« Ah ! Les parfums des eaux usées ! Si pestilentiels et si familiers ! Je me ressens vivre. »
L’année 2008 aura été morose : beaucoup de fantasy, peu de rééditions pertinentes, des nouveautés entourées de beaucoup de buzz pour peu d’effets, aucune révélation de nouvel auteur prometteur ; même les nouvelles expérimentations du prodige Alexis Aubenque nous ont laissés dans l’expectative. Aussi à ActuSF, conscients de notre devoir de veille et d’investigation, ne nous sommes-nous pas contentés de survoler les tendances d’un marché stagnant et de plébisciter les ouvrages des éditeurs établis ; notre travail est, à l’inverse, descendu plus en profondeur, dans les strates naissantes et marécageuses de l’édition, là où les prochaines décennies du genre fermentent et se construisent scrupuleusement. C’est dans ces strates parfumées que nous avons déniché la perle rare, le roman incontournable de l’année 2008, un livre qui nous aura enthousiasmés comme seuls ceux d’auteurs de la trempe d’Henri Lœvenbruck avaient su le faire par le passé.
Nous devons cette œuvre magistrale à la novatrice et ultra-libérale maison d’édition La Société des écrivains, à laquelle notre fervent membre Jérome Lavadou a déjà consacré, à raison, plus d’un dossier panégyrique. Elle s’intitule Passion saphique en eaux usées (sans discussion le titre le plus audacieux de l’année passée), et se révèle la première œuvre publiée de Ludwig Louton, un jeune auteur apparemment inconnu, mais pas tant que ça, puisqu’il s’agit en réalité d’un des piliers du forum Doctissimo – comme quoi les tenants des forums dédiés de l’imaginaire français feraient mieux de ne pas s’endormir sur les lauriers de leurs grands anciens. Soulignons que Ludwig Louton n’a pas lésiné, pour l’occasion, sur les moyens pour documenter et crédibiliser son récit, ou plutôt comme il le qualifie lui-même son « thriller lesbien », comme nous le prouve la section dédiée sur le site consacré au roman.
« Le ciel est magnifique. De grandes traînées mauves effilent le ciel aux reflets verts.
– Magnifique, n’est-ce pas ? Une fois qu’on a vu les aurores de Nestor, on en repart plus, commente Doom. »
– Magnifique, n’est-ce pas ? Une fois qu’on a vu les aurores de Nestor, on en repart plus, commente Doom. »
Le récit de Passion saphique en eaux usées prend corps sur la lune Nestor II, l’un des satellites habitable de la géante gazeuse Francesca. Deux particularités de cette lune sont notables : la première est qu’elle possède le charme de tourner sur elle-même en 52 heures, tout en vivant au rythme de journées de 26 heures, donc tantôt diurnes tantôt nocturnes ; la seconde est de disposer, en sa capitale Nestorica, d’un remarquable réseau d’égouts, tellement remarquable qu’il a été choisi comme terrain de jeu pour la finale du Tournoi des Titans – une compétition dont on ne saura finalement rien.
C’est dans ce contexte exotique que débarquent sur Francesca les nouvelles recrues de la SERED (Société des Eaux, des Réseaux d’Épuration et de Dépollution) au sein desquelles trois jeunes adolescentes à la recherche d’elles-mêmes : Séghane Génin (la narratrice), Axelle Juston et Vinciane Hérisson. La première est une petite blonde homosexuelle à la poitrine proéminente qui s’est engagée à la SERED pour fuir son mal-être ; la deuxième est une asiatique aux petits seins et aux cheveux vert fluo qui a fui la pauvreté de sa planète natale (où les jeunes adolescentes démunies sont obligées de se prostituer pour survivre, à moins de se garantir la couche d’un policier en devenant sa régulière) ; enfin, la dernière est une black qui a été envoyée à la SERED par ses parents en punition d’une relation sexuelle incestueuse avec son cousin Harry.
« T’as des seins superbes, dit-elle.
