Le début :
Pour lire l'extrait en entier, c'est sur le site des éditions Critic.La grosse théière en fer hurle sur la plaque métallique du fourneau. Elle siffle si fort que le vieux Snadien, soudain attentif, se lève. Ses articulations craquent, son visage se contracte, sa bouche s’entrouvre et laisse apercevoir une langue saburrale ; un signe de maladie. Sur le bord de table, près d’un tas de croûtes de pain survolé par une nuée de mouches agressives et bruyantes, il attrape un torchon sale, délavé, et s’en va empoigner l’anse usée de la théière. Quelques minutes plus tôt, un serviteur dervien a disposé des bols peints de motifs religieux devant trois personnes, deux femmes et un homme. Deux enfants, cinq et six ans environ, jouent dans un coin obscur de la pièce,
s’inventent l’histoire d’un voyage où un mystérieux Carmintrao – un Masque – sauve le roi de démons surgis du néant. Un autre serviteur, vêtu d’un sarouel et d’une tunique blanche, remet sa ceinture en place, et pose deux verres sur la table. Une dague courbe est coincée entre la bande de cuir et le lin snadien dont se compose la tunique. D’un geste sûr, il claque des mains. Les enfants tournent la tête, leurs yeux d’un noir brillant se fixent sur ceux de l’esclave, interrogatifs.
— Venez boire votre jus de rogas ! brame-t-il.