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par Gérard Klein » lun. févr. 20, 2012 9:40 pm
Bon, je ne veux pas accabler Barjavel, mais malgré ce qu'en dit L'Oncle, les parallélismes sont vraiment trop frappants et bien que j'ai lu beaucoup de pulps, je ne me souviens d'absolument aucun qui ait abordé le même thème.
Des histoires de cryptes de supercivilisations anciennes, oui, il y en a. Des tonnes mêmes.
Mais une crypte qui contienne deux amants plus ou moins atlantéens dont, l'un, le mâle est mort ou ne peut être réveillé, ce qui a certains effets sur sa compagne, je n'en connais aucun. Au surplus, la Nuit des temps ressemble beaucoup plus à la version tronquée du Masque qu'à la version complète, bien plus subtile.
Parler de plagiat est peut-être excessif. Barjavel recrée sur un thème original d'un autre une atmosphère très différente. Parlons de source d'inspiration, ce qui après tout est fréquent dans la littérature. Pouvait-il le reconnaître? Sans doute difficilement sans être accusé aussitôt, de plagiat. Mais il aurait pu glisser des pistes indirectes et, dans mon souvenir, il n'y en a aucune. Ce n'est pas du reste devenu un thème commun, comme par exemple le voyage dans le temps.
Bien que le parallèle soit moins évident - encore que - il est clair que Pierre Benoit avait lu Rider Hagard (She, 1887) quoique de façon moins attentive. L'Altantide est de 1919. Cela dit Pierre Benoit s'en est défendu à l'époque dans un article que je n'ai pas lu, le rapprochement ayant été immédiatement fait par la critique.
Et peut-être que Rider Hagard lui a rendu la politesse dans She and Allan (1921). Ce qui serait amusant.
Il serait intéressant de faire un travail systématique sur les sources de Barjavel, et par là sur la généalogie d'un thème, sujet qui me semble d'un grand intérêt. Ainsi Ravages me semble devoir quelque chose au Grand Cataclysme d'Henri Allorge (sauf erreur, je cite de mémoire), Le Voyageur imprudent doit évidemment beaucoup à Wells mais je ne lui en ferai pas reproche. Il n'est pas l'inventeur du paradoxe du grand-père mais ça, il pouvait l'ignorer.
Encore une fois il ne s'agit pas d'incriminer un auteur non négligeable et de plus disparu (ce qui n'aurait guère d'intérêt), mais de repérer dans une perspective de l'histoire des idées des généalogies, des pistes, et de cesser de croire à des générations spontanées, sauf raison forte . Par exemple, il y a un fort parallélisme entre une nouvelle de Greg Egan et le roman de Greg Bear Oblique, mais je pense l'un ou l'autre n'avait pas lu l'autre.
Mon immortalité est provisoire.