– Merci. Les tiens sont très mignons aussi, réponds-je. »
– Merci. Les tiens sont très mignons aussi, réponds-je. »
Logées dans la même chambre, les trois jeunes femmes sympathisent vite, d’autant que les douches sont collectives et qu’elles nourrissent une passion commune pour les peluches (chenille rose pour Séghane et chien-loup pour Axelle). Malheureusement pour Séghane, elle s’éprend d’emblée de la jolie asiatique (« Une si petite bouche avec un si beau sourire. C’est mon cœur qui se fendille devant tant de charme ») ; malheureusement, car Axelle n’a, elle, d’yeux que pour les mâles de l’équipe et tombe trop rapidement sous le charme du beau Jack ; Séghane s’en retourne donc à sa déprime et ses plaisirs solitaires : « Mon majeur s’invite dans mon intimité et glisse sans mal dans le berceau de liqueur. L’index rejoint son compagnon et mon autre main étale l’eau bénite qui ruisselle entre mes cuisses. »
La détresse amoureuse de Séghane est, fort à propos, compensée par la découverte du nouveau job d’éclaireur des trois filles (vérifier le bon fonctionnement des égouts, détecter et réparer les anomalies, retrouver les clefs égarées, …), chaperonnées par Eugène Axiome leur responsable de service, Doom le grand routard chauve à la tête de tortue et digne amateur de sandwichs au pâté, et JF le petit gros mécano au cigare. Ce travail, contrairement aux apparences, n’est pas de tout repos, car une faune inhospitalière peuple les égouts…
« L’ennemi que je dois débusquer est un couple d’octopodes hirsutes. Ce sont des monstres des égouts : des pieuvres poilues [et aveugles], détectant leurs proies par la chaleur et disposant d’une rangée de dents à la place des ventouses. »
Si les égouts sont envahis de poissons voraces, de mille-pattes venimeux de quinze centimètres, de lézards à huit pattes assoiffés de sang humain, ce sont les octopodes hirsutes qui en sont les prédateurs prédominants. Un entraînement virtuel méticuleux sera nécessaire aux filles afin qu’elles ne deviennent pas, comme nombre d’éclaireurs avant elles, les victimes de ces créatures glauques et ronronnantes, aux ergots cliquetants, au poil humide et noir, et dont les mâles sont pourvus de cornes sur les tempes.
Afin de compléter cet aperçu trop bref de la faune souterraine, voici un petit extrait du bestiaire inséré en fin d’ouvrage :
« [Les aveugles] logent dans les tunnels des métros. Ils ressemblent à de gros varans jaunes avec des tentacules verts qui sortent de l’orbite oculaire (…) [et] qui s’agitent et captent les sons. Le bruit des trains leur permet de visualiser très bien leur environnement (…) ils ont les épaules larges, le corps trapu et les dents pointues parfaitement alignées. (…) Solitaires, ils font beaucoup de victimes parmi les gangs de tagueur (…) Mettre son tag sans se faire manger par un aveugle est toujours source de respect. »
« Crabes : (…) le mâle possède un dard et le venin peut entraîner des diarrhées aiguës. »
« Vers mécaniques : Ce sont des robots fous chargés de curer des tronçons de collecteurs où des dépôts ont tendance à se former. Ils ont échappé au contrôle des PC lors d’un bug général de la SERED. »
« [Les aveugles] logent dans les tunnels des métros. Ils ressemblent à de gros varans jaunes avec des tentacules verts qui sortent de l’orbite oculaire (…) [et] qui s’agitent et captent les sons. Le bruit des trains leur permet de visualiser très bien leur environnement (…) ils ont les épaules larges, le corps trapu et les dents pointues parfaitement alignées. (…) Solitaires, ils font beaucoup de victimes parmi les gangs de tagueur (…) Mettre son tag sans se faire manger par un aveugle est toujours source de respect. »
« Crabes : (…) le mâle possède un dard et le venin peut entraîner des diarrhées aiguës. »
« Vers mécaniques : Ce sont des robots fous chargés de curer des tronçons de collecteurs où des dépôts ont tendance à se former. Ils ont échappé au contrôle des PC lors d’un bug général de la SERED. »
Si toutes ces descriptions sont promptes à effrayer dans un premier temps notre trio, elles découvriront bien vite que les animaux les plus dangereux ne sont pas ceux que l’on croit…
« Ne dites à personne que vous êtes homosexuelle. Vous travaillerez dans la ville de Nestorica et la coutume est de violer les lesbiennes. »
Cet avertissement angoissant, lancé à Séghane par le médecin de service chargé de l'épiler « dans les recoins les plus étroits [de ses fesses] », se substantifie quand les filles découvrent un cadavre lors d’une de leur tournée : « Une femme nue est délaissée sur le sol. Elle a la mâchoire brisée, le visage couvert de sang. La fente de son sexe a été agrandie sans aucun doute à coups de couteau (…) Je suppose qu’il a été enfoncé jusqu’à la garde dans le vagin et puis remonté jusqu’au nombril. » Et la vérité de les estourbir : un serial-killer s’est mis en devoir d’assassiner, après les avoir violées, des lesbiennes et d’abandonner leurs corps infamants dans les égouts.
