis plus d'un million d'exemplaires vendus en six mois et l'achat des droits d'adaptation cinématographique par la Fox. À l'instar de son personnage, Christopher s'est retrouvé enrôlé dans une épopée dont il n'avait pas mesuré l'envergure!

Qui trouve un œuf...

La traque d’une biche entraîne le jeune Eragon jusqu’à la crête une chaîne de montagnes sauvages. S’il perd trace de son gibier, il ne rentre pas pour autant bredouille puisqu’il trouve une pierre précieuse bleue veinée de blanc. Quelques jours après, la mystérieuse pierre se fissure et en sort un bébé dragon! Au contact du dragon, un ovale argenté apparaît sur la peau d’Eragon. Le voilà sans le savoir marqué du signe des Dragonniers, une confrérie décimée par le roi tyrannique Galbatorix, lui-même Dragonnier parjure.

L’enjeu de cette nouvelle identité est considérable: un nouveau Dragonnier représente aussi bien un agent précieux pour Galbatorix que le dernier espoir des Vardens pour renverser l’Empire. Les inconvénients de sa position ne se font pas attendre des Ra’zacs, émissaires de Galbatorix, blessent mortellement Garrow, l’oncle d’Eragon qui l’a élevé. Le garçon se lance à leur poursuite en compagnie de Saphira, sa dragonne avec qui, il a établi un contact télépathique et de Brom, le prétendu conteur du village. Le vieil homme va lui enseigner aussi bien à se battre qu’à utiliser la magie.

Eragon va devoir reléguer la vengeance au second plan face à l’ampleur de la situation. Les Urgals dévastent plusieurs cités ne laissant derrière eux que cadavres et ruines. Au cours de ses aventures, Eragon va faire deux rencontres déterminantes: Murtagh qui lui sauve la vie, mais persiste à garder ses secrets et une elfe qu’il arrache presque morte aux Urgals qui l’avaient capturée. Les révélations se succèdent, entraînant Eragon vers de nouveaux horizons et des missions de plus en plus primordiales pour l’avenir des sujets de l’Empire, des nains et des elfes.

De la fantasy traditionnelle avec des touches personnelles

Eragon est un roman de fantasy dans la plus pure tradition. Quand son auteur sur le site www.radomhouse.com en anglais, je vous recommande particulièrement une passionnante triple interview de Christopher Paolini, Philipp Pullman et Tamora Pierce, preuve que le jeune Paolini a déjà trouvé sa place dans la cour des grands) s’inscrit dans la lignée de Tolkien, on craint une énième resucée sans substantifique moelle du Seigneur des anneaux. Mais quand il affirme s’inspirer de la traduction de Beowolf par Seamus Heaney, on entrevoit l’espoir qu’Eragon développe une veine un peu plus inédite. La lecture vient confirmer cette intuition.

Certes, aucun des ingrédients ne manque: magie, quête initiatique, combat du Bien contre le Mal. Mais à cela, Paolini a su rajouter des éléments plus inattendus. En premier lieu, le lien qui unit Eragon et Saphira sa dragonne; la psychologie de Saphira est étonnamment complexe. Brom en avait prévenu Eragon: les dragons sont tellement liés à la terre qu’il se produit autour d’eux d’étranges événements dont ils sont les premiers étonnés. Les états d’âme d’Eragon, frappé par l’injustice de perdre le peu de famille qui lui restait, puis contraint à la méfiance perpétuelle ne pouvant se reposer que sur Saphira, sont également très bien rendus. Le duo du chat-garou, un proche cousin de celui de Chester et d’Angela introduit dans le récit une dimension fantastique et malicieuse. Les interrogations liées au passé des personnages ou des objets qui se résolvent petit à petit titillent en permanence la curiosité du lecteur. La dimension stratégique du combat se densifie quand le petit groupe arrive à Farthen Dur dégageant de larges possibilités pour la suite du cycle.

Cette intrigue brillamment menée est servie par une langue assez lyrique dans les descriptions et dynamique dans les dialogues, adéquation de l’expression à la situation qu’a su rétablir la traduction. La trilogie brillamment commencée par cet opus tourne autour de la notion d’héritage. Paolini semble avoir reçu un talent certain (et habilement exploité par son entourage, mais c’est un autre débat…); puisse-t-il le faire fructifier dans le prochain tome. En attendant impatiemment sa sortie annoncée fin 2005 en anglais, formulons un souhait pour ce jeune romancier touché par le succès: que sa plume reste inspirée!

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