Si la police se charge de l’affaire avec sa vélocité et sa perspicacité coutumières, les filles n’en sont pas moins chamboulées par cet événement (« L’image morbide me tourne encore le cerveau dans tous les sens ») venant perturber la franche passion que Séghane commençait à nourrir pour son travail : « Les égouts m’attirent, le danger, les raccourcis, se salir. »
« J’admire la grâce d’Axelle quand elle enfile son string rouge. »
Sous le climat sinistre imposé par les méfaits du serial-killer, les relations entre Séghane et Axelle s’intensifient. D’abord, par la fin de la relation de cette dernière avec Jack, relatée par ce dialogue saisissant de vérité :
« (…) Je pensais que tu préférerais être avec ton copain.
– Quel copain ? C’est fini depuis ce midi.
– Ah bon ?
– Non. En fait, c’est pas tout à fait fini. Il voulait que je lui taille une pipe. J’ai dit non et il est parti vexé. »
« (…) Je pensais que tu préférerais être avec ton copain.
– Quel copain ? C’est fini depuis ce midi.
– Ah bon ?
– Non. En fait, c’est pas tout à fait fini. Il voulait que je lui taille une pipe. J’ai dit non et il est parti vexé. »
Cette déception sur la nature des hommes (« Je pensais qu’un gars comme [Jack] serait mature. Il a vingt-six ans. Et puis il a un bouc, ça fait plus viril »), entraîne la jeune Axelle, à la sexualité incertaine et ambiguë, vers la pente savonneuse de l’homosexualité. Évidemment, elle se montre dans un premier temps réticente, n’osant pas assumer l’ampleur de ses sentiments, et n’offrant à Séghane que de timides caresses dorsales et de tendres attouchements nocturnes, des offrandes précieuses que Séghane chérit benoîtement (« J’approche mon nez de sa nuque parfumée. J’ai envie de lui dire tout ce que je l’aime »).
« Je marche dans le caca, mon détecteur de gaz est aux aguets. »
Tandis que le serial-killer multiplie ses actes sanglants (mais avec précaution, car tant qu’il n’a pas violé ses victimes il utilise du matériel stérilisé), les filles se font de nouveaux amis : Eymen (prononcez Hey Man) un balayeur noir auquel Séghane confiera ses joies et ses peines ; puis Kyle Crénal et son ami noir le fils du Régent de Nestor II, deux jeunes hommes « grands, minces et aux abdomens saillants », rencontrés un samedi après-midi sur la plage ensoleillée, avec qui les filles se lieront d’amitié et qui leur apprendront de grandes révélations sur la vie comme « La fidélité est la plus belle chose que puisse offrir une femme » ; et surtout, Lolita, l’octopode hirsute femelle qu’adoptent Séghane et Axelle, après l’avoir sauvée des tentacules d’une tribu d’octopodes sans pitié – elles suivent là l’exemple de Doom qui a, lui aussi, son octopode domestique, joliment prénommé Roger l’octopode (en hommage probablement à Bob l’Éponge). Lolita accompagnera ainsi les filles tout au long de leurs péripéties dans les égouts (et sous les douches).
Car, et je me permets une petite parenthèse, travailler dans les égouts n’est pas de tout repos. Il faut éviter les prédateurs locaux, les fuites de gaz, assimiler nombre de règles complexes et de termes techniques abscons, et savoir conduire des gros camions :
« – Bien, bonjour, fait le chef. J’espère que vous avez bien choisi votre binôme. Vous voulez bien vous placer par binôme ?
Nous nous regroupons par deux. »
« – Y a pas de commande pour le by-pass, constate Axelle.
– Non, il a dit que c’était un batardeau. »
« J’aime bien conduire même si je suis en permanence en train de surveiller dans mes rétroviseurs que ça passe et que je serre les dents lorsque c’est juste. »
« – Bien, bonjour, fait le chef. J’espère que vous avez bien choisi votre binôme. Vous voulez bien vous placer par binôme ?
Nous nous regroupons par deux. »
« – Y a pas de commande pour le by-pass, constate Axelle.
– Non, il a dit que c’était un batardeau. »
« J’aime bien conduire même si je suis en permanence en train de surveiller dans mes rétroviseurs que ça passe et que je serre les dents lorsque c’est juste. »
« Pourquoi tu m’as laissée te lécher ? »
Alors que l’enquête piétine, malgré la participation officieuse de Séghane à celle-ci (les policiers ayant besoin d’une éclaireuse intelligente et débrouillarde pour les assister), les relations entre Axelle et Séghane se précisent. L’asiatique prend d’abord ses distances avec son amie, effrayée par la découverte de la nature inattendue de sa propre sexualité, ce qui vaudra à Séghane une petite crise de boulimie (« Je craque et m’achète un croissant au beurre bien chaud. Il est tout moelleux et c’est un régal. Je pourrais en manger dix comme celui-ci ») et de ce que nos camarades de la salle 101 qualifieront de civisme raisonné : « Un groupe de jeunes se trouve affalé sur les bancs. Ils n’ont pas l’air commode. Ils ne m’inspirent pas confiance et je trouve dommage qu’on n’ait pas le droit de garder notre fusil sur nous, juste pour les effrayer. » Heureusement, une belle balade le long du fleuve Nestorion et un bon repas doublé d’un bon sommeil ragaillardissent Séghane : « Je me recroqueville en serrant ma chenille rose en peluche contre moi. Je lâche un rot au parfum de crêpe et lardons puis je soupire d’aise en m’endormant. »
Axelle finit cependant par revenir vers Séghane, les sentiments sont plus forts que la crainte d’un amour interdit, et les filles passent des caresses aux baisers, « des baisers fins, des baisers de gourmets accompagnés de petits bruits humides et enrobés d’une sauce légère à la salive », ce qui vaudra à Séghane la désormais célèbre réplique : « Tes baisers sont comme des loukoums. »
« J’ai jamais ressenti cela. Je suis sûre que je suis lesbienne, je l’ai toujours été. C’était trop bon. (…) Faut que j’annonce ça à ma mère ! »
Les passions conjuguées de Séghane pour les égouts et pour la jolie asiatique aux cheveux vert fluo (« J’arrive à déceler le parfum d’Axelle qui se cache sous les flagrances [sic] sauvages des égouts ») finissent par s’entrecroiser et rendre ivres d’amour les jeunes filles, et les lèvres de Séghane de se porter vers d’autres, plus intimes.
Avertissement : Cette scène de douche contient des passages qui peuvent heurter un jeune public
« Je vois bien qu’elle est assez troublée. Je glisse mes doigts de chaque côté de ses cheveux savonneux. Je l’embrasse langoureusement. Elle se laisse faire et garde les yeux fermés quand je descends ma bouche sur sa poitrine et qu’elle tressaille. Tandis que je lèche le point d’exclamation du sein gauche, je caresse la dune droite aux courbes harmonieuses. Je descends ma bouche sur son ventre plat, sur son nombril étiré en croissant, sur le bas de cet abdomen si beau, sur cette fente si parfaite… Je fais glisser ma langue sur cette ligne mystérieuse. Elle agite les jambes comme si elle était prise d’une envie d’uriner. Je plaque mes mains derrière ses cuisses pour lui faire signe de ne pas bouger.
– Séghane… gémit-elle.
Avec ma langue, j’écarte ses chairs…
– Séghane ! hoquette-t-elle complètement troublée.
Je me relève.
– Tu ne t’es jamais masturbée ? m’étonné-je.
– Si… mais pas avec la bouche. »
Fin de l’avertissement
« Je vois bien qu’elle est assez troublée. Je glisse mes doigts de chaque côté de ses cheveux savonneux. Je l’embrasse langoureusement. Elle se laisse faire et garde les yeux fermés quand je descends ma bouche sur sa poitrine et qu’elle tressaille. Tandis que je lèche le point d’exclamation du sein gauche, je caresse la dune droite aux courbes harmonieuses. Je descends ma bouche sur son ventre plat, sur son nombril étiré en croissant, sur le bas de cet abdomen si beau, sur cette fente si parfaite… Je fais glisser ma langue sur cette ligne mystérieuse. Elle agite les jambes comme si elle était prise d’une envie d’uriner. Je plaque mes mains derrière ses cuisses pour lui faire signe de ne pas bouger.
– Séghane… gémit-elle.
Avec ma langue, j’écarte ses chairs…
– Séghane ! hoquette-t-elle complètement troublée.
Je me relève.
– Tu ne t’es jamais masturbée ? m’étonné-je.
– Si… mais pas avec la bouche. »
Fin de l’avertissement
« Moi, ce midi si tu veux, je t’embrasse devant toute la cafétéria, m’explique Axelle. Et j’en ai trop envie. »
En revers des premiers émois d’Axelle, l’enquête s’accélère soudain : les filles découvrent fortuitement le repaire du tueur, puis échappent à un piège qui sera fatal à Jack, tandis qu’un autre garçon de l’équipe, Hubert, est victime d’un octopode tueur. Cette ambiance malsaine est doublée par l’arrestation du coupable présumé, JF, dont le sperme a été identifié comme étant celui de l’assassin – heureusement c’est une fausse piste, le tueur ayant induit la police en erreur en récupérant le sperme de JF dans des préservatifs usagés que celui-ci avait utilisés avec sa maîtresse asiatique.
Ces rebondissements valent bien une nouvelle scène de douche, à laquelle s’invite une troisième participante inattendue…
Avertissement : Cette scène de douche contient des passages qui peuvent heurter un jeune public
« Axelle glisse une main entre ses jambes et écarte légèrement les pieds. Elle ouvre de ses doigts ses nymphes qui ne demandent qu’à s’épanouir. Je pétris ses fesses puis les écarte. Elle enclenche l’eau au-dessus d’elle. Le savon de son dos ruisselle dans cette jolie raie. Lorsque le ruisseau blanc est passé, je pose ma bouche et darde ma langue vers ce point très intime (…) Tout en écartant toujours ses fesses d’une main, j’avance deux doigts vers son coquillage. (…) Je suis émue. (…) Axelle se retourne et s’adosse au mur. J’enveloppe son sexe dans ma bouche. Je plonge ma langue entre mes doigts dans ce centre si précieux qui ruisselle de miel délicieux. Je crois que je suis une fille un peu barjot, trop affamée de minous. Je frotte sans m’en apercevoir mon sexe sur la tête de Lolita et elle ronronne au rythme de mes caresses. »
Fin de l’avertissement
« Axelle glisse une main entre ses jambes et écarte légèrement les pieds. Elle ouvre de ses doigts ses nymphes qui ne demandent qu’à s’épanouir. Je pétris ses fesses puis les écarte. Elle enclenche l’eau au-dessus d’elle. Le savon de son dos ruisselle dans cette jolie raie. Lorsque le ruisseau blanc est passé, je pose ma bouche et darde ma langue vers ce point très intime (…) Tout en écartant toujours ses fesses d’une main, j’avance deux doigts vers son coquillage. (…) Je suis émue. (…) Axelle se retourne et s’adosse au mur. J’enveloppe son sexe dans ma bouche. Je plonge ma langue entre mes doigts dans ce centre si précieux qui ruisselle de miel délicieux. Je crois que je suis une fille un peu barjot, trop affamée de minous. Je frotte sans m’en apercevoir mon sexe sur la tête de Lolita et elle ronronne au rythme de mes caresses. »
Fin de l’avertissement
« – [Séghane] m’a fait découvrir la plus merveilleuse chose qui existe au monde… Le vagin ! »
Cette révélation en suit une autre : le serial-killer est en réalité deux personnes : Kyle et le fils du Régent, les deux amis du trio (ça alors !). Une confrontation sanglante les oppose dans les égouts, de laquelle les filles sortent vainqueurs grâce à Lolita l'octopode qui tue Kyle et décapite le fils du Régent. Là où cette révélation est inattendue, c’est qu’elle survient aux trois quarts du roman, celui-ci prend alors une tournure tout autre…
« Axelle est une fille très intelligente et elle a assimilé sans mal tous les mots du vocabulaire complexe de la langue française. »
Ce changement de cap est l’occasion d’un petit entracte, nécessaire pour souligner la complexité de l’enquête menée par les filles, le chamboulement émotif provoqué par leurs sentiments respectifs, et surtout l’intelligence qui leur permettra de gérer toutes ces folles aventures.
« Je fais quelques pas pour tenter de trier mes pensées. »
« J’ai besoin de marcher, ça purge mes pensées. »
« Je réfléchis et pourtant j’ai l’impression de réfléchir dans le vide. Les images me passent devant les yeux sans ordre précis, sans logique apparente. Toutes mes pensées semblent flotter comme si on avait soudainement mis une bibliothèque en apesanteur. »
« – Dominique m’a dit que tu étais très à l’aise dans les égouts.
La ponctuation me laisse deviner qu’il faut que je m’explique.
– En effet, c’est un milieu que j’apprécie. Je ne saurais vous l’expliquer. »
« Nos poitrines se touchent à travers son t-shirt trempé. J’en suis toute retournée. Je n’ai jamais dormi nue avec une autre fille que ma cousine et nous n’étions que des enfants. Je retrouve à la fois cette âme enfantine et ce désir adulte. Mes souvenirs et le présent se percutent dans ma tête avec incompatibilité. »
« Axelle travaille sa réponse. Elle réfléchit. Elle réfléchit intensément. Elle se rend compte dans sa tête, ne sait pas si elle doit répondre. »
« Il faut souvent changer de fenêtre pour voir les choses sous tous leurs angles. »
« J’ai besoin de marcher, ça purge mes pensées. »
« Je réfléchis et pourtant j’ai l’impression de réfléchir dans le vide. Les images me passent devant les yeux sans ordre précis, sans logique apparente. Toutes mes pensées semblent flotter comme si on avait soudainement mis une bibliothèque en apesanteur. »
« – Dominique m’a dit que tu étais très à l’aise dans les égouts.
La ponctuation me laisse deviner qu’il faut que je m’explique.
– En effet, c’est un milieu que j’apprécie. Je ne saurais vous l’expliquer. »
« Nos poitrines se touchent à travers son t-shirt trempé. J’en suis toute retournée. Je n’ai jamais dormi nue avec une autre fille que ma cousine et nous n’étions que des enfants. Je retrouve à la fois cette âme enfantine et ce désir adulte. Mes souvenirs et le présent se percutent dans ma tête avec incompatibilité. »
« Axelle travaille sa réponse. Elle réfléchit. Elle réfléchit intensément. Elle se rend compte dans sa tête, ne sait pas si elle doit répondre. »
« Il faut souvent changer de fenêtre pour voir les choses sous tous leurs angles. »
« Séghane, je peux pas vivre un amour par visioconférence. »
Retour à l’histoire où, pour éviter que la police secrète du Régent n’abatte les filles, celles-ci sont expulsées fissa de Nestor II et renvoyées dans leurs colonies respectives Vanessa III et Vanessa IV, renvoi facilité par le haut niveau technologique, et révolutionnaire, de ce futur lointain : « Dans quelques heures, le vaisseau va pénétrer dans le soleil. L’énergie de l’astre nous permettra de bondir vers une autre étoile de laquelle nous surgirons à la vitesse de la lumière pour arriver en quelques minutes à destination. » Si Séghane garde in extremis Lolita, elle perd Axelle, l’amour de sa vie, « l’âme sœur complémentaire » qu’elle venait enfin de trouver.
Séparée des égouts et d’Axelle, qui décide en plus de mettre un terme à leur relation, trop complexe à gérer à distance, Séghane s’enferme dans un mutisme bouillonnant d’où elle ressortira aguerrie par un entraînement intensif au pistolet-laser et nantie d’une rage conquérante : elle décide alors de retourner sur Nestor II pour assassiner le Régent qui se terre tel un vil rat d’égout dans son palais, pour le punir de l’avoir séparé de son amour – et ce malgré les protestations de sa mère, soucieuse des émois post-pubères de son aînée :
« – Mais arrête de penser à elle. Pense plutôt à un avenir. – Un avenir ? Moi ma vie, c’est sur Nestor II. Soit je tue le Régent et je reprends ma vie parmi les gens que je connais, soit sa milice m’abat.
– Mais pourquoi ? Pourquoi tu n’essaies pas de fonder une famille, d’avoir des enfants, comme toutes les filles de ton âge. – Je suis lesbienne maman ! hurlé-je »
« Avec un cul pareil, le destin veut que je réussisse. »
Le père de Séghane, qui a des relations, déniche un contact, le glouton (mise en abîme de l’auteur), qui peut l’aider. Celui-ci lui fournit une armure furtive et l’adresse d’un bon pilote d’hélicoptère, Cherokee, qui est en réalité Lénaïc, la cousine, lesbienne également, de Séghane. Ces retrouvailles sont l’occasion d’introduire leurs animaux de compagnie respectifs : Lolita l’octopode et Menthos l’écureuil :
« Lénaïc a un animal de compagnie bleu-glace. C’est une sorte de gros écureuil avec une queue trois fois plus longue que le corps. Elle l’a appelé Menthos (…) Menthos monte sur la table et pousse le bol de cacahuètes vers sa maîtresse.
– Pas maintenant, soupire-t-elle (…) Il veut que je l’étale sur mon minou et que je le laisse lécher (...) il aime la cacahuète et un jour j’ai eu envie de varier un peu le plaisir. Depuis ben c’est une sorte de rituel. »
Le palais du Régent étant imprenable, Séghane doit en premier chef délivrer Gary Labross, un ancien garde du palais, emprisonné après avoir flirté avec la femme du Régent, et qui doit connaître des passages secrets qui seraient bien utiles à l’opération. Problème : Guy Labross est enfermé dans la célèbre prison du canyon de la Petite-Mort. S’ensuit une séquence d’infiltration mémorable Girl Kicks Ass Approved où Séghane, assistée de Lolita qui a grandi et sait maintenant compter jusqu’à dix, libère Guy Labross et s’enfuit, comme de bien entendu, par les égouts de la prison. Cette scène d'action phénoménale est également l’occasion pour l’écrivain, que décidément rien n’arrête, d’opérer temporairement un subtil changement de narrateur (l’un des passages étant raconté à la première personne par l’un des gardiens).
« Nous nous embrassons passionnément, comme deux filles qui s’aiment beaucoup. »
Séghane célèbre sa première victoire dans les bras de sa cousine Cherokee/Lénaïc, avec qui elle entame une liaison de substitution, avant de se préparer à son grand retour sur Nestor II. Miracle des miracles, il se trouve qu’Axelle se trouve alors à Nestorica pour disputer la finale d’une compétition de surf magnétique (un sport interplanétaire importé des fières colonies allemandes) dont elle est devenue l’une des stars.
Avant de se rendre au palais pour abattre le Régent, Séghane s’offre un petit plaisir en allant déguster les courses de sa bien-aimée, l’occasion pour le lecteur d’en apprendre un peu plus sur ce sport sibyllin (les lecteurs raffinés feront évidemment le lien avec Rollerball) et interplanétaire – comme le souligne le nom des concurrents : « La première course opposera Mélanie Lechat des colonies Argonite, Ruan Chang de la colonie de Mao, Hildegarde de Stern Berlin et Rachel Rico de Nueva Santa. (…) A leur tour se placent Carine Gildas de Nestor II, Mylène Monfort de la ville spatiale de Saint-Sébastien, Pilar Muñoz de Monica I puis une concurrente très attendue : Axelle Juston de la colonie Vanessa IV. » Plus qu’une simple course avec obstacles, dont des murs de feu tout de même, le surf magnétique est avant tout un sport de roublards (« Pilar manque de peu de lui rentrer dedans mais [Axelle] l’évite d’un coup de bassin qui restera dans les annales du surf magnétique ») qui culmine lors de la boucle finale : « …voilà l’épreuve de la baston. Des bâtons en carton rigide sont disponibles. Chacune des concurrentes en attrape un et commence à se taper dessus, ce qui les ralentit. »
Pour le grand bonheur de Séghane, Axelle remportera la course ; mais ce bonheur a l’amertume d’une poire trop mûre car Séghane sait que la mission qui l’attend est sans retour : « Axelle a pris trop de mon cœur. Je m’en vais sans me retourner. Je ne veux pas voir les larmes de Lénaïc que j’ai entraperçues. Mon histoire se finira entre moi et le Régent. Je lui rappellerai brièvement qui je suis et je le tuerai. Et après, je marcherai jusqu’à ce quelqu’un m’abatte… »
« Je referme le tampon et nous plonge dans le noir. Je crie de victoire : Youuuuuhou ! »
En empruntant les passages secrets dévoilés par Guy Labross, Séghane finit par arriver face à face avec le Régent, et là, ultime rebondissement de cette intrigue haletante, celui-ci lui explique que l’incarcération de Labross était un coup monté pour permettre à Séghane de s’infiltrer sans encombre dans le palais, car il souhaitait la rencontrer (certes il aurait pu faire simple et aller la chercher directement, mais ne chipotons pas, la fin justifie les moyens). Le Régent souhaitait rencontrer Séghane, donc, car il souffre, il souffre d’avoir échoué à élever son fils, il souffre d’avoir provoqué la séparation de Séghane et Axelle : « Je vous ai laissé venir jusqu’ici pour une simple et bonne raison. Pour vous montrer qu’on peut régner sur une lune entière sans pour autant abuser de son autorité. Et bien que l’union de deux femmes me paraisse contre nature, je respecte vos choix car l’amour est la plus belle religion que la nature ait jamais inventée. »
Et c’est avec une larme à l’œil (partagée par le lecteur), une larme aussi belle que la lumière de la dernière étoile à s’éteindre le matin, qu’il demande son pardon à Séghane en lui offrant un petit pavillon modeste (en s’octroyant toutefois le brin de folie d’y adjoindre une baignoire circulaire à jacuzzi) et un boulot à la SGEUC (Société de Gestion des Eaux Usées de la Couronne).
« J’ai longuement réfléchi, dit-elle. Je t’aime trop. »
Cet épilogue heureux est doublé des retrouvailles chaleureuses entre Axelle et Séghane qui peuvent enfin vivre et assumer leur amour au grand jour, ce qui nous vaut de la part d’Axelle une jolie ballade espagnole (« Te quiero como una chica enamorada. Te quiero ! Me gusta tu piel y no me importa que eres tambien una chica cuando me haces cosas dentro mi cuerpo y mi corazon ! Whooo ! Dame muchos besos sobre mi boca y mi sexo… ») et, enfin, le baiser tant attendu sur les lèvres inférieures de Séghane. Celle-ci lui rendra ce baiser d’amour, un baiser qui rend subtilement hommage à un siècle de science fiction : « Je me retourne, la tête vers ses pieds et je pose ma bouche sur son sexe telle une soucoupe volante se posant sur un astronef. »
Le roman s’achève sur la crémaillère donnée dans la résidence des amoureuses, où Séghane parvient à caser sa cousine Cherokee avec Ludivine, la fille d’Eugène Axiome, et à organiser d’autres retrouvailles, celles de Vinciane avec son cousin Harry, retrouvailles qui marquent un final inoubliable que l’auteur a su conserver pour la bonne bouche.
Avertissement : Cette scène de parade amoureuse contient des passages qui peuvent heurter un jeune public
« [Vinciane] s’agenouille près du lit et pose sa bouche sur [le] sexe gorgé [de Harry]. Elle dispense quelques baisers avant de le prendre en bouche. Les va-et-vient de la langue et l’aspiration procurent à Harry un plaisir inattendu et intense. Vinciane en rêvait sans doute plus que lui. C’est selon elle une preuve d’amour que de pratiquer ce genre d’acte. Elle s’arrête lorsque la semence chaude et blanche frappe dans sa bouche. Elle s’efforce de l’avaler sans cacher sa grimace de dégoût. Et elle décide de partager cette saveur en l’embrassant. »
Fin de l’avertissement
« [Vinciane] s’agenouille près du lit et pose sa bouche sur [le] sexe gorgé [de Harry]. Elle dispense quelques baisers avant de le prendre en bouche. Les va-et-vient de la langue et l’aspiration procurent à Harry un plaisir inattendu et intense. Vinciane en rêvait sans doute plus que lui. C’est selon elle une preuve d’amour que de pratiquer ce genre d’acte. Elle s’arrête lorsque la semence chaude et blanche frappe dans sa bouche. Elle s’efforce de l’avaler sans cacher sa grimace de dégoût. Et elle décide de partager cette saveur en l’embrassant. »
Fin de l’avertissement
« Je rêve de toi jour et nuit, confie-t-elle.
– L’homosexualité n’est pas une maladie.
– Je sais. »
– L’homosexualité n’est pas une maladie.
– Je sais. »
Passion saphique en eaux usées est, de mémoire de lecteur, l’une des plus belles expériences littéraires que l’on puisse vivre. Si pointent ici ou là quelques allusions-hommages à l’œuvre du grand Alexis Aubenque (notamment le jacuzzi et la profusion des « c’est magnifique »), son héritier, Ludwig Louton, parvient, au travers d’une intrigue peut-être trop tortueuse, à retranscrire la fragilité du sentiment amoureux et la difficulté d’assumer sa propre sexualité. Tout, de l’intrigue, du décor (les bureaucrates masculins de Nestorica portent une jupe), du vocabulaire (les égouts sont fermés par des « tampons »), jusqu’aux coquilles (« Depuis tout à l’heure, je vois Axelle, assise sur une bite en béton » ) renvoie à l’amour, à sa souterraineté et à sa souveraineté. Passion saphique en eaux usées se révèle comme une énorme métaphore sur le désir amoureux et le tabou qui l’entoure encore dans notre société post-moderne. Certes, il n’y a pas une page, une phrase (un mot ?) qui ne soit pas maladroite, mais cette maladresse est celle de l’amour.
Cette métaphore se double d’une affirmation, sans doute trop accentuée mais sincère, sur les amours différentes, sur les amours interdites, sur le rejet d’un amour normalisé (le fils du Régent devient un serial-killer sexuel malgré une éducation normale). Passion saphique en eaux usées est un roman pluri-ethnique, une leçon sur la différence, un hymne à l’amour entre cousins, entre races, entre espèces humaines et animales. Inévitablement, il y en aura toujours pour trouver ce roman littérairement médiocre, mais faut-il préférer un roman brillant et dénué de passion à un roman médiocre mais habité par la passion ? À ceux qui hésitent sur la réponse je les renvoie à la citation de Victor Hugo : « Toutes nos passions reflètent les étoiles » et au célèbre proverbe espagnol : « L'amour sans une certaine folie ne vaut pas une sardine. »